Rencontre avec des femmes qui osent
Dans la dynamique de la Journée internationale de la femme, le vice-rectorat, via son Comité calédonien 3 E (Éducation à l'Égalité à l'École), a organisé pour la première fois en Calédonie la Semaine de l'entrepreneuriat au féminin, en collaboration avec le lycée Lapérouse. Elle s’est achevée par une table ronde intitulée « Bonheurs et complexités d’entreprendre au féminin ». Ambiance.
Témoignages, partage d’expériences, rencontres entre jeunes et femmes chefs d’entreprise, depuis lundi matin la semaine de sensibilisation des lycéens et des étudiants à l'entrepreneuriat au féminin ne chôme pas. « Leadership au féminin », « Fierté d’entreprendre », « Elles ont brisé les stéréotypes », « Manager au féminin », les thèmes des débats s’enchaînent au fil des jours pour quelque 240 élèves de terminale. « Les actions menées dans le cadre de cet événement s’inscrivent dans l’éducation à l’égalité à l’école, explique Véronique Mollot-Lehoullier, déléguée académique à l'action artistique et culturelle du vice-rectorat, référente de la mission “Prévention des discriminations et égalité filles-garçons” et pilote du Comité calédonien 3 E (Éducation à l'Égalité à l'École). Elles ont pour objectif de montrer aux jeunes lycéens la diversité et la richesse de l'entrepreneuriat féminin, d’estomper les stéréotypes et de changer les représentations sur la réussite professionnelle, d’encourager l’initiative et l’esprit d’entreprise, et enfin de contribuer à la construction du projet d’orientation des lycéens ».
« Prenez des risques, les filles ! »
Vendredi matin : la semaine s’achève par une table ronde de deux heures consacrée aux « bonheurs et complexités d’entreprendre au féminin ». Le conservatoire a fait auditorium comble : 340 étudiants de première année des huit sections de BTS du lycée Lapérouse, encadrés par leurs profs. Des jeunes filles en grande majorité. Sur scène, un octet de femmes chefs d’entreprise, créatrices ou gérantes, présidente de syndicat patronal, responsables de structures comme Initiative NC et l’Adie… s’apprêtent à répondre aux questions des jeunes. Membre du gouvernement en charge de l'enseignement, Hélène Iékawé chauffe et encourage l’assistance : « Écoutez bien ce que vous diront ces femmes, elles vont vous parler de choses qui freinent l’ambition, de la difficulté de concilier vie professionnelle et vie privée, mais l’essentiel est d’aller de l’avant, d’oser dépasser le récif calédonien. Prenez des risques, les filles ! Prenez la place des hommes à la tête des entreprises ! Même dans des secteurs comme le BTP ».
Une forte mobilisation
Un chiffre. Si les filles réussissent mieux que les garçons à l’école, seulement 30 % des chefs d’entreprise sont des femmes. Seul homme, ou presque, invité à la table, Jean-Charles Ringard-Flament. Le vice-recteur rappelle que, suite à différents votes des élus du Congrès, la Nouvelle-Calédonie est désormais dotée de tout le cadre réglementaire pour pouvoir rénover son système scolaire et mettre en application un projet éducatif « ayant la volonté de constituer le trait d’union du destin commun de ce pays ». « Mais il n’y aura pas de trait d’union si la discrimination hommes/femmes persiste. »
De son côté, Véronique Mollot-Lehoullier se réjouit de la forte mobilisation entraînée par cette semaine un peu spéciale : « Communauté éducative, partenaires institutionnels, associations… chacun à son niveau, selon ses compétences, contribue à former des jeunes heureux et épanouis, et à parvenir à une réelle prise en compte de l’égalité filles/garçons à l’école ».
Être motivé(e) et passionné(e)
Les questions fusent. Dans leurs réponses, les invitées ne sont pas toujours d’accord entre elles. Tant mieux. « Est-ce qu’une femme peut avoir de l’autorité ? », s’inquiète une étudiante du Lap’. « Viens travailler chez moi et tu verras ! », lui répond Elisabeth Dono, gérante de Goudrocal, provoquant un éclat de rire général.
« J’espère que nous avons pu donner aux jeunes un éclairage sur les difficultés et les bons moments que nous traversons, indique Barbara Vlaeminck, gérante et directrice générale des sociétés Socometal.nc et Metalco.nc. Et pourquoi pas susciter des vocations ». « Nous avons délivré plusieurs messages, mais avons surtout insisté sur le fait qu’ils devaient d’abord savoir ce qu’ils avaient réellement envie de faire, eux ! L’entreprise, ce n’est pas non plus la panacée, il y a des moments difficiles, on se sent souvent seule. Pour se lancer dans l’aventure, il faut vraiment être motivée et passionnée. » Au féminin comme au masculin.
Éducation à l’Egalité à l’École
Initiative du secrétariat d'État chargé des droits des femmes et de l'association 100 000 entrepreneurs, la Semaine nationale de sensibilisation des jeunes à l'entrepreneuriat au féminin fête sa cinquième édition. En Nouvelle-Calédonie, l’événement est relayé pour la première fois grâce au Comité calédonien 3 E (Éducation à l’Egalité à l’École), créé en 2014 à l’intérieur du vice-rectorat. En étroite collaboration avec le secteur de la culture, de la condition féminine et de la citoyenneté du gouvernement, ce comité vise à instaurer une véritable culture de l’égalité au sein des établissements scolaires (intégration de la dimension genre dans le projet d’établissement), mobilisant l’ensemble de la communauté éducative. Des outils sont élaborés et des stratégies mises en place pour sensibiliser les jeunes aux stéréotypes véhiculés dans les sphères privée et publique (école, médias, monde professionnel...) et les aider à les déconstruire.