La Nouvelle-Calédonie au congrès IMPAC5
La ville de Vancouver au Canada accueillait du 3 au 9 février 2023, le congrès international des aires marines protégées (IMPAC5). La Nouvelle-Calédonie y était représentée par une délégation conduite par Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement chargé de la gestion du parc naturel de la mer de Corail. Cet événement a été l’occasion d’échanger des expériences, de construire des projets et de fixer un cap pour les années à venir.
Organisé tous les quatre ans, le congrès international des aires marines protégées est un rendez-vous crucial pour les acteurs de ce secteur. Il a rassemblé pour cette édition près de 3 000 personnes dont des représentants de gouvernements, des organisations non-gouvernementales (ONG), des associations environnementales, des organisations autochtones, des universités, des gestionnaires d’aires marines protégées, avec plus de 120 pays représentés.
La Nouvelle-Calédonie y était représentée par une délégation formée autour du parc naturel de la mer de Corail, véritable étendard du territoire en matière de biodiversité et de géodiversité. « Il était important d’être présent à ce congrès. C’est un moment exceptionnel où tous les acteurs concernés par le sujet se retrouvent pour partager leurs expériences et fixer un cap à suivre, tout en faisant le bilan de ce qui a été fait au cours des dernières années », a indiqué Jérémie Katidjo Monnier.
Des rencontres et des partages
Durant une semaine, la délégation calédonienne a assisté à plusieurs conférences animées par des experts internationaux, ainsi qu’à des réunions qui ont donné lieu à des échanges intenses.
Jérémie Katidjo Monnier a également rencontré, dans le cadre du forum des leaders, les représentants du Canada, de la Polynésie française, des Maldives, du Portugal, du Royaume-Uni, ainsi que la sous-secrétaire d’État pour les océans, la pêche et les affaires polaires, Maxin Burkett. « Il est essentiel de voir ce que font les autres et en particulier nos voisins. Voir quelles sont leurs stratégies et comment elles se coordonnent, a expliqué le membre du gouvernement. C’est l’occasion également de rencontrer des acteurs qui apportent des financements auxquels la Calédonie peut prétendre. »
La Nouvelle-Calédonie en avance
IMPAC5 est intervenu quelques semaines après la COP15 Biodiversité qui s’est déroulée à Montréal. Lors de ce rendez-vous, les participants ont fixé un objectif ambitieux de mise sous protection de 30 % des espaces marins et terrestres de la planète d’ici 2030. Un défi immense qui était au cœur des discussions lors de ce congrès.
Néanmoins, le territoire a affiché une position particulière par rapport à cet objectif mondial. En effet, la Nouvelle-Calédonie détient la compétence environnementale de gestion des ressources naturelles dans sa zone économique exclusive.
Or, depuis la création du parc de la mer de Corail en 2014, cette zone est protégée dans sa totalité. De plus, les récifs à l’état sauvage se trouvant dans le parc sont déjà classés en réserves naturelles ou intégrales (sur 1,5 % des récifs à l’état sauvage restant sur la planète, 30 % se trouvent dans le parc naturel de la mer de Corail).
La Nouvelle-Calédonie est donc très en avance sur les objectifs mondiaux, mais elle envisage d’aller plus loin. « Nous souhaiterions atteindre une surface d’au moins 10 % des 1,3 millions de kilomètres carrés du parc sous protection forte, notamment en classant certains monts sous-marins en réserves, a confié Jérémie Katidjo Monnier. Cet objectif fera de la Nouvelle-Calédonie une pionnière en la matière. »
Des perspectives intéressantes
Le congrès a également permis à la délégation calédonienne d’initier des partenariats avec des ONG présentes localement et avec les pays de la zone, autour d’un projet innovant. Aux côtés de la Polynésie française, de l’Australie et le la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-Calédonie entend créer une « ceinture bleue » dans le Pacifique en interconnectant les parcs naturels existants et ceux à créer aux îles Cook, aux Tonga, à Niue, aux îles Salomon et au Vanuatu.
« L’idée est de savoir comment nous allons pouvoir connecter nos parcs marins afin de créer des sanctuaires immenses qui vont favoriser les migrations des espèces sous-marines, a précisé Jérémie Katidjo Monnier. Protéger tout seul n’a pas de sens dans l’océan, il faut le faire de façon coordonnée, car il y a toute une faune qui se déplace et qui ne connait pas les frontières. »
L’importance des populations autochtones
IMPAC5 a mis l’accent sur l’importance des populations autochtones dans la reflexion sur le rapport de l’humain à la nature et sur sa préservation. Un sujet sur lequel la Nouvelle-Calédonie fait encore une fois office d’exemple. « Nous sommes aussi en avance sur ce point-là, a assuré le membre du gouvernement. Il y a dix ans déjà, nous avons intégré un représentant de chacune des aires coutumières dans le comité de gestion du parc. Cette décision a d’ailleurs été largement saluée par nos homologues, notamment occidentaux, qui pour la plupart commencent seulement ce travail. »
Le rendez-vous est d’ores et déjà fixé au Sénégal en 2027, pour les acteurs mondiaux de la protection des aires marines pour IMPAC6.