Un réseau de formateurs relais pour la TGC
Suite de notre série consacrée aux formations à la TGC avant le démarrage de la marche à blanc le 1er avril 2017. Aujourd’hui, zoom sur les sessions mises en place par l’Institut de formation à l’administration publique (Ifap), à la demande de la direction des Services fiscaux de la Nouvelle-Calédonie (DSF), et destinées à quelque 700 agents des collectivités.
Sollicité en octobre dernier par le gouvernement afin de mettre en place des formations sur la TGC pour les agents publics – soit environ 700 personnes – et ne pouvant former autant de monde en si peu de temps, l’Ifap a imaginé le concept de “formateur relais interne ”. Un agent volontaire qui possède des connaissances, financières et budgétaires, dont le rôle consiste, une fois formé, à animer des séances spécifiques à la TGC au sein de son administration.
Ce jeudi matin, quatorze agents de la Nouvelle-Calédonie, de la province Sud et des communes de Moindou, Bourail, Dumbéa et Païta, sont réunis dans une salle de l’Ifap. Objectif, familiariser ces personnes qui liquident des factures et engagent des dépenses aux subtilités de la TGC. « Elles présentent des niveaux d’informations très variés, constate Aurore Delvalle, responsable du service Métiers de la formation et de l’insertion (MDFI) à l’Ifap. Certaines sont allées fouiller les textes au préalable, d’autres n’ont qu’une culture grand public de la TGC ».
La formation dure deux jours. Sept heures d’apports théoriques, d’abord. Les mécanismes de la taxe générale à la consommation, les opérations exonérées ou assujetties, la période d’exigibilité, le vocabulaire à maîtriser, etc. « À partir des textes (loi du pays, délibération et arrêté), nous avons bâti plusieurs PowerPoint s’adressant spécialement aux établissements publics, explique Frédéric Kusiak, l’un des cinq formateurs experts TGC de la DSF. Suite à un travail commun de vulgarisation avec l’Ifap, nous les avons affinés, afin de délivrer un message le plus clair possible à des personnes un peu “profanes”, de leur donner des clés pour qu’elles puissent appréhender la matière au mieux, durant la marche à blanc et lorsque le dispositif atteindra son régime de croisière ».
Mises en situation
Secrétaire générale de la mairie de Moindou, Laura Druart s’est portée volontaire pour devenir formateur relais, avant d’initier à son tour sa comptable et sa régisseuse. « Jusque-là, j’ignorais tout de la TGC ! », avoue-t-elle. Elle se déclare globalement satisfaite de la formation, malgré le mal de crâne du premier soir et même si elle craint un peu les aléas du « téléphone arabe » lorsque l’information redescendra dans les services.
Après la théorie, la pratique. Le lendemain, durant sept nouvelles heures. Au programme, des exercices d’application, des calculs selon les taux, mais surtout, pour ces stagiaires n’ayant pas forcément l’habitude de s’exprimer en public, une mise en situation. « Le but est de leur faire expérimenter une animation de la future formation qu’ils devront proposer à leurs collègues au sein de leurs institutions respectives », souligne Aurore, la formatrice. Chacun choisit une thématique, pour une séance de dix minutes maximum. Face à l’animateur, neuf apprenants qui endossent le rôle des futurs collègues formés, et quatre observateurs qui se chargeront d’une analyse de pratique de cinq minutes à l’issue de la séance. Frédéric interviendra ensuite sur le fond (justesse et clarté de l’information) et corrigera les éventuelles erreurs, avant qu’Aurore formule ses observations sur la forme (gestuelle, ton, débit, regard, interactivité…). « Outre le fait qu’elles permettent à tous d’être actifs en même temps, ces mises en situation constituent, pour des agents n’ayant pour la plupart jamais animé et qui appréhendent l’exercice, une première expérience dans un climat bienveillant et rassurant et dans une démarche de critique constructive », affirme la formatrice.
