Sport pour tous en action

Sport pour tous en action

24 mai 2019

Jeunesse et sports

À Thio, un éducateur sportif organise des activités de sport loisirs sur les temps périscolaires et extra-scolaires dans le cadre du programme « Sport pour tous ».

À Thio, un éducateur sportif organise des activités de sport loisirs sur les temps périscolaires et extra-scolaires dans le cadre du programme « Sport pour tous ».

Le programme « Sport pour tous » poursuit sur sa lancée en 2019. Grâce à ce dispositif, dont le principal financeur est le gouvernement, des éducateurs sportifs ont déjà été recrutés dans onze communes et les effectifs vont encore augmenter. Rencontre avec l’un d’eux, Poggi Enoka, qui œuvre à Thio pour les jeunes… et les moins jeunes.

« Les missions du poste, qui sont de proposer des activités physiques et sportives à un public qui n’a pas facilement accès aux structures et au sport de loisirs, m’ont tout de suite intéressé », lance Poggi Enoka, éducateur sportif à Thio. Titulaire d’un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) et doté d’une solide expérience dans le domaine de l’animation sportive, le Maréen d’origine a été recruté par le groupement d’employeurs sport et loisirs Sud, en collaboration avec la province Sud, la mairie de Thio et la direction de la Jeunesse et des sports qui coordonne le dispositif « Sport pour tous » au niveau territorial. « Je connaissais bien les communes du Grand Nouméa, mais pas du tout Thio avant de postuler. C’était un challenge pour moi. Mais je savais qu’il y avait des soucis avec les jeunes, notamment de délinquance. C’est ce qui m’a donné envie d’exercer là-bas pour essayer de changer les choses. » En novembre 2018, le jeune homme âgé de 30 ans a rejoint les rangs des premiers éducateurs sportifs du programme. Alors que tous les recrutements ne sont pas encore terminés, ils seront à terme répartis entre dix communes de la province Nord (Canala, Hienghène, Houaïlou, Kaala-Gomen, Koné, Kouaoua, Koumac, Ponérihouen, Poum et Poya) et sept de la province Sud (Bourail, Dumbéa, Île des Pins, Mont-Dore, Païta, Thio, Yaté).

Poggi Enoka, éducateur sportif à Thio.

Poggi Enoka, éducateur sportif à Thio.

 

Des activités pour un large public

« Mon rôle est d’organiser des activités en priorité pour les 11-16 ans, donc les collégiens, mais j’essaie aussi de toucher les plus petits et les adultes. Je propose par exemple des actions de sport santé pour les mamans et des opérations intergénérationnelles qui sont importantes pour recréer du lien entre les parents et les enfants. Notre travail doit porter sur un public le plus large possible. Il faut créer des temps de partage et d’échanges », insiste Poggi. Marche, cours de fitness, jeux collectifs… L’éducateur s’efforce d’apporter de nouvelles animations par rapport à l’offre sportive traditionnelle – et surtout « pas de compétitions ! » – pendant la pause méridienne, en fin de journée après l’école, les mercredis après-midis ou encore les week-ends, sur les équipements sportifs communaux. « Les personnes qui viennent sont volontaires. Pendant les vacances scolaires, je me déplace aussi dans les tribus autour de Thio. Certaines sont éloignées, et le transport demeure un souci pour les gens », souligne-t-il. Salarié du groupement d’employeurs sport et loisirs Sud (GESLS), Poggi est chapeauté par une coordinatrice (lire aussi l’encadré) et compte également deux référents au sein de la mairie. Les activités sont planifiées en partenariat avec le GESLS et la commune qui met à disposition matériel et véhicule.

