Porté sur les fonds baptismaux…

Porté sur les fonds baptismaux…

14 décembre 2018

Environnement et énergie

Les membres du comité (sauf le président) accompagnés des représentants de l’État et du gouvernement, et du directeur des Affaires maritimes.

Les membres du comité (sauf le président) accompagnés des représentants de l’État et du gouvernement, et du directeur des Affaires maritimes.

Le comité scientifique du Parc naturel de la mer de Corail a tenu ce mercredi 12 décembre sa première réunion et a élu son président, Gilles Bœuf, sa vice-présidente, Claude Payri, et sa secrétaire, Géraldine Giraudeau. Cette installation constitue la dernière pierre d’une année 2018 particulièrement riche en matière de préservation des océans pour la Nouvelle-Calédonie.

Année internationale des récifs coralliens, 2018 aura également été celle du 10e anniversaire de l’inscription d’une partie de nos récifs au patrimoine mondial de l’Unesco, du classement de récifs pristines du Parc naturel de la mer de Corail en réserves intégrales (7 000 km 2) ou réserves naturelles renforcées (21 000 km2), de l’intégration de la Nouvelle-Calédonie à l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI), de nouveaux engagements de protection (les monts sous-marins au sud-est de la Grande-Terre) plébiscités lors de la conférence « Our Ocean » à Bali, ou encore de la remise de la Palme Ifrecor à Philippe Germain. Une année particulièrement dense, donc, « couronnée » par l’installation du comité scientifique du parc.

Cette première réunion s’est déroulée à la bibliothèque universitaire de l’université (UNC), en visio-conférence avec la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris où se trouvaient le président du gouvernement Philippe Germain et le haut-commissaire de la République Thierry Lataste, co-présidents du comité de gestion du parc, mais aussi le scientifique Gilles Bœuf, « physiologiste environnemental » comme il se décrit, qui, à l’issue de l’élection du bureau, a été désigné par ses pairs président du comité scientifique.

Éclairer, venir en appui, s’engager

« Notre rôle sera de discuter avec le monde géopolitique mais aussi les citoyens, de venir en appui aux questionnements du comité de gestion, mais aussi de nous engager en nous emparant de certaines de ces questions », a aussitôt fait savoir à ses collègues de Nouméa celui qui préside par ailleurs le conseil scientifique de l’Agence française pour la biodiversité, après avoir présidé ceux de l’Ifremer, du Museum national d'histoire naturelle et du Cirad.

Créé le 11 septembre 2018 par arrêté du gouvernement, le comité scientifique du Parc naturel de la mer de Corail a pour missions d’émettre des recommandations à l’attention du comité de gestion dans le but d’orienter le débat scientifique autour de la préservation de la biodiversité,
d’aider au rayonnement du parc ou encore d’attirer la recherche internationale. Ses membres ont été identifiés par le CRESICA (Consortium de coopération pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Nouvelle-Calédonie) comme des spécialistes indépendants reconnus pour leurs compétences scientifiques et leur connaissance des écosystèmes présents au sein du parc.

Ne pas se priver de “fantaisie”

« Je compte sur vous pour que ce comité scientifique soit innovant, dans son fonctionnement, ses recommandations, son assistance, qu’il sorte des sentiers battus, a souhaité Philippe Germain. Il doit orienter la recherche, coordonner les actions, pour que la préservation et la valorisation de notre biodiversité exceptionnelle deviennent une véritable richesse économique ». Première grande étape pour le président, la surveillance du parc. « Sinon les objectifs de préservation resteront vains ! »

Gilles Bœuf travaillant huit jours sur sept (!), c’est la vice-présidente Claude Payri qui, à Nouméa, “tiendra la boutique”. Voici comment elle imagine la tâche qui attend le club des douze : « Éclairer le comité de gestion du parc ainsi que le futur GIP qui assurera la cohésion entre les deux comités, lui faire remonter le fruit des travaux et de la concertation. Mais aussi anticiper, ne pas se priver de fantaisie, se projeter dans ce qui peut se passer demain ou après-demain. L’histoire nous a montré que lorsqu’on n’a pas été assez prudents, on a vécu, et on vit toujours, des catastrophes écologiques ».

