Des ados testent l’insécurité routière

Des ados testent l’insécurité routière

22 août 2018

Sécurité et prévention

Exercice concret pour démarrer l’après-midi : l’auto-choc.

Exercice concret pour démarrer l’après-midi : l’auto-choc.

Des mineurs du foyer d’action éducative de Nouville ont participé pour la première fois à une opération de sensibilisation aux risques routiers, ce 22 août, à la DITTT. Cynthia Ligeard, membre du gouvernement, compte sur leur avis pour ajuster au mieux ce dispositif de prévention.

 

 

Le non-port de la ceinture de sécurité et la conduite sous l’emprise de l’alcool sont les principales causes de la mortalité routière en Nouvelle-Calédonie. Les adolescents accueillis dans les foyers d’action éducative sont, peut-être plus encore que les autres, exposés aux risques. Pour les sensibiliser aux comportements responsables, la direction des Infrastructures, de la Topographie et des Transports terrestres (DITTT) et la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) ont organisé une opération de prévention, dans l’enceinte de la DITTT à la Vallée-d-Tir.

Alors que des « rencontres-actions » se déroulent depuis le 9 août et jusqu’au 13 septembre dans les trois provinces, pour définir le prochain plan triennal de sécurité routière, les opérations de sensibilisation sont aussi l’occasion de prendre le pouls du terrain. « On aura besoin de votre retour, que vous nous disiez, en toute franchise, comment vous avez trouvé cet après-midi », lance Cynthia Ligeard, membre du gouvernement en charge de la sécurité routière.

 

Cynthia Ligeard souhaite recueillir les impressions des jeunes pour mieux ajuster le dispositif.

Cynthia Ligeard souhaite recueillir les impressions des jeunes pour mieux ajuster le dispositif.

 

« Comme un pick-up en pleine figure »

Au programme, une expérience de choc en voiture à vitesse réduite, un parcours à pied avec des lunettes qui simulent la perturbation de la vision et de l’équilibre quand on a bu, et une présentation des constats d’accidents en Nouvelle-Calédonie. D’abord réticents, les jeunes se laissent peu à peu tenter, encouragés par les éducateurs. Un groupe de quatre monte en voiture, attache sa ceinture, la plate-forme s’élève, le véhicule s’incline. Il faut fermer les yeux pour mieux apprécier la sensation. La voiture est lâchée. Elle ne descend que de quelques mètres pour atteindre le bout de la plate-forme, où s’affiche une voiture arrivant en sens inverse, mais la sensation de choc est bel et bien réelle. Heureusement, les ceintures étaient bouclées !

« C’était un peu lent », dit une ado, « c’était trop mou », lance un autre. Les explications d’un des deux agents de la DITTT, examinateurs du permis de conduire, les impressionnent un peu plus : « La vitesse avant ce choc n’était que de 10 km/h, alors imaginez à 50 km/h, quelqu’un qui pèse 80 kg, sans ceinture de sécurité, au moment où il percute le pare-brise, il représente un poids de 2 tonnes. C’est comme si vous preniez un pick-up en pleine figure ! » Un argument de poids. « La ceinture, c’est le seul moyen de vous protéger. »

« Sensibiliser les jeunes aux bonnes pratiques »

Place à l’exercice des lunettes. Les éducateurs ouvrent le parcours, titubant et bousculant les plots. Les ados rigolent. « Je l’ai déjà fait à Escoffier », dit l’un avant de se décider. Un autre se laisse tenter. Pas facile d’avoir l’air ridicule en public.

Un éducateur se prête à l’exercice des lunettes et titube entre les plots.

Un éducateur se prête à l’exercice des lunettes et titube entre les plots.

 

« Vous pensez qu’il faut avoir bu combien de verre pour se sentir comme ça ? » demande l’agent. Là encore l’explication se veut pédagogique. « En moyenne six verres d’alcool d’un coup, soit 1,2 g. Et est-ce qu’un verre de whisky est égal à un verre de bière ? Eh bien oui, il y a autant d’alcool pur dans 3 cl de whisky, la dose habituelle servie, et 25 cl de bière. » De quoi enchaîner avec les jeunes sur les solutions pour éviter de prendre le volant quand on a bu.

Pour Karen Vernière, directrice du foyer d’action éducative de Nouville, « c’est important de sensibiliser les jeunes aux bonnes pratiques. Beaucoup de mineurs ou leurs proches conduisent sans permis, beaucoup de gamins sont impliqués dans la mise en danger de la vie d’autrui. Ce genre d’opération les interpelle. Il faut souvent les pousser, ils ne sont pas dans l’adhésion immédiate mais le concret peut leur parler. »

 

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