Laporte n’a pas botté en touche
Ce mercredi, Philippe Germain recevait Bernard Laporte. Un entretien fructueux et riche d’espoirs pour le ballon ovale calédonien. Vendredi après-midi, le président de la Fédération française de rugby inaugurera le pôle espoirs de rugby au lycée du Grand Nouméa.
Bernard Laporte a bien fait de venir en Nouvelle-Calédonie. D’abord parce qu’il situait jusque-là l’île de Wallis à quelque trente minutes d’avion de la Tontouta. Ensuite, et surtout, parce qu’il a confirmé la volonté de la Fédération française de rugby (FFR) de soutenir la politique de développement du rugby, à 15 et à 7, en Nouvelle-Calédonie. Ce mercredi 6 juin, il s’est longuement entretenu avec Philippe Germain, en présence de Pierre Forest, directeur de la Jeunesse et des sports de la Nouvelle-Calédonie (DJS).
Premier thème abordé, l’hémorragie de ces jeunes rugbymen calédoniens, souvent d’origine wallisienne, arrachés de leur nid à 16-17 ans par des “recruteurs” sans trop de scrupules qui leur promettent monts et merveilles alors qu’ils ne sont encore que des gamins immatures et très loin de leur niveau optimal. Ils seraient entre 150 et 200 à s’être envolés ainsi vers l’inconnu et une fin de carrière prématurée en Métropole dans l’anonymat d’un championnat de niveau “fédérale” (voir le film Mercenaire). Très loin du rêve de Top 14. Résultats, énormément de déchets et d’échecs personnels, des joueurs qui ont honte de revenir au pays et, qui plus est, nous privent, par leur exil, d’une compétition de bon niveau.
Une académie de rugby ?
« L’idée est donc de faire monter ces jeunes en compétences jusqu’à 18 ans dans le cadre du pôle espoirs, puis d’assurer un continuum à l’intérieur d’une sorte d’académie de rugby où ils resteraient le temps de gagner en maturité », explique le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Maturité physique, technique et intellectuelle, pour que les meilleurs puissent partir à la conquête du bouclier de Brennus, avec de plus sérieux gages de réussite. L’académie servirait alors de filtre pour séparer ces heureux élus de tous les autres, amenés à rester, à disputer un championnat local forcément de meilleure facture grâce à eux. Des moins chanceux qui disposeraient aussi d’un bagage scolaire non négligeable et pourraient, le cas échéant, bénéficier d’une formation universitaire, le temps de partir. Ou pas. La ligue de rugby et la DJS planchent actuellement sur ce projet d’académie avec Willy Taofifenua.
Philippe Germain n’aura pas eu à sensibiliser longtemps Bernard Laporte à ce phénomène. La fédération de rugby, une des plus riches en France avec le football et l’équitation, a déjà versé une aide de 150 000 euros (18 millions de francs)* pour le pôle espoirs de rugby. « Nous allons accélérer le processus et bien montrer à la ligue locale que la fédération les accompagne, à travers le déploiement, sur deux ans, de 150 cadres techniques de club dans tous les territoires, métropolitains et ultramarins, qui rentreront dans le milieu scolaire, permettront de recruter des jeunes et de développer le rugby », assure Bernard Laporte.
Un pôle d’excellence de rugby à 7 ?
Deuxième sujet évoqué au cours de la rencontre, le rugby à 7, plus adapté à la vivacité, la rapidité et la force athlétique mélanésienne, quand son grand frère à 15 colle mieux à la morphologie wallisienne. Avec des équipes comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, Fidji (champion olympique en titre), les Samoa, Tonga…, l’Océanie est sans conteste le continent du rugby à 7. « La compétition lors des mini-Jeux du Pacifique est un tournoi de niveau mondial ! », affirme Pierre Forest. Alors, « pourquoi ne pas installer un pôle d’excellence de rugby à 7 décentralisé en Nouvelle-Calédonie ? », a proposé Philippe Germain à un Bernard Laporte d’autant plus séduit qu’il avait déjà imaginé exporter une telle structure dans un Dom-Tom ! Une décision qui permettrait, à terme, de relever le niveau de jeu de l’équipe de France, assez faible ces dernières années.
Autre thématique discutée, la possibilité pour la Nouvelle-Calédonie de servir de base avancée des sélections nationales avant les Jeux olympiques de Tokyo 2020. Il est fort probable qu’à l’image du handisport et du judo, l’équipe de France de rugby à 7, si du moins elle se qualifie pour les JO, répondra favorablement à l’invitation. « J’en parlerai à Christophe Reigt, le manager de l’équipe de France, a indiqué Bernard Laporte. Ça me semble être une très bonne idée ».
Ce jeudi, le président de la fédération de rugby effectue un saut pour l’île des Pins, où il rendra visite aux jeunes de l’AS Kunié, nouveau club calédonien de rugby. Vendredi à 15 heures, il inaugurera officiellement le pôle espoirs ouvert au lycée du grand Nouméa en février 2017. Et samedi, il s’envolera pour Auckland où les Bleus ont rendez-vous le jour-même avec les Blacks pour leur premier test-match.
* De son côté, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie accorde une subvention annuelle de 7,5 millions de francs à chacun des quatre pôles espoirs
Les Barbarians français tout près du XV de France
Alors que le XV de France se trouve en Nouvelle-Zélande où il disputera trois tests-matches les samedi 9, 16 et 23 juin face aux Blacks, les Barbarians français (sorte d’équipe de France 2) sont arrivés hier en Nouvelle-Calédonie, pour s’entraîner (au stade de Magenta) et absorber le décalage horaire. Comme le dit Bernard Laporte, « l’objectif de la visite des Barbarians est d’améliorer la notoriété de notre sport et de montrer que les joueurs professionnels sont disponibles pour les jeunes ». Coachés par Christophe Urios, manager du Castres Olympique, tout frais vainqueur du Top 14, les Barbarians français partiront le 12 juin en Nouvelle-Zélande pour y affronter les Crusaders le 15 à Christchurch et les Highlanders le 22 à Invercargill. En parallèle, si certains joueurs de l’équipe A se blessent durant la tournée, le sélectionneur Jacques Brunel pourra piocher dans le réservoir des Barbarians, qui servent aussi à cela ! Ils comptent dans leurs rangs quelques pointures comme Djibril Camara (Stade Français), Jean-Marc Doussain (Toulouse), Damian Penaud (Clermont) ou encore… Sébastien Taofifenua (Bègles).