Après l’élection du bureau, les experts scientifiques ont poursuivi leurs travaux ce jeudi 13 décembre, avec, à l’ordre du jour, la rédaction et l’adoption d’un règlement intérieur et d’une charte de déontologie, ainsi qu’une réflexion sur la stratégie scientifique du parc.

 

 La première réunion s’est déroulée en visio-conférence avec Paris où se trouvaient Philippe Germain, Thierry Lataste et Gilles Bœuf.

La première réunion s’est déroulée en visio-conférence avec Paris où se trouvaient Philippe Germain, Thierry Lataste et Gilles Bœuf.

 

Le comité scientifique devra éclairer, anticiper et innover.

Le comité scientifique devra éclairer, anticiper et innover.

 

Les douze scientifiques

Président : Gilles Bœuf, professeur à l’université Pierre et Marie Curie, Sorbonne, spécialiste de la biodiversité, la conservation et la valorisation du monde marin, président du conseil scientifique de l’AFB, a travaillé vingt ans à l’Ifremer, basé en France.

Gilles Boeuf

 

- Vice-présidente : Claude Payri, directrice à l’IRD de l’unité mixte de recherche Entropie qui travaille sur les écosystèmes coralliens, spécialiste des algues (« phycologue »).

Claude Payri

 

- Secrétaire : Géraldine Giraudeau, agrégée de droit, professeure à l’UNC, spécialiste de droit international, des questions territoriales, du droit de la mer, d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles, en hydrocarbures…

Geraldine Giraudeau

 

- Membres : Pascal Dumas, géographe, chercheur à l’UNC, travaille sur la vulnérabilité insulaire - suivi géomorphologique des îlots, érosion côtière… ; Geoffroy Lamarche, géophysicien marin de formation, professeur associé à l’université d’Auckland, spécialiste du fond des océans et de cartographie marine, basé en Nouvelle-Zélande depuis trente ans ; Christophe Menkes, directeur de recherche à l’IRD, climatologue, physicien de l’océan et de l’atmosphère, mène des travaux relatifs aux impacts du changement climatique sur les écosystèmes ; Daniel Pauly, professeur halieutique à l’université de Vancouver, connu pour la qualité de son expertise sur l’effet de la pêche sur les écosystèmes, basé au Canada ; Bernard Pelletier, géologue, directeur de recherche à l’IRD, spécialiste des fonds marins, notamment de tectonique du sous-sol calédonien et d’acoustique ; Bertrand Richer de Forges, ancien chercheur de l’IRD, a consacré de nombreuses recherches aux faunes benthiques et à celles qui vivent sur les monts sous-marins ; Emmanuel Tjibaou, directeur du centre culturel Tjibaou, apportera son expertise aux travaux du comité sur les aspects culturels, patrimoniaux et historiques ; Éric Vidal, directeur de recherche à l’IRD, écologue terrestre et animal, travaille sur l’invasion biologique, les crises de biodiversité, les oiseaux marins… ; Laurent Wantiez, maître de conférences en écologie marine à l’UNC, spécialisé sur la dynamique spatiale et temporelle des récifs coralliens qu’il suit depuis vingt-cinq ans.

Objectif TIGA
Fin avril 2019, le gouvernement déposera auprès de l’État un dossier de candidature au programme TIGA – Territoire innovant de grandes ambitions (TIGA) – doté d’une enveloppe globale de 450 millions d’euros (54 milliards de FCFP) pour une vingtaine de projets lauréats. Intitulé  « Le parc de la mer de Corail, ou comment faire de la biodiversité un moteur de croissance dans le Pacifique », ce dossier repose sur cinq piliers. Un hot spot de la recherche internationale pour mieux connaître, protéger et optimiser les retombées économiques ; un pôle d’excellence pour l’innovation afin d’observer, surveiller et sécuriser le parc ; un laboratoire de développement de l’économie bleue s’appuyant sur la recherche et l’innovation ; un lieu emblématique de l’histoire et de la culture des habitants du pays, dont la mer est le point commun ; un modèle régional de préservation et de valorisation des richesses de l’océan, mutualisable avec nos voisins. Autant d’axes qui permettront de développer une véritable technopôle dédiée à la mer. Elle serait installée à Nouville, près de l’université.

 

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