Le bagne calédonien au patrimoine mondial de l’Unesco
Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la culture, a lancé ce mardi 7 mai, le premier comité de pilotage (COPIL) pour initier les travaux relatifs à l’inscription du bagne calédonien au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’inscription du bagne calédonien au patrimoine mondial de l’UNESCO fait partie des engagements pris par le 17e gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, lors de la déclaration de politique générale (DPG) du président Louis Mapou, qui avait déclaré « nous voulons accompagner le processus d’appropriation historique et identitaire engagé en valorisant la contribution de toutes les communautés à l’histoire, à l’identité et à la culture, pour conforter le poteau central de la Nouvelle-Calédonie ».
Ce premier COPIL pour le projet d’inscription du bagne à l’Unesco a été organisé de manière symbolique deux jours avant le 160e anniversaire de l’arrivée de l’Iphigénie à Port-de-France (ancien nom de Nouméa), avec à son bord, les premiers forçats envoyés en Nouvelle-Calédonie.
Un projet à dimension « pays »
Ce comité de pilotage se tient à l’issue d’une période de consultation des acteurs institutionnels et de la société civile, initiée en 2022. Cette phase a permis de sensibiliser sur l’importance de ce projet de classement par le biais de différentes actions culturelles soutenues par le gouvernement, telles que les expositions itinérantes « Les Kanak et le bagne » en 2022, ou encore « Exilés et condamnés Indochinois en Nouvelle-Calédonie », inaugurée cette année et actuellement visibles sur le Site historique de l'Île Nou.
« Aujourd’hui marque une nouvelle étape dans ce dossier qui va durer plusieurs années, comme ça a été le cas pour l’inscription des lagons calédoniens », a souligné le membre du gouvernement.
Durant la phase de consultation, l'ensemble des partenaires s’est positionné en faveur du projet d'inscription et a validé le principe de la constitution d'un comité de pilotage inclusif pour le portage d'un dossier « pays ».
Conformément à l’esprit d’unité qui anime ce projet d’inscription, le comité de pilotage présidé par le membre du gouvernement Mickaël Forrest, rassemble des représentants du Haut-commissariat, du Congrès, du Sénat coutumier, du Conseil économique social et environnemental (CESE), des provinces, des associations de maires et des communautés du territoire. Le COPIL pourra être amené à faire appel à des experts pour la constitution du dossier d’inscription. Ce comité a adopté un calendrier « qui va permettre de définir une organisation en différentes cellules de travail avec notamment des services du gouvernement qui disposent d’archives sur le bagne et les acteurs concernés », a précisé Mickaël Forrest. L’idée c’est de mieux valoriser le bagne à travers un travail collectif ».
Des objectifs multiples
Ce projet poursuit des ambitions historiques, mémorielles, identitaires, pédagogiques, mais aussi touristiques. « Il permet de valoriser l’histoire d’un petit peuple dans une dynamique mondiale », a assuré Mickaël Forrest.
Et si l’inscription du bagne calédonien peut constituer des avantages en termes de tourisme et de rayonnement, cette démarche engage également le demandeur à garantir la protection et la valorisation durables des biens inscrits, quels que soient leur nature.
À l’instar des deux expositions autour de l’histoire du bagne, le projet représente aussi un moyen de sensibiliser les habitants et les acteurs locaux à l’importance des biens inscrits, à leur respect, à leur protection et à leur valorisation durable.
Par ailleurs, la valorisation de l’histoire et du patrimoine spécifiques à la Nouvelle-Calédonie fait partie des enjeux de l’inscription du bagne au patrimoine de l’Unesco. Elle vise ainsi à renforcer le devoir de mémoire en fédérant les différentes communautés du territoire autour d’une histoire partagée, aux racines du destin commun.
Un long processus
L’inscription sur la liste indicative de la France nécessite une approche extrêmement rigoureuse de la définition de la valeur universelle exceptionnelle, au regard des critères définis par l’Unesco. Elle réclame également le soutien de l’État-partie sur le portage d’un dossier spécifiquement calédonien et un soutien institutionnel et technique de l’ensemble des parties prenantes du projet à court et à long terme.
Le patrimoine mondial de l’Unesco
Le patrimoine mondial de l'Unesco réunit un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l'héritage commun de l'humanité.
Ce patrimoine fait l'objet d'un traité international intitulé « Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel », adopté par l’Unesco en 1972 et actualisé chaque année depuis 1978 par le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco.
En 2023, avant la 45e session du Comité du patrimoine mondial, 1 157 biens, répartis en 167 États parties étaient répertoriés dans la liste :
- 900 sont culturels
- 218 sont naturels
- 39 sont mixtes (culturels et naturels)
L’inscription d’un bien au patrimoine mondial représente la reconnaissance de sa valeur universelle exceptionnelle. Le bien doit satisfaire à trois conditions préalables pour prétendre à son inscription :
- répondre à un ou plusieurs critères relatifs au patrimoine culturel et/ou naturel
- satisfaire aux exigences d’authenticité et d’intégrité
satisfaire aux exigences de protection et de gestion afin d’assurer la protection à long terme