Restitutions dès la semaine prochaine
Responsable du bureau du budget à la direction de l’Équipement de la province Sud (DEPS), Nicolas Dehouck prépare son intervention en compagnie d’une collègue de la direction provinciale des Finances avec laquelle il partage les mêmes problématiques. « Jusque-là je m’étais intéressé aux principes généraux de la TGC, la formation m’aura permis d’approfondir des points spécifiques comme les états d’acompte d’un marché public sur lesquels la nouvelle taxe s’appliquera dans un mois et demi. » Courant mars, avec un autre relais de la DEPS, il devra former pas moins de 94 agents de sa direction. L’exercice ne lui fait pas peur, il a eu l’occasion d’enseigner, en lycée professionnel.
Laura, elle, a opté pour des thématiques générales, « je suis restée dans les grandes lignes » : les taux, les exonérations, la marche à blanc, etc. Elle aura trouvé ces deux journées et « ces deux formations en une » « très très intenses ». Seule dans une salle voisine, Marielle Jadiman peaufine au paperboard ses futures prises de parole. « J’invente des cas pratiques », indique la chef du service administratif et financier de la Dimenc (direction de l’Industrie, des mines et de l’énergie), par ailleurs chargée de mission au Fonds Nickel. Dès mercredi prochain, elle formera une douzaine de comptables issus de différentes directions de la Nouvelle-Calédonie. « Ils me soumettront des cas très concrets qu’ils rencontrent au quotidien, et je devrai les amener à imaginer eux-mêmes les solutions. » Celle pour qui la TGC représentait une « grande inconnue » se félicite du contenu de la formation et de « l’éclairage nouveau qui nous a aidés à nous y retrouver dans une loi organique pas facile à lire ». « La différence entre ce que je savais hier et ce que je sais aujourd’hui est énorme, conclut-elle, même si je n’ai pas la prétention d’être devenue une experte ès TGC ! ».
75 formateurs relais
Au total, l’Ifap formera environ 75 formateurs relais sur l’ensemble du pays. De trois sessions initialement prévues, on est passé à six (une à Koné fin janvier, quatre à Nouméa en février, et une à Lifou début mars) à la demande des collectivités : Nouvelle-Calédonie (26 directions, 10 formateurs relais pour un public de près de 300 personnes), provinces Sud et Nord (chacune 13 directions, 17 relais pour plus d’une centaine d’agents), province des Îles (12 relais pour environ 80 agents), communes de Maré, Bourail, Moindou, Dumbéa, Païta, Kouaoua et Lifou, direction de l’Aviation civile ou encore Centre hospitalier du Nord. À noter que les EPIC (Établissements publics à caractère industriel et commercial), comme l’OPT, le Port autonome ou l’Ocef (total de 7 formateurs relais pour quelque 80 personnes), bénéficieront d’un module spécifique les 21 et 22 février.
Experts et utilisateurs
Outre les formateurs relais, l’Ifap a également assuré une formation des formateurs experts TGC et une autre destinée aux utilisateurs de la nouvelle taxe. La première, qui a eu lieu les 23 et 24 novembre et 1er décembre 2016, s’adressait à cinq agents volontaires de la DSF. Du 6 au 31 mars prochain, avec trois sessions de rattrapage en avril si besoin, la seconde ciblera en priorité les quelque 150 agents en charge de la dépense publique, mais n'ayant pas de formateurs relais dans leur collectivité (certaines communes, ADCK, Erpa, Apican, Isee…). Gratuites, les quinze sessions de deux demi-journées seront dispensées à Nouméa, La Foa, Koné, Koumac et Poindimié. Au programme, les grands principes de la TGC, ses règles d’application, le contrôle de la dépense, la liquidation, etc.
La DSF forme en interne
Au sein de la DSF, deux sessions de trois jours, réunissant chacune 35 personnes, sont programmées les 14, 15 et 16 février, ainsi que la semaine suivante. Objectif du contenu, semblable à celui proposé aux comptables agréés fin janvier, permettre aux agents impactés par la réforme de mieux comprendre les règles de l'impôt. La formation sera dispensée par Lionel Bauvalet, le “monsieur TGC” des Services fiscaux.
À suivre : le dispositif d’accompagnement mis en place par la Chambre d’agriculture (CANC)