L’activité physique au profit de la santé
Près de 100 personnes ont participé à la conférence sport santé bien-être organisée par le gouvernement le 13 septembre au Centre international sport et expertise (CISE) à Koutio. Avec en temps forts, l’intervention de la professeure Martine Duclos, spécialiste des questions d’activité physique et de santé, et la présentation du futurs parcours sport-santé qui s’inscrit dans le plan de santé Do Kamo et le plan stratégique de la pratique sportive en Nouvelle-Calédonie.
Un peu plus de 67 % de la population adulte en surcharge pondérale et 49 000 personnes prises en charge par la Cafat en longue maladie – pour un coût de 66 milliards de francs – principalement pour des pathologies cardiovasculaires, du diabète ou un cancer. En parallèle, la Nouvelle-Calédonie consacre 98 % de ses ressources financières de santé aux soins curatifs. L’objectif du plan Do Kamo est d’inverser la tendance, en particulier par le développement de l’activité physique. « C’est un pilier majeur de la lutte contre les maladies non transmissibles. Il faut renforcer la prévention dans tous les parcours et les espaces de vie de l’individu, affirme Valentine Eurisouké, en charge de la mise en œuvre du plan de santé calédonien au gouvernement. Des travaux ont été lancés pour l’élaboration de parcours sport-santé. Ce projet important nécessite un besoin d’expertise. » Celle-ci a été trouvée en la personne du professeure Martine Duclos, chef du service de médecine du sport et des explorations fonctionnelles du CHU de Clermont-Ferrand, qui mène notamment des travaux de recherche sur les relations entre activité physique et métabolisme.
Enjeux de santé et socio-économiques
Avant son intervention très attendue, l’assistance – composée pour l’essentiel d’acteurs du sport, de la santé et de porteurs de projets dans le domaine – a été invitée à participer à un "battle" de données. L’activité physique, est-ce la même chose que le sport ? Est-ce que le ménage, la marche ou la conduite automobile est une activité physique ? Qu’est-ce qui tue le plus entre la famine, l’insuffisance d’activité physique ou le tabagisme ? (réponses en bas) Une dizaine de questions ont été posées à l’assemblée qui a participé avec enthousiasme… et s’est parfois trompée ! Pour Martine Duclos, la population calédonienne, comme dans tous les pays occidentaux, est malade de son mode de vie sédentaire et mécanisé à outrance. « L’activité physique est le médicament. C'est le meilleur moyen d'éviter les pathologies chroniques. Avec l'alimentation, elle peut prévenir près de 80 % des maladies cardiovasculaires. Trente minutes d’activité physique modérée par jour permettent de diminuer le risque de mortalité précoce de 30 %, rappelle la spécialiste. Le message est clair : bougez-vous ! Les enjeux économiques sont aussi essentiels. Le coût de l’inactivité physique représente 1 % du PIB des pays occidentaux », ajoute l’experte. Parmi les participants, Olivier Ducasse est responsable de l’enseignement au club de tennis de l’Olympique qui propose déjà des activités sport-santé pour les seniors et les personnes atteintes d’un cancer : « Notre objectif est de s’impliquer davantage dans ce domaine. Cette journée va nous permettre d’avoir une formation plus approfondie, de rencontrer les acteurs du sport-santé et découvrir les grandes orientations pour son développement ».
Le parcours sport-santé décrypté
Promotion de l'activité physique oblige, le public a été invité à bouger après cette première intervention ! La suite du programme était consacrée à la présentation de la stratégie calédonienne de sport-santé. Cette journée de conférence en constituait la deuxième grande étape après la tenue d'une de formation de formateurs « Devenir intervenant pour les formations sport-santé » qui s'est achevée le 6 septembre (lire l'encadré). D'ici à fin 2020, l'idée est d'expérimenter le parcours sport-santé qui se décline en trois volets. Si le premier vise à assurer la promotion de l'activité physique auprès de la population qui n'en pratique aucune, les deux suivants devront être prescrits par un médecin dans le cadre d'une visite ou d'un suivi médical. Ainsi, le parcours B s'adresse aux personnes qui présentent des facteurs de risques comme l'obésité. « La pratique d'activité physique, prise en charge par un encadrant agréé, aura pour objectif de limiter les risques d'apparition de pathologies. Le parcours C, quant à lui, permettra de prescrire une activité physique adaptée aux personnes atteintes de maladies chroniques pour mieux prendre en charge la maladie, améliorer la qualité de vie et diminuer le risque de récidive », détaille le Dr Sébastien Mabon de l’équipe Do Kamo. Pendant la conférence, des ateliers ont permis de "faire vivre" ce futur parcours avant son déploiement sur le terrain. « La feuille de route de notre gouvernement et de ses partenaires, ligues et comités sportifs, est de faire en sorte que davantage de personnes puissent pratiquer une activité physique adaptée à ses capacités, insiste Jean-Pierre Djaïwé, membre du gouvernement en charge des sports. C’est le défi qu’il faut se lancer aujourd’hui ».
Question 1 : non ; question 2 : oui pour le ménage et la marche, non pour la conduite automobile ; question 3 : l’inactivité physique.
Première formation de formateurs sport-santé
Près de 70 personnes ont suivi, du 19 août au 6 septembre, un séminaire de formation qui vise à développer un réseau de professionnels favorisant la prescription d'activités physiques et sportives par les médecins ainsi que la prise en charge des patients par des éducateurs sportifs compétents pour appliquer la prescription. Cette formation, organisée par le gouvernement, concernait en priorité les professionnels de santé, les encadrants d’activités physiques et sportives et les porteurs de projet sport-santé qui ont pu participer aux ateliers programmés à leur intention sur des thématiques comme les enjeux de santé, le repérage et l’orientation ; l’encadrement de l’activité physique et sportive (APS) sur prescription ou encore la conduite de projets sport-santé.