Défense et citoyenneté en prison

Défense et citoyenneté en prison

18 mars 2017

Éducation et formation Jeunesse et sports

De gauche à droite, Régis Baudouin, directeur du Camp-Est, Christiane Tétu-Wolff, directrice de la DPJEJ, Éric Plantecoste, directeur du CSN, et Frédéric Subileau, directeur du SPIP.

De gauche à droite, Régis Baudouin, directeur du Camp-Est, Christiane Tétu-Wolff, directrice de la DPJEJ, Éric Plantecoste, directeur du CSN, et Frédéric Subileau, directeur du SPIP.

Une convention relative au déroulement de la Journée défense et citoyenneté (JDC) en milieu pénitentiaire a été signée ce vendredi 17 mars, à la caserne Gally-Passebosc. Son objectif : permettre aux détenus mineurs et jeunes majeurs d'accéder eux aussi à un parcours citoyen. La première JDC devrait se dérouler début mai, au Camp-Est. 

La convention a été signée par le gouvernement représenté par la direction de la Protection judiciaire de l'enfance et de la jeunesse (DPJEJ), le ministère de la Défense à travers le Centre du service national (CSN), et l'administration pénitentiaire – Camp-Est et Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP). Elle prévoit une “mobilisation générale” pour informer les détenus et leurs familles de l’organisation de Journées défense et citoyenneté (JDC), soit dans le cadre d’une permission de sortie pour ceux suivis par la DPJEJ (mineurs) et le SPIP (jeunes majeurs), soit à l’intérieur du centre pénitentiaire.

Il ne s’agit pas d’une première en Calédonie. Des JDC ont déjà eu lieu au Camp-Est, mais de façon ponctuelle. Une en 2011, une autre en 2012. Depuis, plus rien. Cette convention tend à formaliser et encadrer le dispositif. « Journée de sensibilisation à l’institution militaire, la JDC constitue la troisième et dernière partie du parcours citoyen, rappelle le Lieutenant-Colonel Éric Plantecoste, directeur du CSN. Nous convoquons 100 % des jeunes recensés, à partir de 17 ans et demi ». Tous n’y participent pas. Loin de là. Les retardataires finissent pourtant par s’inscrire, souvent pour la même et bonne raison : le certificat délivré à l’issue de la JDC est nécessaire, jusqu’à 25 ans, pour se présenter à un examen et… au permis de conduire. Si en Métropole, les jeunes se tournent assez spontanément vers le CSN, ici c’est l’inverse. Doté de 22 antennes disséminées sur le territoire, le CSN va les chercher. Et une personne recrutée dans le cadre du Service civique assure le suivi.

Privés de libertés, pas de droits et devoirs

« Le gouvernement est très heureux de signer cette convention, se réjouit Christiane Tétu-Wolff, directrice de la DPJEJ. Elle offre à notre public, très vulnérable, la possibilité de s’engager dans un parcours citoyen à travers un dispositif de droit commun. C’est par ce genre d’initiatives que les mineurs se sentent valorisés et qu’à partir de là, ils peuvent se reconstruire ».

« On travaille de mieux en mieux tous ensemble, confirme Frédéric Subileau, directeur du SPIP.  En faisant en sorte que le temps d’incarcération ne soit pas du temps perdu, et en donnant aux jeunes majeurs quelques outils pour préparer la sortie ». Directeur du Camp-Est, Régis Baudouin insiste : « L’incarcération est une privation des libertés, mais pas des droits et des devoirs. N’importe quel jeune est d’abord un citoyen. Par ce type d’actions, liées à la citoyenneté, peut-être réussira-t-on à en sauver quelques-uns ».

 

 

La JDC en détails

Depuis 1997 et la suspension du service national obligatoire, tous les jeunes Français sont soumis à un « parcours de citoyenneté ». Celui-ci comprend trois étapes : l’enseignement de la défense, dispensé en classes de 3e et 1re ; le recensement, dès l’âge de 16 ans à la mairie de son domicile ; et la JDC, qu’on appelait JAPD (Journée d’appel de préparation à la défense) jusqu’en 2011, et, il y a bien longtemps, « les trois jours », créés en 1966. La JDC sensibilise à la dangerosité du monde, à la façon dont la France prépare sa défense et au rôle que tout jeune peut jouer dans ce processus. S’y ajoutent deux volets civiques : le droit à la formation et à l’information, ainsi que la sécurité routière, deux modules strictement adaptés à la Nouvelle-Calédonie. Enfin, un « test d’évaluation des acquis fondamentaux de la langue française » permet de détecter les personnes en difficultés de lecture : 10 % en France métropolitaine, 30 % ici. Environ 5 000 jeunes participent chaque année aux JDC, au nombre de 121 en 2016, dont 60 % se sont déroulées à Nouméa.

 

L’objectif de la JDC est également de contribuer au recrutement dans les armées.

L’objectif de la JDC est également de contribuer au recrutement dans les armées.

 

 

 

 

Les missions du CSN

- Favoriser le recensement des jeunes, garçons et filles.

- Mener des missions d’information sur le parcours de citoyenneté auprès des communes, de l’Éducation nationale…

- Organiser le déroulement des JDC chaque année en Calédonie, ainsi qu’à Wallis-et-Futuna, puis assurer le suivi des sessions à travers des bilans d’activités.

- Participer à la lutte contre l’illettrisme en orientant les jeunes en difficultés de lecture vers les organismes d’aide à l’insertion (MIJ, vice-rectorat…).

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