L’offensive Wolbachia contre la dengue

L’offensive Wolbachia contre la dengue

11 juillet 2019

Santé et social

Le gouvernement était représenté par Valentine Eurisouké (à gauche) qui s’est volontiers prêtée à un lâcher de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia, aux côtés d’autres élus.

Le gouvernement était représenté par Valentine Eurisouké (à gauche) qui s’est volontiers prêtée à un lâcher de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia, aux côtés d’autres élus.

Des moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia ont effectué leur premier envol lors d’une cérémonie le 10 juillet en présence des partenaires du World Mosquito Program* Nouvelle-Calédonie, parmi lesquels le gouvernement. Dans les six prochains mois, des lâchers hebdomadaires seront réalisés dans Nouméa, commune pilote du programme, en vue de mieux protéger la population contre la dengue, le zika et le chikungunya.

Une fois n’est pas coutume, les stars du jour sont des moustiques, mais pas n’importe quels spécimens ! Ces Aedes aegypti, à qui l’on a inoculé la bactérie Wolbachia réduisant ainsi leur capacité à transmettre les virus de la dengue, du zika et du chikungunya, sont nos nouveaux alliés dans la lutte contre les arboviroses. Un tapis bleu a été déroulé en leur honneur mercredi matin, place des Cocotiers, et de nombreuses personnes sont venues assister à ce premier envol qui marquait le début des lâchers sur l’ensemble de la commune de Nouméa.

Priorité pour la Calédonie

Une étape importante, un peu plus d’un an après la signature d’une convention entre le gouvernement, l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie (IPNC), la Ville de Nouméa et l’université australienne Monash à l’origine de la méthode, pour le lancement du World Mosquito Program (WMP). « En 2016, la Nouvelle-Calédonie a intégré le comité régional du Pacifique occidental de l’Organisation mondiale de la santé et a inscrit, d’un commun accord avec les pays océaniens, la lutte contre les arboviroses comme priorité de santé publique, a rappelé Valentine Eurisouké, membre du gouvernement chargée de la mise en œuvre du plan de santé Do Kamo dont l’un des axes porte sur la recherche et l’innovation dans la santé publique. Cette méthode de lutte biologique, plus respectueuse de l’environnement, a donné pleine satisfaction dans d’autres pays. Elle nous offre enfin une chance de pouvoir mettre fin au fléau de la dengue dont chaque épidémie entraîne de nombreuses hospitalisations et des décès ».

 

Le public a patienté en compagnie de la mascotte du WMP, Wolbi.

Le public a patienté en compagnie de la mascotte du WMP, Wolbi.

 

Soutien de la population

L’équipe du WMP Nouvelle-Calédonie – une quarantaine de personnes actuellement – œuvre sans relâche en laboratoire, mais aussi sur le terrain pour informer et sensibiliser la population à cette nouvelle technique qui suscite des interrogations. Résultat de ce travail minutieux, lors du dernier sondage réalisé sur la base d’un échantillon représentatif de la population de Nouméa, 94 % des personnes interrogées ont déclaré être favorables aux lâchers de moustiques "Wolbachia". Toutefois, "lâcher" ne signifie pas "relâchement". Comme l’a souligné le Docteur Marc Jouan, directeur de l’IPNC : « La campagne va se dérouler sur six mois et sera accompagnée d’un suivi de la population de moustiques, ainsi que des cas de dengue. Pendant cette période, il ne faudra surtout pas relâcher l’attention dans la lutte contre les arboviroses ». Selon Valentine Eurisouké, le gouvernement sera lui aussi attentif
« aux résultats et aux évaluations qui seront mises en place dans le cadre de ce programme pour pouvoir ensuite l’étendre au niveau du pays. Si les communes et les populations souhaitent le porter à leur tour, la Nouvelle-Calédonie pourra les accompagner ».   

* Programme mondial de lutte contre les maladies transmises par les moustiques

 

Les lâchers en bref
Des moustiques porteurs de Wolbachia seront remis dans la nature une fois par semaine dans chaque quartier de Nouméa, à raison d’un lâcher tous les 100 m, et ce pendant six mois « pour que la majorité de la population de moustiques porte rapidement la bactérie qui se transmet de génération en génération, et que nous soyons tous protégés », a indiqué Nadège Rossi, chef du WMP Nouvelle-Calédonie. Huit personnes ont rejoint l’équipe à cet effet. Dans quelques semaines, des capsules d’œufs d’Aedes aegypti porteurs de la bactérie, seront aussi proposés aux foyers nouméens sur la base du volontariat. « Un suivi, qui a déjà commencé et qui sera mené au-delà de la période des lâchers, va permettre de s’assurer que les moustiques porteurs de Wolbachia sont bien installés », a enfin précisé Magali Dinh, responsable communication et engagement communautaire du programme. L’objectif étant d’éviter qu’une nouvelle épidémie de dengue se déclare en 2020 sur la commune de Nouméa. 
 

Environ une centaine de moustiques seront lâchés par hectare ce qui représente trois spécimens par logement.

Environ une centaine de moustiques seront lâchés par hectare ce qui représente trois spécimens par logement.

 

 

 

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