Un plan d’actions « eau potable » pour l’île des Pins

Un plan d’actions « eau potable » pour l’île des Pins

21 février 2017

Société

La réunion s’est tenue en présence du sénateur-maire de l’île des Pins, de conseillers municipaux, des autorités coutumières, d’hôteliers et de responsables médicaux de l’île.

La réunion s’est tenue en présence du sénateur-maire de l’île des Pins, de conseillers municipaux, des autorités coutumières, d’hôteliers et de responsables médicaux de l’île.

Une délégation du gouvernement s’est rendue à l’île des Pins, le 16 février, pour animer une réunion d’information à la mairie de la commune. Elle portait sur le plan d’actions et d’études à mettre en place pour remédier aux taux élevés de nickel relevés dans l’eau de consommation de l’île.

 

« L’île des Pins n’est pas seule. Le gouvernement essayera d’apporter les solutions qu’il convient pour résoudre ses difficultés afin de maintenir ce lieu merveilleux tel qu’il est », a déclaré le secrétaire général du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Alain Marc.

En effet, depuis le mois de mai 2016, des analyses ont montré, sur deux captages en eau de l’île des Pins (Tokoin et Wetere), des concentrations en nickel dépassant le seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui est fixé à 70 µg/l (microgrammes par litre) dans les eaux de boisson. Si à ce jour, aucune conséquence sanitaire n’a été constatée à l’île des Pins, la consommation d’une eau chargée en nickel à long terme peut engendrer des symptômes allergiques et, plus grave, des dysfonctionnements respiratoires et rénaux.

Des incendies trop nombreux pour une ressource faible

D’après les investigations menées (voir encadré), la cause probable de cette présence de nickel dans l’eau serait les incendies qui ont sévi sur l’île en novembre 2015 (139 hectares partis en fumée), septembre 2016 (1 495 ha) et janvier 2017 (281 ha). En détruisant la couverture végétale, les feux érodent les sols qui, mis à nu, ne jouent plus leur rôle de filtration de l’eau. Les bassins versants affectés perdent progressivement leur qualité et leur capacité de stockage des eaux. Ainsi, les fortes teneurs en nickel relevées pourraient s’expliquer par le lessivage des terres brûlées. Impossible, dès lors, d’estimer combien de temps encore la contamination de l’eau durera.

À cela s’ajoute le volume de la ressource disponible pour une population grandissante : les captages non impactés ne suffiraient pas à alimenter tout le réseau, rendant impossible la simple fermeture des captages contaminés. La filtration ne permettrait pas non plus de purifier l’eau, le nickel étant dissout dans celle-ci.

 

 

La zone en amont du captage Tokoin, dévastée par le feu.

La zone en amont du captage Tokoin, dévastée par le feu.

 

Court, moyen et long terme

Face à ces difficultés, et compte-tenu de la répartition des compétences en matière d’eau (voir encadré), la municipalité s’est engagée à mettre en place un suivi mensuel des ressources et à isoler une partie du réseau pour circonscrire le problème dans la zone de Kuto. Là, les habitants, commerces, hôtels, etc. ne doivent plus consommer l’eau du robinet pour la boisson et la cuisine (eaux de cuisson et de lavage des aliments). Environ douze cuves approvisionnées quotidiennement en eau consommable (transportée par camions citernes depuis les captages de l’île non impactés par le nickel) seront mises à leur disposition. L’utilisation de l’eau du robinet à des fins domestiques (vaisselle, sanitaires, douches, arrosage du jardin, ménage, etc.) est sans danger.

Optimiser la ressource

En parallèle de ces mesures de précaution, la mairie va s’équiper d’un nouveau matériel pour renforcer la capacité de pompage du captage sain de Kodjeue afin de desservir la zone de Kuto en eau potable.

De nouvelles ressources seront recherchées (réactivation de captages anciens, nouveaux forages, etc.) et des efforts seront faits pour lutter contre le gaspillage et les incendies, et pour améliorer le rendement du réseau (recherche de fuites).

À l’image des 30 communes calédoniennes qui en sont déjà dotées, l’île des Pins pourrait s’engager dans la réalisation d’un plan de sécurité sanitaire des eaux de consommation, pris en charge par le gouvernement.

Enfin, à long terme, des études seront menées sur les conséquences de l’exposition humaine aux métaux et sur l’impact des feux de forêt (notamment les pinus) sur la concentration en nickel de l’eau.

 

Le sénateur-maire de l’île des Pins, Hilarion Vendégou, aux côtés de la délégation du gouvernement composée de représentants de la DAVAR, de la DASS, de la DSCGR et conduite par le secrétaire général, Alain Marc.

Le sénateur-maire de l’île des Pins, Hilarion Vendégou, aux côtés de la délégation du gouvernement composée de représentants de la DAVAR, de la DASS, de la DSCGR et conduite par le secrétaire général, Alain Marc.

 

 

Dates clés

  • Mai 2016 : l’Institution de gestion sociale des armées (IGESA), centre des forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) basé à Kuto, informe la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS) sur les fortes teneurs en nickel observées au niveau du réseau de distribution.
  • Juin, novembre, décembre 2016 et janvier 2017 : la DASS, la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR), la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR) et la direction de l’Industrie, des mines et de l’énergie (DIMENC) procèdent à des investigations de terrain et à quatre campagnes d’analyse de l’eau pour observer l’évolution de la teneur en nickel sur différents points du réseau.

 

L’eau, une compétence partagée

  • Les communes sont compétentes pour la salubrité publique et la sécurité publique (au titre de la police administrative, en cas d’inondation ou de pollution, notamment) et pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement, qui sont des services publics communaux.
  • L’État est compétent pour la salubrité publique et la sécurité publique, en cas de carence du maire.
  • La Nouvelle-Calédonie est compétente en matière d’hygiène publique et de santé, de préservation et de suivi de la ressource en eau, de gestion du domaine public fluvial et de sécurité civile.
  • Les provinces sont compétentes pour la protection de l’environnement, la prévention des pollutions et des risques, la gestion de la ressource en eau par délégation, la gestion des centres médicosociaux et la prévention des patients.

 

Sur le même sujet