L’inhumation d’Ataï, un « acte de réconciliation »
Une délégation du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, conduite par son président Louis Mapou, a participé le 1er septembre à l’inhumation des reliques du chef Ataï et de son Dao (sorcier) sur le site funéraire « Wereha » à La Foa. Une journée historique marquée par le recueillement et les gestes de réconciliation.
L’effervescence et l’émotion ont été présentes tout au long de la cérémonie organisée à l’initiative du clan Daweri en ce 1er septembre, date anniversaire de la mort d’Ataï. Remises officiellement en septembre 2014 par l’État, les reliques du grand chef et de son sorcier étaient conservées jusqu’à ce jour à la tribu du Petit-Couli, dans la commune de Sarraméa. Elles reposent désormais au sein du site funéraire « Wereha » aménagé à Fonwhary sur la commune de La Foa (lire l’encadré). « C’est un moment de recueillement et d’introspection collective auquel cet événement nous convie », a souligné le président Mapou, avant de saluer, au nom du 17e gouvernement, les représentants du clan Daweri, et en particulier le grand chef Bergé Kawa, cheville ouvrière de ce projet, avec Cyprien Kawa Poaero.
Un élément constitutif du destin commun
Après le temps des coutumes, est venu celui des discours officiels, en présence des cercueils contenant les reliques du grand chef Ataï et de son sorcier. Adolphe Digoué, Mickaël Forrest, Vaimu’a Muliava et Joseph Manaute ont représenté le gouvernement aux côtés de Louis Mapou qui a déclaré : « Le retour des reliques poursuit un long processus de recherche, de reconnaissance et de réconciliation au sein de la société kanak. La présence de toutes les institutions et de toutes les communautés en fait un élément constitutif du destin commun ». Dans leurs déclarations, la présidente de la province Sud, Sonia Backès, le président du Sénat coutumier, Yvon Kona et le maire de La Foa, Nicolas Metzdorf, ont aux aussi comparé ce moment à « un acte de réconciliation ».
À la mémoire des colons victimes de l’insurrection
Le retour du symbole de l’insurrection kanak de 1878 sur ses terres, après un périple qui aura duré près d’un siècle et demi, est « un pan de l’histoire qui appartient à la Nouvelle-Calédonie dans son ensemble, a assuré Patrice Faure. Pour le haut-commissaire de la République, « ce travail mémoriel est essentiel pour assurer un avenir serein aux enfants de ce territoire ». Autre temps fort de la journée, la pose d’une plaque à la mémoire des 32 « volontaires et transportés victimes de l’insurrection kanak », à l’entrée du site funéraire. Un lieu qui est désormais accessible au public. En s’adressant au grand chef, le président du gouvernement a souhaité ajouter : « On ne dira plus en passant : "C’est le banian du vieux Ataï", on rajoutera : "Le vieux est ici" ».
Parcelle cédée par la Nouvelle-Calédonie
Dès 2015, la Nouvelle-Calédonie avait donné son accord, renouvelé en 2019, pour la cession d’une parcelle de son domaine afin qu’Ataï, grand chef de Komalé, et son Dao reposent sur leurs terres ancestrales, au plus près de leur tertre. Après la réponse favorable du gouvernement, le Congrès a adopté, le 28 juin 2021, une délibération autorisant la cession de la parcelle qui se situe à la limite de La Foa et de Sarraméa, sur le lieu-dit Fonwhary, au profit du GDPL CFMP. Sur ce terrain d’une superficie d’environ cinq hectares, un site funéraire a été aménagé, deux mois après la pose de la première pierre. Il est constitué, à son entrée, du bois d’Ataï et du bois tabou et de deux stèles, à la mémoire du chef Ataï et des victimes de l’insurrection de 1878. Huit poteaux qui représentent chacun des aires coutumières entourent le mausolée. L’aménagement du site devrait se poursuivre, avec notamment la pose de panneaux d’information.