Le COSRI et le COST prennent leur marque
Le 10 août, ces deux comités scientifiques se sont réunis avec pour vocation de bâtir pour la fin de l’année 2010 un document stratégique de référence en matière de recherche et d’innovation.
Recherche et Innovation, ça bouge
Au plan national, la loi de réforme sur les universités (LRU) donne plus d’autonomie aux universités. Les organismes scientifiques se spécialisent, s’organise en institut de recherche thématique et s’associent aux universités au travers d’unités mixtes nationales de recherche.
Les universités se rassemblent pour former des pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) en miroir de la décentralisation régionale de l’organisation de la recherche, renforçant ainsi la cohérence des régions, qui s’organisent également au sein de l’Europe.
Les liens entre la recherche publique et privée se renforcent, aboutissant à des pole de compétitivité, des technopoles et des réseaux dont l’objectif est d’accroitre encore l’innovation et la compétitivité des entreprises sur la base la aussi des atouts régionaux. La recherche et l’innovation sont au coeur de la stratégie de l’élaboration des sociétés de demain dites de la connaissance. Ces stratégies se fondent collégialement sur le travail effectué au sein de l’Europe (Stratégie Territoriale de l’innovation), en France (Stratégie Nationale de Recherche et l’innovation), avec sa déclinaison dans les Pays et territoires d’outremer (STRATOM).
En Nouvelle-Calédonie, la réflexion s’organise collégialement.
Fin Avril, le gouvernement et l’Etat ont créé le COSRI-NC (comité de stratégie recherche et innovation) et le COST (Comité scientifique et technologique). Le COSRI est composé du Haut commissaire de la république, du Président du Gouvernement, des Présidents des trois provinces, en association étroite avec Président du Congrès (qui préside le Comité consultatif de la recherche (CCR)). Le COST est formé des représentants des institutions scientifiques, et des décideurs économiques privés et des services des provinces.
L’objectif de ces comités est d’établir pour fin 2010, la base d’une stratégie locale recherche et innovation en fonction des atouts et ressources spécifiques, utile au développement économique, social et culturel de la Nouvelle-Calédonie.
Cette stratégie sera ainsi visible régionalement, et en cohérence avec les grandes orientations nationales, européennes et internationales. Il s’agit de se rassembler pour fonder un continuum « formation supérieure, recherche académique, recherche appliquée, innovation dans les secteurs publics et privés, compétitivité des entreprises »
Entre autres, deux projets forts de cette stratégie sont d’une part le projet de technopole, annoncé lors du discours de politique générale du Président du gouvernement en mars 09, et un projet de PRES inter-institutions scientifiques en réflexion, comme exposés en conseil consultatif de la recherche dans le premier trimestre 010.
La Nouvelle-Calédonie (IRD Nouméa) pilote par ailleurs un réseau de collaboration scientifique et technologique entre l’Europe et les états du Pacifique (PACENET), et un grand observatoire sur l’environnement et la biodiversité (GOPS) est né de la collaboration de 15 institutions scientifiques travaillant dans le Pacifique sud.
Technopole : Lier la recherche publique et la recherche privée, pour aider les entreprises à accroitre l’innovation et la compétitivité et créer de nouvelles entreprises.
Une technopole est une initiative issue d’une réflexion collaborative entre les pouvoirs publics, le monde de l’entreprise et les organismes de recherche, destinée à accroitre la compétitivité du territoire par le biais de l’innovation.
Ainsi à partir de valeurs communes, il se dégage une culture du travail collaboratif, un renforcement du partage de l’information, une cohésion et une solidarité générant le développement de technologies innovantes créatrices d’emplois. Cette dynamique permet l’émergence d’écosystèmes de la connaissance utilisant la matière grise comme matière première. Le processus d’amélioration et de création (innovation) est alors rendu permanent au sein d’un environnement propice à l’ activité de R&D (services dédiés transfert de technologie, incubateur, services juridiques…).
Les domaines d’activité de cette technopole pourraient regrouper (non exhaustif) : 1-Mines/métallurgie, gestion environnement de la mine, 2-Agroalimentaire (agriculture, aquaculture, industrie de transformation), 3-Valorisation des écosystèmes (substances biologiques marines et terrestres…) et biotechnologies, 4-BTP : éco-bâtiments (nouveaux matériaux, ENR, normes…), 5-TIC, Technologies de la mesure et de l’observation, modélisation numérique, image.
Une étude est en cours pour déterminer le degré de pertinence du développement de la technopole sur les domaines d’activités tels qu’énoncés ci-dessus. Le contenu de l’étude portera sur l’opportunité économique et technologique, l’élaboration du profil de services de la technopole, l’évaluation des infrastructures et des moyens humains dédiés.
