Une stratégie pays pour le tourisme
Lancés il y a un an par le gouvernement et les trois provinces, les ateliers du tourisme ont abouti à une stratégie de développement touristique des services et des loisirs. Dans l'objectif d'accueillir 200 000 touristes et plus d'un million de croisiéristes à l'horizon 2025, cet outil entend préparer la Nouvelle-Calédonie via une politique concertée à l'échelle du pays.
Dix ans après le plan de développement touristique concerté, l'élaboration de cette nouvelle feuille de route aura mobilisé près de 500 professionnels et donné lieu à plus de 200 entretiens sur le terrain. En tête des propositions, la création d'une agence de développement touristique de la Nouvelle-Calédonie. Ses missions : assurer la promotion internationale et piloter la stratégie, sans empiéter sur les compétences provinciales. « Nos quatre collectivités participeraient de concert à promouvoir le pays tout en gardant leurs prérogatives et les spécificités locales », résume Martine Lagneau, première vice-présidente de la province Sud, en évoquant cette instance qui doit faire l'objet de discussions complémentaires avec les provinces.
La stratégie réaffirme ensuite le rôle de la desserte aérienne. Avec le renouvellement de leur flotte, Aircalin et Air Calédonie vont augmenter leurs capacités de transport. Par ailleurs, la compagnie internationale, avec le soutien du gouvernement, poursuit les engagements pris dans le cadre des contrats de destination dédiés à l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. Des outils qui ont fait leurs preuves avec, à titre d'exemple, une croissance cumulée fin 2015 de 33 % de touristes australiens supplémentaires par rapport à 2013.
La clientèle chinoise
« Le gouvernement, aux côtés des provinces, entend prendre toute sa part dans l'action qui a d'ailleurs déjà commencé », a déclaré le président Germain lors de la restitution des ateliers du tourisme qui s'est déroulée le 9 décembre en présence des représentants des institutions et des professionnels du secteur. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie, résolument engagée dans une politique de diplomatie économique régionale, est de nouveau membre depuis 2015 du South Pacific Tourism Organization (SPTO) et vient d'adhérer à l'Association australienne de la croisière. Deux entités sur lesquelles s'appuyer pour être mieux représentés au niveau international, notamment sur le marché chinois qui va devenir une clientèle potentielle. « Avec l'aval de l’État et de la Chine, et au terme de longues négociations, nous sommes en passe de signer un protocole qui attribuera le statut de destination touristique agréée à la Nouvelle-Calédonie », a rappelé Philippe Germain.
Le soutien financier
Par ailleurs, le gouvernement agit dans le secteur de l'hébergement « où le financement est un outil déterminant », a souligné Philippe Dunoyer avant de présenter les trois prêts de la Banque publique d'investissement, Bpi France, désormais accessibles en Nouvelle-Calédonie, et de revenir sur les défiscalisations nationale et locale prorogées jusqu'en 2025. « De 2008 à 2014, quatorze projets sur cinquante-quatre au total, retenus dans le cadre de la défiscalisation locale, ont été agréés dans le domaine de l'hôtellerie. C'est bien un outil qui sert majoritairement à défendre ce secteur », a insisté le membre du gouvernement en charge de la fiscalité. De plus, les projets hôteliers sur Nouméa et le Grand Nouméa pourraient bientôt être eux-aussi éligibles, à condition qu'ils permettent de diversifier l'offre ou qu'ils répondent à une attente de la clientèle internationale (hôtel de centre-ville, hôtel de port...). De quoi faire face à l'ambition de la stratégie 2025 pour le tourisme qui prévoit d'accroître l'offre hôtelière de 500 clés au minimum.
Plan de développement de la croisière, création d'un observatoire, soutien à l'emploi... Les collectivités mettent les bouchées doubles pour le secteur touristique qui continue de croître malgré la crise.
Doubler l'emploi
Atteindre 10 000 emplois dans le tourisme fait partie des objectifs affichés d'ici à 2025. Le secteur pourrait bénéficier du projet de dispositif simplifié d'emploi, mené par le gouvernement et prochainement examiné au Congrès. Il vise à faciliter l'embauche pour les courtes durées et, par conséquent, le travail saisonnier. « Ce qui répond vraiment à la manière de travailler des professionnels », met en avant le vice-président Jean-Louis d'Anglebermes. En parallèle, la Nouvelle-Calédonie est en train de réviser ses formations qualifiantes, notamment celle d'agent de tourisme, afin de proposer des spécialisations (accompagnateur pédestre, équestre, guide randonnée palmée, etc.) applicables à partir de mi-2017.