Salon vert, jaune ou rouge pour les tatoueurs

Salon vert, jaune ou rouge pour les tatoueurs

15 juin 2017

Santé et social Société

Salon vert, jaune ou rouge pour les tatoueurs

Afin d’informer et de protéger la population calédonienne, la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS) mettra prochainement en ligne la liste des professionnels exerçant des activités de tatouage, maquillage permanent ou piercing, en règle avec leur déclaration. Elle notera chaque salon en fonction des résultats des inspections en cours : vert pour des conditions sanitaires favorables, jaune si elles restent à améliorer, rouge lorsqu’elles sont mauvaises.

Accompagner les pros du tatoo et mieux informer la population sur les risques encourus, tels sont les objectifs principaux de l’action menée actuellement par les services de la DASS. « Nous avons constaté que de nombreuses personnes se faisaient tatouer chez des gens qui exercent n’importe où, comme dans leur salle de bain, en pensant que cela ne présentait aucun danger », indique Hélène Cappadoro, juriste de l’Inspection de la pharmacie, à la DASS.

Alors, pour protéger cette clientèle, tout en encourageant les professionnels à améliorer leur pratique, quatre agents mènent depuis un mois et demi des inspections inopinées dans les salons. Ils vérifient si les conditions sanitaires exigées pour ce type d’activités sont respectées. Ils effectuent des prélèvements sur tout ce qui fait l’environnement du tatoueur, comme sa table de travail, s’assurent que les spécialistes du dessin sur peau se servent d’instruments à usage unique ou stérilisés à l’autoclave. « Nous nous sommes rendu compte par exemple que très souvent la date d’ouverture n’était pas mentionnée sur les flacons d’encre » (entamé, le produit doit être utilisé dans un délai de six mois), poursuit la juriste.

Une étude de la DASS montre que de très nombreux cas d’hépatite font suite à un tatouage. Mais d’autres pathologies peuvent apparaître, comme des infections fongiques qui se manifestent par un tatouage purulent. Des complications très souvent passées sous silence par les clients.

Bientôt une campagne préventive

Autant de raisons de conduire ces inspections qui se poursuivront jusqu’à septembre. « Lorsque suffisamment de professionnels seront référencés dans notre base de données, nous pourrons mettre en ligne la liste des personnes déclarées, sur www.dass.gouv.nc », explique Hélène Cappadoro. Pour Philippe Germain, « cette liste permettra d’assurer un suivi de l’hygiène et de la salubrité des établissements, et d’indiquer aux Calédoniens ceux qui répondent aux règles nécessaires pour exercer cette activité ». Chaque salon sera “étiqueté”, via un code couleur : vert, jaune ou rouge, selon le résultat de l’inspection. Les structures qui se verront infliger un “carton rouge” prendront le risque de perdre leur clientèle. Voire, si certaines mauvaises manières devaient perdurer, de s’exposer dans un second temps à la saisie de leur matériel ou à la fermeture de l’établissement.

La DASS doublera ce “classement” d’une campagne préventive consacrée aux risques encourus en se faisant tatouer dans de mauvaises conditions sanitaires. Des prospectus seront ainsi distribués chez les patentés du tatouage ou du piercing, ainsi que dans les salles d’attente médicales. De quoi satisfaire les professionnels consciencieux qui voient d’un mauvais œil le comportement peu scrupuleux de certains “collègues” nuire à leur crédibilité.

 

Les règles à respecter

Selon la règlementation en vigueur depuis le 1er juillet 2016 qui, selon les mots du président du gouvernement, constitue « une veille sur la profession », les spécialistes du tatouage doivent déclarer leur activité auprès de la DASS (attestation à réactualiser chaque année) et suivre une formation initiale de trois jours en hygiène et salubrité. Deux organismes agréés par le gouvernement dispensent cette formation payante : le Centre de formation de l’artisanat (CFA) et l’Institut de formation des professions sanitaires et sociales (IFPSS). Y sont, entre autres, enseignés les gestes de base : se laver les mains, mettre des gants, recouvrir le fauteuil d’un champ à usage unique, désinfecter les instruments, etc. Enfin, les locaux professionnels doivent respecter un certain nombre de règles : utilisation d’une salle dédiée, sols et mobilier lessivables et non poreux, interdiction d’accès aux animaux…

 

73 professionnels déclarés

Ils sont 73 professionnels à s’être déclarés à ce jour auprès de la DASS. Parmi eux, 59 ont reçu la formation adéquate en hygiène et salubrité pour le perçage du lobe de l’oreille (17), la pratique du maquillage permanent (12), le piercing (9) et le tatouage (32). Difficile d’évaluer le nombre de personnes exerçant “clandestinement”. Peut-être une vingtaine.