La dépollution et le démantèlement de navire, une filière de développement local
La dépollution et le démantèlement de navire, une filière de développement local
14 avril 2022
Dans le cadre de la création de la filière de traitement des navires hors d’usage, Christopher Gygès, membre du gouvernement notamment chargé de l’économie maritime, a été invité par Françoise Suvé, élue de la province Sud chargée de l’environnement, à visiter le chantier de dépollution et de démantèlement naval de la province Sud, mardi 12 avril, à Nouville.
C’est sous un soleil de plomb et entourés d’épaves de navires, toutes plus immenses les unes que les autres, que sont accueillis, au chantier de Nouville Plaisance, le membre du gouvernement et les élus de la province Sud par les représentants de la société Royal Recy Boat en charge du projet de traitement des épaves.
Cette opération de quatre mois qui s’achèvera à la mi-mai aura permis le traitement de 16 navires de plaisance « bons pour la casse », grâce à un financement du gouvernement issu du fonds de soutien aux actions de lutte contre les pollutions. Ce projet pilote doit permettre le développement de la filière de traitement des navires hors d’usage (NHU) : « une filière porteuse pour le développement de l’économie bleue et circulaire en Nouvelle-Calédonie », souligne Christopher Gygès, dont la priorité est de développer cette économie autour de projets structurants.
Vers une économie maritime
C’est, en particulier, l’ambition de port Numbo : faire naître un « pôle maritime », avec des activités semblables à celles-ci, des services maritimes, une mise à disposition de terrain pour les entreprises du secteur et des activités de recherche et d’innovation liées à l’océan. La dépollution de la baie de Numbo, a d’ailleurs été financée par les contrats de développement de l’État à hauteur de 400 millions de francs et par le gouvernement à hauteur de 200 millions de francs.
« Le secteur maritime est multisectoriel, ajoute Christopher Gygès, c’est donc dans cette ambition que le pôle maritime sera créé. Nous avons la chance d’avoir des projets comme celui de démantèlement naval que l’on voit aujourd’hui. » En effet, cette opération répond à deux objectifs de développement du territoire.
« Cette visite est l’occasion de réaliser “un point d’étape”, se réjouit Françoise Suvé chargée de l’environnement à la province Sud qui pilote l’opération.
Des objectifs économiques et environnementaux
“C’est une filière qui a un réel potentiel” poursuit Christopher Gygès, puisqu’elle permettra, à terme de créer de nouveaux emplois : sur les 27 000 navires de plaisance immatriculés en Nouvelle-Calédonie, près de 6 000 sont en fin de vie. Un chiffre qui ne cessera d’augmenter : un bateau a une durée de vie d’environ 35 ans, ainsi, chaque année, 600 bateaux ne sont plus en état de naviguer.
“C’est une filière que la province Sud souhaite pousser, a expliqué Gil Brial, second vice-président de la province Sud, car elle comporte un réel intérêt outre l’aspect économique avec notamment, la création d’emploi, c’est un intérêt environnemental. Il est donc important d’appuyer ses projets.”
Pour Loïc Luciani co-gérant de la société Royal Recy Boat, l’objectif est de pouvoir proposer des solutions pour la gestion des déchets issus de ces navires et ainsi réduire l’impact environnemental. “Cette mission rentre également dans un objectif de lutte contre la vie chère, il s’agit de vendre et de racheter tout ce qui va être revalorisable. ”C’est dans cet esprit, que Royal Recy Boat a intégré le dossier lauréat 2019 de l’appel à projets national “Territoires d’innovation”, relayé localement par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Lors du démantèlement d’un navire, 92 % des matériaux peuvent être utilisés et même être vendus : il ne reste que 8 % de déchets inutilisables à l’issue. “Notre ambition est de minimiser l’empreinte négative liée à l’activité humaine que cela soit au niveau terrestre ou marin” a ajouté Françoise Suvé.
À l’issue de cette visite, le membre du gouvernement en a profité pour inviter les personnalités présentes à visiter la Station N, qui a bénéficié de certains matériaux recyclés pour l’habillage des espaces intérieurs du “lieu totem”, situé à la gare maritime, dans la zone portuaire de Nouville. En effet, divers éléments sont issus des “Blue Boat”, navires de pêche vietnamiens pris en situation de pêche illégale dans les eaux locales. Ce recyclage de matières premières s’inscrit parfaitement dans la démarche de développement durable portée par le gouvernement.