Wolbachia gagne du terrain sur la dengue

Wolbachia gagne du terrain sur la dengue

05 août 2021

Santé et social

L’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, la Ville de Nouméa, le gouvernement et l’Université Monash (Australie) ont présenté les résultats du World Mosquito Program à Nouméa.

L’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, la Ville de Nouméa, le gouvernement et l’Université Monash (Australie) ont présenté les résultats du World Mosquito Program à Nouméa.

L’équipe et les partenaires du World Mosquito Program (WMP) Nouvelle-Calédonie, parmi lesquels le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, ont dressé le bilan du projet Wolbachia à Nouméa. Avec des résultats très satisfaisants puisque plus de 70 % des moustiques Aedes aegypti présents sur la commune portent désormais la fameuse bactérie qui permet de réduire, voire d’éradiquer, les épidémies de dengue. 

Quasiment deux ans après les premiers lâchers de « moustiques Wolbachia », les partenaires du World Mosquito Program Nouvelle-Calédonie étaient réunis le 4 août pour en présenter les premiers résultats. Il s’agit du gouvernement, de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et de la Ville de Nouméa. Sans oublier, l’Université australienne Monash, à l’origine de la méthode, qui était en direct de Melbourne par visioconférence. « Un programme osé mais terriblement écologique que Nouméa est la première ville de France à tester  », a déclaré Tristan Derycke, 5e adjoint chargé de la prévention des risques sanitaires.

 

L’équipe et les ambassadeurs volontaires Wolbachia ont assisté à la restitution.

L’équipe et les ambassadeurs volontaires Wolbachia ont assisté à la restitution.

72 semaines de lâchers

La technique consiste à inoculer la bactérie Wolbachia à des moustiques Aedes aegypti réduisant ainsi leur capacité à transmettre les virus de la dengue, du zika et du chikungunya. Et de laisser faire la nature pour que les insectes relâchés transmettent à leur tour la bactérie à leurs progénitures… Le tout sous haute surveillance ! « Une quarantaine de personnes sont mobilisées sur le programme, a rappelé Nadège Rossi, chef du projet WMP à Nouméa. Ce sont les résultats d’un travail collectif » qui a reçu l’adhésion de 94 % des Nouméens, un critère très important pour sa réussite. Ainsi, à l’issue de 72 semaines de lâchers avec 12 millions de moustiques Wolbachia dans a nature, « plus de 70 % de la population d’Aedes aegypti est porteuse de la bactérie sur la majeure partie de Nouméa, a annoncé Nadège Rossi. Quelques mois seront encore nécessaires pour que la proportion de moustiques Wolbachia devienne optimale dans les quartiers où la densité de moustiques est naturellement forte », a-t-elle précisé.

 

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Des chiffres sur la dengue encourageants

Principal financeur, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie contribue au programme via la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS). Celle-ci apporte son soutien sur la gestion des données, le volet cartographique afin d’optimiser la répartition des lâchers et des pièges à moustiques, et enfin sur le suivi épidémiologique de la dengue. « En 2019, 3 918 cas de dengue étaient recensés, dont deux décès à déplorer et 357 hospitalisations. Que se passe-t-il depuis deux ans ? 64 cas diagnostiqués en 2020 et 114 depuis le début de l’année (dont 52 à Nouméa, ndlr) malgré des conditions particulièrement propices à une épidémie », a détaillé Sylvie Laumond, chef du service de santé publique à la DASS. Des chiffres très encourageants, même s’il ne faut pas crier victoire trop tôt. En effet, les protocoles d’arrivée en Nouvelle-Calédonie, en raison de la crise sanitaire, ont aussi pour conséquence de bloquer l’importation de cas de dengue, tandis que la population a peut-être atteint une certaine immunité face au sérotype 2 responsable des dernières épidémies. « Le World Mosquito Program est un moyen de lutte contre les arboviroses plus respectueux de l’environnement. Il représente un formidable espoir pour l’avenir », a souligné le Dr Sylvie Laumond. Atteindre la quasi-éradication des épidémies de dengue comme c’est le cas à Cairns  ou à Townsville en Australie ? L’ensemble des partenaires du WMP y croit.  

 

« Avec son engagement communautaire fort, ce programme s’inscrit parfaitement dans le plan de santé Do Kamo », a rappelé le Dr Sylvie Laumond.

« Avec son engagement communautaire fort, ce programme s’inscrit parfaitement dans le plan de santé Do Kamo », a rappelé Sylvie Laumond.

La suite du WMP Nouvelle-Calédonie

« À Nouméa, l’équipe du WMP va poursuivre la surveillance de la progression du pourcentage de moustiques porteurs de la bactérie jusqu’à fin 2021. Les services de la Ville et ses partenaires prendront ensuite le relais », a expliqué Nadège Rossi. À terme, si la surveillance démontre que quelques zones nécessitent une intervention complémentaire, les services de la direction des risques sanitaires de la Ville de Nouméa pourront assurer des lâchers sur une courte période grâce aux agents qui ont été formés au cours du déploiement du programme. « Fin 2021, le programme doit être étendu sur les communes du Mont-Dore et de Dumbéa, a ajouté la chef de projet WMP, avec un déploiement qui devrait être plus rapide grâce au retour d’expérience sur Nouméa et à la technicité acquise ».
 

Des lâchers de moustiques adultes et sous forme d’œufs ont été réalisés.

Des lâchers de moustiques adultes et sous forme d’œufs ont été réalisés.

 

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