Une campagne pour éradiquer la filariose à Ouvéa
Une campagne de traitement contre la filariose lymphatique sera lancée du 3 au 15 octobre à Ouvéa, où plusieurs cas ont été détectés. Celle-ci a été présentée le mardi 13 septembre lors d’un point presse animé par la direction des Affaires sanitaires et sociales (Dass) de la Nouvelle-Calédonie.
C’est une maladie peu connue et négligée qui est aujourd’hui dans le collimateur de la Dass. La filariose de Bancroft ou filariose lymphatique, provoquée par un ver parasite (Wuchereria bancrofti), touche les êtres humains, principalement dans les zones tropicales et subtropicales. Cette parasitose est présente à Ouvéa, comme l’a démontré une campagne de dépistage menée sur tout le territoire en 2018. Elle a permis d’y détecter onze cas.
À la suite de ces résultats, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en accord avec la Dass et la direction de l’Action communautaire et de l’action sanitaire (DACAS) de la province des Îles, a recommandé de mettre en place un traitement de l’ensemble de la population de l’île, ce qui représente environ 3 265 personnes. « Nous allons essayer de traiter toute la population afin d'éradiquer cette parasitose en Nouvelle-Calédonie », a assuré le docteur Anne Pfannstiel, médecin de prévention à la Dass.
Comment attrape-t-on la filariose ?
La filariose lymphatique est transmise par des moustiques vecteurs. Les insectes ingèrent des microfilaires (petits vers) en piquant une personne infectée. Chez le moustique, les microfilaires se transforment en de minuscules larves qui infecteront la prochaine personne qu’il piquera.
Les larves vont ensuite migrer vers le système lymphatique de cette personne et devenir adultes. Ces adultes vont se reproduire pour donner de nouvelles microfilaires qui passeront dans le sang et iront infecter d’autres personnes par l’intermédiaire des moustiques.
Un traitement par trithérapie
La campagne de traitement qui sera lancée à Ouvéa consistera en une prise annuelle à grande échelle d’une trithérapie par comprimés. « Le traitement consiste en trois médicaments, des antiparasitaires couramment employés, a expliqué le docteur Anne Pfannstiel. L’un d’entre eux est, par exemple, utilisé pour traiter la gale. Un autre agit contre les parasites intestinaux. »
Pour être totalement efficace, le traitement doit être pris à la même période, par l’ensemble de la population d’Ouvéa et devra être renouvelé en octobre 2023. Une nouvelle enquête sera effectuée deux ans après la fin du deuxième traitement pour voir si la maladie a été éradiquée.
Deux semaines de distribution
La campagne se tiendra du 3 au 15 octobre. Durant cette période, des points de distribution de comprimés seront installés aussi bien dans les établissements scolaires (pendant la première semaine) que dans les tribus, les structures de santé, ou certains lieux publics (pendant la deuxième semaine).
Le personnel médical ou paramédical présent sur le terrain assurera un suivi au moment du traitement et une information sera délivrée à la population lors de la prise des comprimés afin de prévenir des éventuels effets indésirables, qui restent peu fréquents. « Comme tous médicaments, il peut y avoir des effets secondaires immédiats, comme des nausées ou des céphalées, a précisé le médecin de prévention de la Dass. Il faut donc ne pas avoir le ventre vide en prenant le traitement pour essayer de les minimiser. On peut avoir des effets secondaires plus tardifs, dans les deux à trois jours, comme notamment des sensations de grattage, de la fièvre, des gonflements, ou des céphalées. Cela veut dire que la personne est probablement infectée par des microfilaires et que c'est une bonne chose qu'elle soit sous traitement. »
Les symptômes de la filariose
La plupart des personnes infectées par la filariose sont, dans un premier temps, asymptomatiques. Les symptômes ne surviennent qu’après plusieurs années. Parmi eux : l’éléphantiasis (gonflement d’une ou plusieurs extrémités comme les bras, les jambes ou les organes génitaux) ou une atteinte pulmonaire.
Ces gonflements sont irréversibles et provoquent un handicap et une incapacité à effectuer des activités de la vie quotidienne.