Des robots aux programmes
Organisée par la direction de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie (DENC), la première journée « Algorithmes, code et robotique » s’est déroulée ce jeudi 29 novembre à la mairie de Nouméa. Elle a rassemblé quelque 300 élèves de CM1 et CM2 représentant six écoles du Grand Nouméa, autour d’ateliers dédiés à la programmation de robots.
« La tour de contrôle de la base martienne », « Retour à la base martienne », « La piste noire de la base martienne », « Coincé au fond de la vallée martienne », « L’ingénieur programmeur » : sur les cinq ateliers, chaque équipe passe quinze minutes à tour de rôle, en suivant sa feuille de route. Ce matin, six classes des écoles Henriette-Gervolino (Nouméa), Heinrich-Ohlen (Païta) et Gustave-Clain (Koutio) sont en lice. Six autres, en provenance des écoles nouméennes Paul-Boyer, Émily-Panné et Christine-Boletti, leur succéderont cet après-midi. Les défis à relever ? Associer un comportement du robot à un programme spécifique, le déplacer sans le toucher pour qu’il aille se ranger dans un garage, ou encore se débrouiller pour qu’il suive fidèlement une ligne noire tracée au sol. Guidés par des chefs d’équipe – stagiaires des instituts de formation IFM-NC et ESPE* –, les élèves coopèrent, réfléchissent, argumentent, bien décidés à trouver une solution à un problème posé. Objectif, « réinvestir dans une situation ludique tout ce qu’ils ont appris en classe cette année », indique Nicolas Tessier, conseiller pédagogique au sein du pôle numérique de la DENC.
Robots, formation et accompagnement technique
Cette première journée « Algorithmes, code et robotique » couronne en effet un projet interdisciplinaire expérimental s’inscrivant dans le cadre des futurs programmes de l’enseignement du 1er degré en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, la Ville de Nouméa a prêté sa salle d’honneur, la province Sud de nombreux petits ordinateurs. Le gouvernement, via sa direction de l’Enseignement, s’est occupé du reste. Comme, notamment, de financer l’achat de six valises de six robots chacune (30 000 F le robot), une valise par établissement. Mais aussi d’assurer en amont quatre demi-journées de formation à destination des enseignants, et de leur fournir un accompagnement technique au moment de la restitution devant élèves.
De nombreuses vertus transversales
Bien aguerri au langage informatique, Bob, enseignant à Gustave-Clain, n’a pas eu besoin de session de rattrapage pour se familiariser, à la tête de sa classe de CM2, avec le projet. Depuis cinq mois, il lui a simplement fallu jongler avec son emploi du temps pour réussir à y consacrer deux heures hebdomadaires. « J’ai mis en place des défis et ils ont cherché des solutions, développé des stratégies, pour résoudre les problèmes. Comme dans la vie au quotidien. » Un exemple : faire sortir un robot d’un labyrinthe à reculons, armé d’un ordinateur, d’une souris et de deux-trois logiciels accessibles pour les enfants. « Les meilleurs ont réussi en trente minutes, le reste de la classe en trois jours ! » Maître Bob ne voit que des vertus transversales à l’introduction des petits robots à l’école. En mathématiques (à travers la partie algorithmes) et en technologie, mais aussi en éducation civique et en sport (travail collectif), ainsi qu’en français lorsque chaque enfant doit verbaliser la façon dont il a procédé. « Et puis il faut voir l’investissement de ces gamins ! Quand ils réussissent un défi, on a l’impression qu’ils ont gagné la Coupe du monde, c’est juste énorme ! »
Inventer en codant
Retour à la mairie. « On ne voulait pas d’esprit de compétition, mais bien de partage, alors on a mélangé les élèves des différentes classes pour qu’ils développent sociabilité et vivre ensemble », précise Mareva Bordi, elle aussi au pôle numérique de la DENC. « Ce projet nous permet d’expérimenter des scénarios, de construire des supports pour les formations futures, de faire travailler les enseignants sur la justification, la réflexion autour de la correction des erreurs, reprend Nicolas Tessier. Au niveau des élèves, ça déclenche des changements de posture, ça leur fait comprendre que le numérique n’est pas qu’un outil de consommation, mais qu’en apprenant à coder on peut inventer, créer des choses ».
* IFM-NC : Institut de formation des maîtres – ESPE : École supérieure du professorat et de l’éducation
Inspiré de la Métropole
Ce projet interdisciplinaire, qui porte sur l’introduction de l’algorithme et du codage à l’école, s’inspire des programmes d'enseignement en vigueur en Métropole de la maternelle au collège, depuis la rentrée de septembre 2016. Un socle commun s’articule en cinq domaines de formation définissant les connaissances et les compétences devant être acquises à l’issue de la scolarité obligatoire – langages pour penser et communiquer, méthodes et outils pour apprendre, formation de la personne et du citoyen, systèmes naturels et systèmes techniques, représentations du monde et activité humaine. Domaines dans lesquels l’apprentissage du numérique via l’algorithmie et la robotique intervient de manière transversale.
Définitions
- Algorithme (un) : description précise, sous forme de concepts simples, de la manière dont on peut résoudre un problème.
- Codage : programmation informatique à travers des instructions que les élèves assemblent pour guider le robot ou l’objet connecté.
- Robotique (la) : ensemble des techniques permettant la conception et la réalisation de machines automatiques ou robots.