Le Sivap veille aux grains

Le Sivap veille aux grains

17 mars 2017

Environnement et énergie Santé et social Agriculture Société

Un joli butin saisi aux frontières.

Un joli butin saisi aux frontières.

Début mars, trois personnes en provenance des Philippines, dont au moins deux professionnels de l’agriculture, étaient interceptées par le Sivap à leur arrivée à Tontouta. Elles transportaient des graines, des plants, des greffons et des fruits frais en quantité importante. Des importations frauduleuses pour lesquelles elles encourent des amendes pouvant aller jusqu’à 180 000 francs par produit. Rappel des règles en vigueur.

En provenance des Philippines via Brisbane, ces trois personnes dissimulaient la marchandise interdite dans leurs bagages et les habits qu’elles portaient, et aucune d’elles n’avait déclaré les produits végétaux incriminés. Il semble que graines, plants et autres greffons étaient destinés à créer une collection avant mise en culture et éventuelle diffusion. « Ces infractions sont d’autant plus graves qu’elles ont été perpétrées par des professionnels parfaitement au courant des risques et des conséquences de tels actes », s’émeut Valérie Campos, chef du Service d’inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire (Sivap). Des procès-verbaux ont été dressés. Les contrevenants encourent de lourdes peines d’amende.

Chaque année, environ 20 000 bagages sont fouillés à la Tontouta et 3 000 saisies sont enregistrées aux frontières internationales de la Nouvelle-Calédonie (Tontouta, Port autonome et colis postaux). Le Sivap veille au grain. Chargés du contrôle sanitaire aux frontières, ses agents s’assurent au quotidien que les produits importés, notamment d’origine animale ou végétale, répondent aux conditions fixées par la réglementation. Mais que dit celle-ci ?

La liste des produits interdits

Première chose à savoir : tout n’est pas interdit, beaucoup de produits sont autorisés, pour certains selon certaines conditions. Toutes les précisions sont disponibles sur le site de la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (Davar), notamment pour les particuliers : http://www.davar.gouv.nc/portal/page/portal/davar/importations. « Nous travaillons actuellement avec l’ensemble du monde agricole, les provinces, la Chambre d’agriculture… à une plus grande cohérence des conditions d’importation », précise Valérie Campos.

Deuxième point à retenir : ne pas déclarer un produit est une infraction (fausse déclaration) qui peut entraîner la saisie de la marchandise, même si celle-ci est autorisée. À ce titre, il est important de rappeler aux voyageurs débarquant en avion qu’il leur faut remplir correctement le formulaire de déclaration.

Renforcer la dissuasion

Troisième règle à connaître : la saisie de marchandises peut entraîner la rédaction d’un procès-verbal de constatation qui sera remis au procureur. Les infractions sont passibles d’une amende pouvant atteindre 180 000 francs par produit importé illégalement. « Les sanctions ne sont pas suffisamment dissuasives, estime la chef du Sivap. Il faudrait, selon les cas, des amendes exemplaires ». Très prochainement, et à la demande du Parquet, un système de “transaction pénale” sera instauré. Objectif, permettre un traitement plus rapide des infractions les moins lourdes, pendant que les entorses au règlement les plus sévères, comme celles des trois fraudeurs de Tontouta, se terminent, elles, au tribunal.

L’exemple du Bunchy Top

Rappelons que les conditions de restriction d’importation de certains produits visent à protéger la Nouvelle-Calédonie de l’introduction de certaines pestes qui, si elles devaient être introduites, pourraient causer des dégâts dramatiques à la production agricole locale. Les équipes du Sivap sont donc garantes de la protection environnementale de l’archipel et, par conséquent, du développement économique de filières indispensables à l’amélioration de notre autosuffisance alimentaire. « Les voyageurs n’ont pas forcément conscience des risques qu’ils font courir à la Nouvelle-Calédonie, poursuit Valérie Campos. Pourtant, ici, lorsqu’on fait entrer un ravageur ou une maladie, il est très difficile de s’en débarrasser ». Le Bunchy Top, introduit en 1999 par des rejets de bananiers fortement suspectés de provenir de Wallis-et-Futuna, en a hélas fourni la meilleure preuve.

 
Pour toute question :
Inspection voie aérienne – Tél. : 35 12 69 ou 77 19 34, davar.sivap-iva@gouv.nc
Inspection voies maritimes et postales – Tél. : 24 37 45, davar.sivap-ivmp@gouv.nc

 

Des plants de « Nelumbo nucifera », plus connu sous le nom de Lotus sacré.

Des plants de « Nelumbo nucifera », plus connu sous le nom de Lotus sacré.

 

 

 

 

 

Un risque de désastre environnemental et économique

Les professionnels de l’agriculture attrapés à Tontouta ont manifesté une attitude d’autant plus irresponsable que les Philippines abritent de très graves maladies et de nombreux ravageurs des espèces fruitières tropicales. Ainsi, les fruits frais interceptés pouvaient contenir des œufs ou des stades immatures d’espèces de mouches des fruits non présentes en Calédonie, comme par exemple Bactrocera dorsalis, la mouche orientale des fruits, l’une des plus dangereuses au monde. Si cette espèce était introduite, la tentative d’éradication coûterait une centaine de millions de francs. Et si elle venait à s’installer sur le territoire, elle pourrait entraîner jusqu’à 600 millions de perte annuelle pour les filières de production fruitière*.

De leur côté, les greffons d’agrumes peuvent véhiculer le chancre citrique et le greening, très graves maladies bactériennes de dégénérescence, elles aussi absentes de Calédonie. L’introduction de ces maladies et ravageurs entraînerait la destruction des vergers et productions fruitières locales, et provoquerait un véritable désastre économique.

* L’éradication, début 2015 dans la région d’Auckland en Nouvelle-Zélande, de treize mouches des fruits a coûté la somme exorbitante d’un milliard de francs !

 

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Une section à Tontouta, une autre au Port autonome

Au sein de la Davar, la mission de contrôle sanitaire aux frontières revient au pôle biosécurité du Sivap. Celui-ci est organisé en quatre sections, dont deux d’inspection aux frontières. Basée à Tontouta avec treize agents et deux chiens présents sept jours sur sept de 7 h à 0 h 30, la section « inspection voie aérienne » contrôle les passagers, le fret alimentaire et végétal (produits laitiers, fruits, fleurs, etc.) et les animaux placés en quarantaine à destination tels que les poissons d’aquarium. Positionnée au Port autonome avec huit agents et deux chiens, la section « inspection voies maritimes et postales » assure le contrôle des ports et des colis au centre des colis postaux. En parallèle du travail d’amélioration du dispositif en termes de dissuasion, le Sivap réfléchit aujourd’hui à un projet de tarification de certains actes, comme le nettoyage, à l’arrivée des voyageurs, des tentes de camping sales ou des chaussures de sport crottées.

 

 

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