Le centre de quarantaine opérationnel
Éviter l’introduction du coronavirus sur le territoire et anticiper la prise en charge d’éventuels cas, tels sont les objectifs du plan d’actions du gouvernement. Dans ce cadre, et bien qu’aucun cas confirmé n’ait été recensé en Nouvelle-Calédonie, un centre de confinement a été installé au Centre international sport et expertise (CISE) de Koutio. Il accueillera les éventuels voyageurs qui seront assignés en quarantaine.
300 mètres de grillage, une dizaine de portillons, un grand portail et beaucoup d’énergie auront été nécessaires pour transformer, en un temps record, le centre d’accueil des sportifs en lieu de quarantaine. À la manœuvre des opérations, le secrétaire général du gouvernement Alain Marc, les directions des Achats, du patrimoine et des moyens (DAPM), des Affaires sanitaires et sociales (DASS) et de la Jeunesse et des sports (DJS), ainsi que la délégation calédonienne de la Croix-Rouge, tous réunis au Cise jeudi 20 février.
L’occasion de détailler le fonctionnement du site où seront placées en surveillance durant quatorze jours les personnes "contact", c’est-à-dire susceptibles d’avoir été contaminées par un malade avéré (lire l’encadré). Il s’agira donc de personnes qui ne sont pas malades mais qui, par mesure de sécurité, seront isolées pendant la durée d’incubation de la maladie pour éviter tout risque de contamination.
Pourquoi le Cise ?
« Un centre de quarantaine doit respecter certaines prescriptions, a expliqué le secrétaire général du gouvernement. Il doit être fermé, étanche et sécurisé. Il doit pouvoir répondre aux besoins d’hébergement, de restauration et de suivi médical. Il doit aussi se situer à proximité d’un hôpital et être suffisamment agréable pour les personnes qu’il accueille. D’où le choix du Cise. »
Ouvert en 2014, cet établissement géré par le Comité territorial olympique et sportif a été conçu pour offrir aux sportifs une structure d’accueil moderne et conviviale de plus de 2 000 m2. Il offre les commodités nécessaires à l’hébergement (jusqu’à 100 couchages en chambres de un à quatre lits simples et en dortoir) et à la restauration. Tous les bâtiments sont accessibles aux personnes à mobilité réduite et des espaces extérieurs arborés en font un lieu agréable à vivre, à 5 minutes du Médipôle et 25 de La Tontouta.
Gérer les flux
Adapté aux besoins d’une quarantaine, le CISE a néanmoins dû être aménagé. Un zonage a été créé « pour délimiter la "zone rouge" réservée aux personnes contact et la "zone verte" dédiée aux intervenants extérieurs (équipe médicale, bénévoles de la Croix-Rouge, etc.). Les deux espaces sont reliés par un sas où les équipements de protection devront être mis et retirés avant d’être évacués dans le circuit des déchets infectieux », a détaillé Patrice Delaporte de la DAPM.
Un sens de circulation a aussi été défini. L’entrée des personnes contact se fera par l’arrière des bâtiments – au plus loin des riverains –, l’accès principal étant réservé à l’évacuation immédiate vers le Médipôle en cas d’apparition de symptômes.
« En accord avec l’État, la gendarmerie assurera une présence autour de la quarantaine 24 heures et sur 24, a ajouté le secrétaire général. Il y aura aussi une société de gardiennage au sein du site. »
Des règles strictes et un suivi médical rapproché
Les déplacements des personnes contact hors de leurs chambres seront limités et ne pourront se faire sans port d’un masque et après avoir effectué une désinfection des mains.
« Une infirmière sera là jour et nuit, a précisé le directeur de la DASS, Jean-Alain Course, des recrutements sont en cours. Les personnes contact auront par ailleurs un suivi médical quotidien avec au moins deux visites par jour. Il s’agira de détecter l’apparition de symptômes liés au coronavirus – auquel cas le transfert vers le Médipôle sera immédiat – mais aussi de suivre les pathologies et de poursuivre les traitements que les gens pourraient déjà avoir. » Un soutien psychologique sera proposé et des mesures de désinfection drastiques sont prévues, jusqu’aux repas, servis des mains des bénévoles de la Croix-Rouge et dans de la vaisselle jetable. Le suivi médical des personnels de la Croix-Rouge et des divers prestataires est également programmé.
Du temps à occuper…
Proposer des activités pour remplir ces quatorze journées d’isolement sera la mission principale de la Croix-Rouge. Au programme : « Séances cinéma, jeux, dispositif de prêt de livres - qui seront décontaminés – et même soutien scolaire pour les enfants », a détaillé Sandrine Buffeteau qui préside la délégation locale de l’association. Selon les besoins, quatre à dix bénévoles se relaieront chaque jour de 8 heures à 22 heures pour accompagner et divertir les personnes contact, « dans le respect des règles de la quarantaine ». Équipé du wifi, le CISE dispose par ailleurs d’une salle informatique, mais aussi d’une laverie en libre-service.
« Notre souhait, a conclu Alain Marc, est que cette quarantaine n’entre jamais en service. Mais il faut qu’elle soit prête à l’être et c’est le cas à présent. »
Qui est susceptible d’aller en quarantaine ?
Peuvent être assignés à quarantaine :
- les passagers et personnels de bord d’un avion qui, durant le voyage, se sont trouvés à proximité d’une personne vraisemblablement malade à son arrivée en Calédonie, ainsi que les contacts proches du malade ;
- les voyageurs de retour de la zone à risque (Chine, Hong-Kong, Macao et Singapour pour l’instant) susceptibles d’avoir été en contact avec un malade.
L’assignation à quarantaine fait l’objet d’un arrêté du gouvernement.
Les mesures en place
Les mesures de protection sanitaire aux points d’entrée internationaux (aéroport de La Tontouta et ports maritimes : croisières, minéraliers, etc.) en vigueur toute l’année en Nouvelle-Calédonie ont été renforcées dès le 28 janvier, « soit deux jours avant la France métropolitaine », a rappelé Alain Marc. À cette date, une équipe de contrôle sanitaire a été mise en place par la DASS à l’arrivée de tous les voyageurs à La Tontouta, afin d’identifier ceux en provenance de la zone à risque et de suivre leur état de santé.
Le 31 janvier, les mesures concernant les paquebots de croisière ont été durcies. Si un voyageur vient d’une zone à risque depuis moins de 14 jours, celui-ci n’est pas autorisé à débarquer à l’escale. En cas d’identification d’un ou plusieurs cas suspects de coronavirus à bord, les compagnies ne sont plus autorisées à débarquer leurs passagers et membres d’équipages sur le sol calédonien.
Pour rappel, les autres navires de commerce (minéraliers, porte-containers…) sont également tenus de transmettre à la DASS, quelques heures avant leur arrivée, une liste détaillée de leurs passagers précisant leur provenance, s’ils sont malades et quels sont leurs symptômes.
À ce titre, la DASS a réalisé des inspections à bord de certains navires à risque (minéraliers en provenance d’Asie, barge Cali en charge du démantèlement du Kea Trader, etc.) qui sont arrivés à Nouméa, sur la côte Est, etc. afin de vérifier l’état de santé des équipages.