PRES-Rassembler les acteurs publics
La Nouvelle-Calédonie bénéficie de l’intervention des institutions de recherche et d’enseignement supérieur pluriels, pour la plupart issus d’organismes nationaux. Une réflexion porte actuellement sur la faisabilité d’un Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES), regroupant l’ensemble de chercheurs et enseignant chercheurs présents sur le territoire et orientée vers une entrée par filières.
Le PRES, sera fortement structuré sur un projet scientifique thématique, par exemple : mines et environnement, agronomie et aquaculture durable, écosystèmes marins, écosystèmes terrestres, risque et aléas naturels et anthropiques. Ainsi les acteurs impliqués en Nouvelle-Calédonie dans ces thématiques phares pourraient s’ordonner pour travailler ensemble, tout en gardant les spécificités de chacun des organismes. Une recherche visible forte et décloisonnée, ancrée sur des thématiques d’intérêt mondial, et utile en termes de développement durable local et régional. Les trois piliers des PRES étant principalement 1-les thématiques choisies spécifiques à la région, 2-le développement de l’international en termes de recherche et d’enseignement supérieur, 3-la territorialité, la réflexion à bâtir doit maintenant s’appuyer sur ce triangle de force de façon à accroitre nos compétences dans les secteurs choisis.
Technopole et PRES seraient ainsi fixateurs et attracteurs de compétences, et des moteurs de la formation dans des filières d’avenir et choisies stratégiquement par l’ensemble des acteurs impliqués.
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PACENET : un réseau sciences et technologies dans le Pacifique
PACENET (Pacifique-Europe network) est un projet INCONET (international collaboration network) financé par la CEE, important pour le développement des sciences et technologies sur l’ensemble de la région sud pacifique. Il consiste essentiellement en l’élaboration d’un réseau Europe Pacifique basé non seulement sur des compétences scientifiques mais également sur des relais de collectivités d’outre-mer et des états insulaires de la région.
Le meeting de lancement a été organisé à Nouméa la première semaine de juillet cette année et a été un vif succès, en présence du commissaire européen en charge des dossiers INCONET.
Le réseau de PACENET devra aider à identifier les compétences sur les thématiques et secteurs prioritaires des politiques publiques en la matière, et permettre un lobbying efficace vers la CE en particulier pour obtenir des fonds sur les appels d’offres du 7 (2013) et 8ème Programme Cadre Recherche et Développement sur des actions définies. De plus il permettra d’accroitre les coopérations régionales et ainsi ouvrir davantage les universités et les organismes scientifiques dans le cadre d’échange internationaux sur des thématiques ciblées et d’intérêt pour le développement technologique et économique.
Cette démarche est cohérente avec le renforcement du lobbying fait auprès de la CEE pour développer l’éligibilité aux fonds européens des Pays et Territoires d’Outre-mer dans le cadre des PCRDT (voir article précédent sur le site, séminaire Week of Innovation in Europe, Mars 2010, OCTA).
GOPS : Un observatoire international de la biodiversité et de l’environnement du Pacifique
A l’issue des assises de la recherche dans le Pacifique en Mars 09 à Papeete, les institutions scientifiques françaises travaillant dans le pacifique sud ont décidé de se rassembler pour créer un observatoire de l’environnement et de la biodiversité. Le GOPS est né de cette initiative :
Les thématiques scientifiques du GOPS portent sur :
- les écosystèmes marins avec une forte composante sur les "récifs coralliens, les herbiers et les mangroves" ;
- les écosystèmes terrestres avec une composante majoritaire autour de la flore et de la faune endémiques ;
- la variabilité et le changement climatiques (océan et atmosphère), et leurs conséquences en termes d’évènements extrêmes, de ressources en eau, de modification des conditions environnementales (niveau de la mer, acidification et productivité de l’océan, …) ;
– les aléas naturels hydro climatiques, sismiques (y compris les tsunamis) et volcaniques, et leurs impacts sur les populations et l’environnement;
- l’impact des activités anthropiques passées et présentes sur l’environnement, avec notamment une approche intégrée et comparative de bassins versants et de leurs avals lagonaires et récifaux, soit non, peu ou fortement modifiés par les activités humaines (exploitations minières, pollution, urbanisation, peuplement, etc.) ;
- les relations entre environnement et santé avec des études sur les biotoxines marines et maladies infectieuses transmises par les moustiques (dengue, filariose,…).
- les représentations, pratiques et politiques de la « nature » avec des problématiques portant par exemple sur la relation société/environnement, les savoirs sur la biodiversité et l’environnement, le droit de l’environnement, la conservation,…
L’objectif est d’acquérir des données a long terme sur la connaissance et l’observation des écosystèmes, à différentes échelles, et pour fournir entre autres des outils de gestion publique adaptés aux changements naturels et dus à l’activité de l’homme.