Un colorant vert pour scruter l’eau de la Tontouta

Un colorant vert pour scruter l’eau de la Tontouta

27 novembre 2020

Société Environnement et énergie Aménagement du territoire

La semaine prochaine, pour les besoins d’une étude, l’eau de la Tontouta sera teintée par un produit vert inoffensif.

La semaine prochaine, pour les besoins d’une étude, l’eau de la Tontouta sera teintée par un produit vert inoffensif.

Un exercice de simulation d’une pollution dans la rivière Tontouta débutera lundi 30 novembre. Un colorant sans danger y sera déversé afin d’étudier sa propagation. Objectif : mieux comprendre les échanges entre les eaux de surface et celles captées par les forages qui alimentent le réseau d’eau potable.

D’abord rouge vif, puis vert fluo. C’est le spectacle qu’offrira la Tontouta la semaine prochaine en raison d’une opération de traçage colorimétrique. Elle sera menée conjointement et pour la première fois par la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR) et le Syndicat intercommunal du Grand Nouméa (SIGN), en partenariat avec la Calédonienne des eaux. Cet exercice impressionnant sera « sans danger, ni pour la santé humaine et animale, ni pour l’environnement », a assuré le directeur de la DAVAR, Fabien Escot. « L’objectif est de mieux connaître la ressource pour mieux la protéger, a-t-il expliqué. Des projets miniers en amont de la rivière sont envisagés. Au préalable, nous allons déterminer, par cette simulation de pollution, les risques potentiels pour la ressource en eau. Ces connaissances permettront la poursuite de ces projets dans les meilleures conditions de protection de la ressource. »

 

La DAVAR, le SIGN, le bureau d’études Neodym, et le la Société des eaux urbaines et rurales (SEUR) de Païta, ont présenté le déroulé et les objectifs de cette initiative jeudi 26 novembre au gouvernement.

La DAVAR, le SIGN, le bureau d’études Neodym, et le la Société des eaux urbaines et rurales (SEUR) de Païta, ont présenté le déroulé et les objectifs de cette initiative jeudi 26 novembre au gouvernement. 

Comprendre les relations entre eaux de surface et eaux souterraines

 

Cette intervention, qui s’inscrit dans la politique de l’eau partagée (lire l’encadré), permettra de visualiser les impacts d’une pollution de la rivière et de mesurer sa vitesse de propagation, grâce à un colorant biodégradable déversé dans le cours d’eau, la fluorescéine. Le but ? « Enrichir nos connaissances des paramètres hydrodynamiques de l’aquifère, a indiqué la responsable du bureau d’études en charge de la manœuvre, Pauline Girard. En clair, nous pourrons déterminer les interactions entre la rivière et la nappe phréatique dans laquelle est pompée l’eau de consommation. Quels sont les échanges ? À quelle vitesse se produisent-ils et en ou dans quelles quantités ? »

Des enseignements précieux qui permettront notamment « d’établir plus précisément les périmètres de protection nécessaires autour de cette ressource stratégique qui répond aux besoins en eau potable de nombreux foyers du Grand Nouméa », a complété Erwan Lamand du service de l’eau de la DAVAR. Ces limites, établies en 2007, doivent en effet être actualisées afin de protéger de façon adéquate la ressource en eau de la Tontouta, tout en permettant la poursuite de l’activité économique présente dans son bassin d’alimentation.

Activité minière en amont de la rivière.

Activité minière en amont de la rivière.

 

Une coloration de l’eau probablement perceptible

 

Concrètement, lundi 30 novembre à 11 heures, le colorant sera déversé dans la rivière, à 2 kilomètres en amont des onze puits de forage disséminés dans la zone du champ captant. Porté par le courant, ce nuage d’abord rouge puis vert vif, sera suivi jusqu’à quatre de ces puits où des capteurs enregistreront, pendant une semaine, les données tant attendues. « Par précaution, l’eau pompée par ces forages sera déroutée du réseau d’alimentation en eau potable, le temps du passage du nuage », a rassuré le directeur technique de la Calédonienne des eaux, François Dufourmantelle. Cette mesure vise à éviter aux riverains  de voir une eau verte – bien que potable et sans risque – couler de leur robinet. « Néanmoins, a-t-il prévenu, il est possible que les abonnés observent une légère coloration de leur eau les jours suivants. » Le phénomène pourrait s’observer à partir de lundi soir pour les habitants de Tomo, du mardi 1er décembre pour Tontouta et les jours suivants pour Païta, Dumbéa, le Mont-Dore et Nouméa.  Une précaution supplémentaire sera prise pour le Médipôle qui sera alimenté temporairement par un autre secteur.

 

Exemple d’une opération de traçage colorimétrique menée par Valé, ici dans un creek du grand Sud (©JL Folio).

Exemple d’une opération de traçage colorimétrique menée par Valé, ici dans un creek du grand Sud (©JL Folio).

 

 

Répondre à l’un des objectifs stratégiques de la politique de l’eau partagée (PEP)

Adoptée par les élus du Congrès en mars 2019, la politique de l’eau partagée doit répondre à six objectifs stratégiques, dont celui de sanctuariser nos zones de captage et nos ressources stratégiques.

L’action qui sera menée la semaine prochaine s’inscrit dans ce cadre. Elle permettra de définir les dimensions et limites du périmètre de protection des eaux à mettre en place autour du captage, ainsi que les prescriptions techniques et réglementaires qui devront être respectées pour garantir l’intégrité de la ressource en eau.

 

 

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