Une fresque après les frasques

Une fresque après les frasques

12 novembre 2018

Agriculture Éducation et formation Jeunesse et sports

Riche en couleurs, la fresque décore avantageusement la halle du marché de gros.

Riche en couleurs, la fresque décore avantageusement la halle du marché de gros.

Une fresque réalisée par quatre adolescents suivis par la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) a été inaugurée ce samedi 10 novembre à la halle du marché de gros de Ducos. Une œuvre offerte aux Calédoniens, destinée à renforcer l’estime de soi de ces apprentis graffeurs en déficit de reconnaissance.

Cette œuvre est le prolongement du chantier-école de rénovation du marché de gros de Ducos, organisé en juillet par la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse de la Nouvelle-Calédonie (DPJEJ), en partenariat avec la Chambre d’agriculture (CANC). Le chantier de trois semaines avait mobilisé 27 adolescents en réinsertion sociale et professionnelle. Soufflée par Alain Marc, secrétaire général du gouvernement, l’idée d’une fresque, pour décorer la halle et la rendre plus conviviale, a fait son chemin. Remarqués pour leurs compétences et leur motivation, quatre jeunes se sont vus proposer de poursuivre l’aventure. « J’ai dit oui tout de suite, confie Coco. Pour m’occuper. Je n’avais jamais graffé, mais j’aime ça ».

Suivis par la DPJEJ, Coco, Moana, Brandon et Pierre-Louis ont entre 16 ans et 17 ans et demi. Deux d’entre eux bénéficient du dispositif de prévention de la déscolarisation. Encadrés par l’artiste graffeur Yann Skyronka, dit Sham, qui anime de nombreux ateliers et formations avec des jeunes en difficultés, les quatre artistes en herbe commencent à se familiariser avec les dégradés et les remplissages. La DPJEJ a gratté les fonds de tiroir pour financer l’achat des bombes, pendant que la CANC fournit le déjeuner chaque midi.

Agir ensemble sur un même support

« On a d’abord travaillé la technicité sur une fresque libre (qui sera installée au centre de jour de la DPJEJ à Nouville) où ils se sont exercés en faisant ce qu’ils voulaient, un lettrage pour écrire leur nom par exemple », explique Sham. Mais aussi un chambranle, un hibou ou un lion, « le plus dur à dessiner parce qu’il y a quatre couleurs différentes » selon Moana, habitant comme Coco la cité Pierre-Lenquette, à Montravel. Un galop d’essai de quatre jours pour l’apprentissage des couleurs, des lumières et des perspectives. « C’est une trop grosse contrainte d’arriver directement sur des personnages ou des décors », poursuit Sham.

Deuxième acte, la fresque centrale de 12 m de large, installée tout au fond de la halle. Avec ses abeilles, loriquet, cerf, citrouille, carottes, salade et bananes, elle évoque le marché, ses fruits, ses légumes, ses produits vivriers. Cette seconde œuvre a nécessité une semaine de travail. À travers une foule de détails à apprivoiser. « Moana crayonnait pas mal, Brandon aussi, mais après, quand on passe à la bombe tout le monde galère, faut prendre son mal en patience, s’appliquer, et puis ça vient », souligne Sham qui ajoute : « La particularité de notre discipline, c’est qu’on agit ensemble sur un même support ».

Un chantier pilote ?

Coco a apprécié – net ! – et appris pas mal de l’expérience commune : « Le travail de la lumière, le remplissage… », auprès d’un formateur qu’il juge « gentil ». « Une réalisation collective au profit de la collectivité » dont se réjouit Gilles Rosati, premier président de la cour d’appel, présent à Ducos samedi matin.

« C’est pour eux un super boulot de valorisation, se félicite de son côté Christiane Tetu-Wolff, la directrice de la DPJEJ. Le timing du chantier était long, mais ils ont tenu, ils sont allés jusqu’au bout, ils ont démontré qu’ils étaient en capacité de faire de belles choses. Et pour nous l’image qu’ils renvoient à l’extérieur est particulièrement stimulante ». Alors que Christopher Gygès, en charge de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse au gouvernement, insiste sur le partenariat gagnant entre CANC et collectivité à travers « des chantiers d’insertion destinés à accompagner un peu plus notre jeunesse ». Avant de lancer dans un clin d’œil : « Peut-être un jour parlera-t-on du chantier du marché de gros de Ducos comme d’un chantier pilote ».

Inauguration  

Inauguration de la fresque avec deux des quatre jeunes (tout à gauche), Sham, Gérard Pasco, Christopher Gygès et Nicolas Metzdorf, Gilles Rosati, et Christiane Tetu-Wolff.

Inauguration de la fresque avec deux des quatre jeunes (tout à gauche), Sham, artiste graffeur, Gérard Pasco, président de la CANC, Christopher Gygès et Nicolas Metzdorf pour le gouvernement, Gilles Rosati, premier président de la cour appel, et Christiane Tetu-Wolff, directrice de la DPJEJ.

 Signature

La Chambre d’agriculture a tenu à remercier les graffeurs au moyen d’une petite pancarte, en bas à droite de la fresque. « Pour ces jeunes, c’est hyper gratifiant de voir qu’on peut penser à eux positivement », assure Christiane Tetu-Wolff.

 

La Chambre d’agriculture a tenu à remercier les graffeurs au moyen d’une petite pancarte, en bas à droite de la fresque. « Pour ces jeunes, c’est hyper gratifiant de voir qu’on peut penser à eux positivement », assure Christiane Tetu-Wolff.

 

Des chantiers éducatifs

En juin 2017, une quinzaine de jeunes de la DPJEJ avaient participé à un chantier éducatif en repeignant les murs extérieurs du musée de Nouvelle-Calédonie. Programmé sur deux semaines, il avait été bouclé en une semaine à peine. Fort de cette expérience positive, le gouvernement, à travers la DPJEJ, a souhaité la renouveler. C’est ainsi qu’en juillet dernier, un autre chantier éducatif a été organisé. Il a permis, en trois semaines, de repeindre dix bâtiments et deux containers (10 500 m2) du marché de gros de Ducos. Un partenariat avec la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Calédonie qui, elle aussi, voit dans ce dispositif un moyen pour des jeunes en déficit d’estime de soi de se revaloriser au regard de la société et de retrouver le chemin de l’insertion sociale et professionnelle.

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Un lieu de rencontre plus agréable

« C’était important pour le gouvernement d’investir dans ce marché, bien délabré, dans la mesure où il représente un lieu de rencontre pour les Calédoniens », indique Nicolas Metzdorf, membre du gouvernement notamment en charge de l’agriculture. En 2017, la collectivité a donc dégagé une enveloppe de 100 millions de francs pour la rénovation de la halle : revêtement du sol et peinture, clôture périphérique, réhabilitation des réseaux (eau, électricité et assainissement). Gérée par la CANC, celle-ci abrite le marché de gros et le marché broussard. Elle a pour mission de favoriser l’écoulement et la commercialisation sur le Grand Nouméa des fruits, légumes et produits vivriers d’origine locale. Dans le cadre de la réalisation de la fresque principale, la CANC a passé commande d’une autre œuvre située tout au fond à gauche de la halle, côté rue (en photo).

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