Animation et prévention

Même s’il estime qu’il est encore un peu tôt pour évaluer l’impact de son action, Poggi constate que des choses se mettent en place petit à petit au niveau de la commune. « J’ai proposé à la mairie d’éclairer la halle de sport en soirée, cite-t-il en exemple. Depuis, le club Thio sport qui était plus ou moins en sommeil, vient plus souvent s’entraîner et commence à se réactiver ». Depuis son arrivée, le courant passe bien entre l’éducateur et les jeunes de Thio. « Ils sont demandeurs d’activités physiques et sportives et sont vraiment contents qu’on pense à eux. À chaque intervention, j’en profite pour avoir des échanges et faire de la prévention sur le tabac, l’alcool, le cannabis, les actes de délinquance. On voit que cela les interpelle. Je les encourage aussi à travailler à l’école, passer des diplômes, sortir de leur isolement » et pourquoi pas suivre son exemple !

Un programme multipartenarial

Le 13 novembre 2018, le gouvernement, la province Sud, les comités provinciaux olympiques et sportifs (CPOS) Sud et Nord, et l’Union sportive de l'enseignement du premier degré (USEP-NC) signaient des conventions lançant le programme « Sport pour tous ». Issu du plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance (PTSPD), adopté le 12 mars 2018 par le Congrès, ce projet est en cohérence avec les orientations de plusieurs politiques publiques telles que le plan stratégique de la pratique sportive, le plan jeunesse.nc, le plan de santé Do Kamo et le projet éducatif. Pour la Nouvelle-Calédonie, ce programme représente un investissement total de 265 millions de francs jusqu’en 2022.

Le gouvernement a ainsi attribué, pour l’année 2019, une subvention de 53 millions de francs aux deux groupements d’employeurs sport et loisirs intégrés au dispositif « Sport pour tous » : 30,1 millions pour celui du Nord et 22,9 millions en faveur du Sud. Cette subvention va permettre de financer les postes de deux coordinatrices et une partie des postes des éducateurs sportifs, le reste étant pris en charge par les provinces, les communes et l’État. Ceux-ci devraient atteindre le nombre de 21, les communes de Lifou (2 postes) et Maré ayant rejoint le dispositif, et bientôt Pouébo.

Une coordination à l’échelle provinciale

Véronique Nicolas, coordinatrice du groupement d’employeurs sport et loisirs Sud, sillonne régulièrement les communes de Thio, Bourail, Yaté, Dumbéa, Païta et l’Île des Pins à la rencontre des éducateurs sportifs placés sous sa responsabilité. « D’ici à la fin de l’année, deux éducateurs supplémentaires devraient être nommés dans d’autres communes, précise-t-elle. Mon rôle est de coordonner leurs actions. Ces visites sur place sont importantes pour voir le dispositif en mode opérationnel, rencontrer leurs référents au sein des communes et travailler en partenariat avec eux ». Une fois par mois, l’ancienne sportive de haut-niveau en canoë-kayak réunit également ses troupes à Nouméa lors d’une journée « pour mutualiser les expériences, échanger sur les bonnes pratiques, mais aussi pour qu’ils ne se sentent pas isolés. Ces points permettent de consolider les actions en place, de rectifier ce qui ne fonctionne pas et de leur faire découvrir de nouveaux partenaires. L’idée est de tisser une toile avec un objectif commun : l’éducation par le sport et en général, l’information et la prévention de la délinquance ». Pour les communes, la présence de ces jeunes gens, tous diplômés dans le domaine de l’éducation sportive, est un véritable soulagement. « En brousse et à l’Île des Pins, nous sommes partis de zéro ! Je veille aussi à ce que leur rôle soit bien compris », indique Véronique qui constate que le public, et notamment les jeunes, répondent « à 300 % à ce dispositif »

Véronique Nicolas (à droite) et son homologue en province Nord, Christelle Thirion-Lacroix, coordinatrice du groupement d’employeurs sport et loisirs Nord.

Véronique Nicolas (à droite) et son homologue en province Nord, Christelle Thirion-Lacroix, coordinatrice du groupement d’employeurs sport et loisirs Nord.

 

 

 

 

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