Une révolution au palais

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11 octobre 2019

Agriculture Économie Éducation et formation Santé et social

Jour de fête à la cantine de l’école Maurice-Fonrobert, à Kaméré, à l’occasion de la Fête des produits locaux.

Jour de fête à la cantine de l’école Maurice-Fonrobert, à Kaméré, à l’occasion de la Fête des produits locaux.

Après l’opération Cantines à l’unisson et le projet pilote Recettes bénéfiques, vers une autosuffisance alimentaire et durable en milieu insulaire, soutenus par le gouvernement, la Fête des produits locaux, qui s’achève aujourd’hui, continue de creuser le sillon. Objectif : proposer aux consommateurs des menus intégrant un maximum de produits locaux. Ce fut le cas pour 55 000 scolaires qui ont dégusté, pour la première fois, des repas composés exclusivement des produits du terroir. Une performance et un régal !

Une initiative qui a déjà un long parcours derrière elle (lire l’encadré). « À l’échelle de la Nouvelle-Calédonie, rappelle Dominique Wing-Ka, chargé de mission au vice-rectorat et chef de cantine, c’est une démarche unique, conséquence d’un travail de plusieurs années. Trois cantines pilotes il y a quatre ans, quarante-trois établissements engagés aujourd’hui pour cette première édition. C’est un succès. »

Du 100 % local dans nos assiettes

Cet événement était piloté par Pacific Foodlab, une association qui met en relation producteurs et chefs cuisiniers de la restauration collective et commerciale pour que ces derniers achètent à prix fixes les produits proposés tout au long de l’année. Ce qui assure, ainsi, une commande régulière et des revenus pérennes aux agriculteurs et pêcheurs, par exemple.

C’est la volonté de Gabriel Levionnois, chef restaurateur et président de Néo food, qui « tient compte des infos du terrain, de ce que nous disent les professionnels pour arriver à une meilleure assiette. Pour cette semaine, vingt tonnes de produits locaux supplémentaires ont été engagés. »

Comme les saucisses de thon blanc, le riz calédonien ou la glace à la pomme liane, nouvellement arrivés sur le marché. Dix mille saucisses et deux tonnes de riz local ont été distribuées dans les cantines scolaires. De nouveaux produits portés par une ambition : développer le plaisir de bien manger tout en sécurisant la production locale et initier de nouvelles habitudes alimentaires dans les foyers.

 

Les organisateurs  de la Fête des produits locaux dont Gabriel Levionnois, à gauche, Dominique Wing-Ka à ses côtés et Philippe Blaise, à droite.

Les organisateurs de la Fête des produits locaux dont Gabriel Levionnois, à gauche, Dominique Wing-Ka à ses côtés et Philippe Blaise, à droite.

 

 

Vers un tourisme culinaire ?

Ce coup de projecteur, au meilleur moment du calendrier de production, proposait un tour culinaire du pays à travers des animations et des rencontres décentralisées dans les trois provinces.

Autre temps fort, la présence de trois chefs cuisiniers venant de Tonga, du Vanuatu et de Nouvelle-Zélande pour partager leur savoir-faire et découvrir nos spécificités. La mayonnaise a pris.

Alors, la cuisine comme expression culturelle, une aubaine pour le développement régional ? C’est l’avis de Philippe Blaise, 1er vice-président de la Province sud, qui a déclaré : « Cette semaine vise à valoriser les produits locaux afin de créer un vrai débouché local qui impliquera un développement économique du pays, voire au-delà. » Comme de tendre vers l’autosuffisance alimentaire du territoire.

Un sourire qui en dit long…

Un sourire qui en dit long…

 

Pour rappel…
Lancé en 2017, le projet pilote Recettes bénéfiques, qui a duré dix-huit mois et était porté par Cap Agro NC et Neo Food, a été retenu par l’OCTA (Association des pays et territoires d’Outre-mer de l’Union européenne). À ce titre, il a bénéficié de financements du Fonds européen de développement et du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, à hauteur de 40 millions de francs au total.

Pacific Foodlab est une plateforme de mise en relation entre les professionnels de la restauration collective et les autres acteurs du système culinaire. Elle est gérée par le cluster Cap Agro, fondé par la province Sud en 2013, qui coordonne l’exécution de tout projet sur le plan administratif et financier, et l’association Neo Food qui agit, entre autres, comme conseil auprès de cantines pilotes.

 

À Table !
Il y avait comme un air de fête à la cantine de l’école Maurice-Fonrobert, à Kaméré, vendredi 11 octobre. Entre Halloween et Noël. Pour la première fois, la cuisine innovait avec un menu 100 % local et l’événement se lisait dans les yeux brillants des enfants. Que des produits locaux que beaucoup ne connaissaient pas : citrouille râpée et sa vinaigrette à l’orange, boulettes de porc sauce BBQ, patates douces et choux chine et, comme dessert, un cake vanille et son coulis au miel.
« C’est mieux qu’au snack, affirme Syraine, 7 ans, d’un air sérieux. J’aimerais bien manger tous les midis comme çà, sauf les "patates" que j’ai trouvées trop molles. »
Son copain Jephthe, un grand gaillard de 9 ans, n’a qu’une envie qu’il crie bien fort : « Je veux encore plus de boulettes. Elles sont trop petites dans ma bouche et je n’en ai pas assez ! » Et entre cris et rires, dans un brouhaha permanent, Mavay, 6 ans, parvient à leur dire que « lui, il aime tout et voudrait manger la même chose ce soir à la maison… ».
Près de cent-cinquante gamins se sont régalés dans cette école, comme dans les cinquante cantines de la ville de Nouméa qui participaient, en cette veille de vacances scolaires, à la Fête des produits locaux.

 

Jephthe, l’amateur de boulettes de porc.

Jephthe, l’amateur de boulettes de porc.

 

 

 

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