À l'écoute de la filière pêche hauturière
Adolphe Digoué, membre du gouvernement chargé de la pêche, est allé à la rencontre des entreprises du secteur de la pêche hauturière et de la transformation du poisson. Une visite qui intervient quelques jours après le renouvellement des licences pour l’année 2022.
De bon matin, à Nouville le Saint-Gabriel, l’un des trois navires de l’Armement du Nord, débarque le produit de sa dernière campagne en haute mer sous l’œil attentif d’Adolphe Digoué. « L’objectif de cette visite est de mieux connaître la filière et les équipes, de voir dans quelles conditions elles travaillent et d’entendre leurs demandes », explique le membre du gouvernement responsable de ce secteur, alors que l’exécutif vient de renouveler le 1er décembre, pour l’année 2022, les licences de pêche thonière aux armements hauturiers calédoniens (lire l’encadré).
Continuité de l’activité
Malgré la crise sanitaire et les confinements en mars et septembre, les professionnels ont su déployer les mesures nécessaires pour poursuivre leur activité. Ainsi, avec 1 821 tonnes pêchées sur les trois premiers trimestres 2021, le niveau des captures est même légèrement supérieur à celui de 2020. La filière thon couvre les besoins du marché local, tandis que le reste de la production – environ 20 % – est destiné à l’export vers le Japon et l’Europe. « Avec la crise sanitaire et l’augmentation des tarifs du fret, les exportations ont davantage souffert », signale toutefois Mario Lopez, directeur général de Pescana, qui guidait Adolphe Digoué au sein de l’atelier de transformation de l’entreprise. Paré de l’équipement d’hygiène de rigueur, le membre du gouvernement a parcouru les différentes étapes de conditionnement du poisson : découpe, filetage, congélation…
Mesure du taux de mercure
La visite s’est achevée par une démonstration de l'automate de mesure du taux de mercure dans la chair du poisson, financé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et l’Agence rurale. Grâce à cet appareil de haute technologie, une étude a été lancée par la filière pour mettre en évidence la bioaccumulation du mercure en fonction de la taille et du poids d’une large gamme d’espèces : thons, marlin, saumon des dieux, etc. « L’idée est de faire une analyse représentative de ce que l’on retrouve dans l’assiette du consommateur, explique Patrick Houssard, responsable QHSE à Pescana. Utiliser cette machine dans une industrie agroalimentaire est un gros avantage, car nous avons accès à un grand nombre d’espèces et d’individus différents ». Adolphe Digoué se félicite de cette étude dont les résultats seront communiqués au gouvernement : « Les poissons pélagiques ont mauvaise réputation à cause du mercure, notamment dans le domaine de la restauration collective. Ces analyses vont permettre de rassurer les consommateurs. Il faudrait intégrer davantage de poisson dans les cantines scolaires afin que nos enfants bénéficient d’une protéine fraîche et locale. » Enfin, les axes de valorisation de la filière pêche hauturière ont été au menu de la réunion entre le membre du gouvernement et des professionnels du secteur.
Une pêche sous contrôle
Les navires de six armements calédoniens (Albacore, Baby Blue, Navimon, Pescana, Munun et Armement du Nord) bénéficient, pour l’année 2022, d’une licence de pêche dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie, soit dix-sept au total pour l’exploitation des thonidés à la palangre horizontale. Cette autorisation est assortie d’obligations règlementaires qui sont nécessaires pour permettre une gestion durable de la ressource. Les armements doivent en effet déclarer leurs captures et embarquer des observateurs des pêches. Les palangriers font l’objet d’un suivi satellite permanent opéré par le service du gouvernement chargé des pêches. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie dispose des capacités opérationnelles pour effectuer le suivi de la filière et veiller au respect de la règlementation en matière de gestion et d’exploitation des ressources marines dans sa zone économique exclusive (ZEE).