Sauvegarder, refonder et reconstruire la Nouvelle-Calédonie
Le gouvernement a organisé les 17, 21 et 22 octobre au centre culturel Tjibaou, une grande conférence consacrée au plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction (PS2R) porté par la collectivité. Trois jours au cours desquels le gouvernement a pu présenter sa vision et ses mesures et échanger avec les acteurs présents.
Après les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024, la Nouvelle-Calédonie se trouve dans une situation financière, économique et sociale extrêmement difficile. Dans ce contexte, les membres du 17e gouvernement ont souhaité mettre en place un plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction, « trois concepts qui traduisent la profondeur et l’intensité des questionnements qui agitent notre pays, alors que nous traversons une passe particulièrement difficile », comme l’a indiqué Louis Mapou, lors de son discours d’ouverture jeudi 17 octobre.
Le PS2R permettra d’organiser des mesures de sauvegarde à court terme, de définir à moyen terme les grands principes sur lesquels reposera le futur modèle calédonien et d’identifier, pour le long terme, les pistes prioritaires de reconstruction. Il représente « une étape cruciale pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », selon le président du gouvernement.
Des constats sur le modèle actuel
Dans une volonté de faire du PS2R une démarche concertée et partagée, le gouvernement a engagé avant sa conférence, une série de rencontre avec les institutions, les collectivités, les syndicats, les organisations patronales, les acteurs économiques et la société civile afin de recueillir leurs avis et leurs propositions. Une consultation publique en ligne a également été lancée et a reçu environ 3 000 réponses.
Ce travail a permis, dans un premier temps, de poser des constats sur les modèles actuels au niveau économique, santé-social, institutionnel et sociétal. Une méthodologie ayant pour but de disposer d’une base solide pour une refonte réussie et pour éviter de reproduire les erreurs du passé.
S’appuyer sur des valeurs fondamentales
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement entend également s’appuyer sur des valeurs fondamentales, indispensables pour refonder le modèle calédonien et qu’il faut traduire comme des principes qui pourraient constituer les fils conducteurs de notre investissement collectif :
- La bienveillance et la solidarité car il faut subvenir aux besoins de la population dans ce contexte difficile et renforcer la cohésion sociale et le lien communautaire.
- La proximité de l'action publique, pour garantir une gestion transparente et efficace des affaires du pays. Mais surtout parce que ces évènements ont révélé un fossé important entre l’expression des besoins par une grande catégorie de la population et notamment la jeunesse Kanak et l’action publique.
- La complémentarité plutôt que la concurrence, notamment dans la gestion des affaires publiques, afin de maximiser les synergies et éviter les divisions.
- L’éthique et l’intégrité dans la gouvernance, afin de restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.
Des valeurs qui ont permis de dégager les quatre piliers sur lesquels vont reposer la refondation du modèle calédonien. « Ces piliers s’imposent comme des évidences à traiter dans cette trajectoire que nous établissons sur trois ans », a affirmé Louis Mapou.
- Le premier pilier concerne le concept du « vivre ensemble » qui doit être l’ambition première, centrale et collective de la Nouvelle-Calédonie. Il repose sur un socle commun : l’appartenance à ce pays et la volonté de lui donner une identité propre et singulière.
- Le second pilier concerne notre modèle économique et la volonté de le rendre compétitif et attractif en mettant en avant les richesses de la Nouvelle-Calédonie.
- Le troisième pilier est le pilier social qui nécessite aujourd’hui d’être repensé afin de pérenniser les systèmes de santé et de protection sociale, pour qu’ils puissent répondre aux besoins des générations actuelles et futures.
- Le quatrième pilier se concentre sur la question de la gouvernance avec l’ambition de rendre les institutions plus réactives, plus efficaces et plus proche des Calédoniens.
Des objectifs stratégiques clairs
Afin de travailler le plus efficacement possible, le gouvernement a défini, à partir des constats et des contributions récoltées, des objectifs stratégiques (OS) à atteindre dans chaque modèle. Ces objectifs seront remplis grâce à des mesures concrètes, dont certaines sont déjà en cours de réflexion ou d’application.
- Modèle économique
OS1 - Préserver un pouvoir d’achat décent
OS2 - Restaurer l’attractivité du territoire et la compétitivité de l’économie
OS3 - Libérer le financement de l’économie
OS4 - Adapter l’aménagement du territoire et les infrastructures aux besoins de la population
OS5 - Redéfinir le modèle de la filière nickel
OS6 - Grands travaux d’infrastructure
- Modèle santé et social
OS7 – Viabiliser le système de santé calédonien et le rendre efficient
OS8 - Maîtriser les dépenses de protection sociale
OS9 - Renforcer la politique de la famille
- Modèle institutionnel
OS10 – Rendre l’action publique plus performante
OS11 - Optimiser la répartition des compétences
OS12 - Promouvoir l’expression et la représentation de la société civile
- Modèle sociétal
OS13 - Construire une identité basée sur des valeurs et des pratiques communes et partagées et renforcée par un sentiment d’appartenance à la Nouvelle-Calédonie
OS14 - Adapter l’éducation, la formation et l’insertion au contexte contemporain
OS15 - Protéger et mettre en valeur les ressources naturelles
OS16 - Prévenir et s’adapter au changement climatique
Les perspectives du PS2R
Au lendemain de la conférence dédiée au plan, le gouvernement entend éditer un livret intégrant toutes les observations relevées lors de cet événement fédérateur. Il prévoit aussi de se déplacer dans les trois provinces afin de présenter le plan à la population, qui « doit absolument se l’approprier », comme a insisté le président Louis Mapou.
Il est également envisagé d’annexer le PS2R au débat d’orientation budgétaire pour l’année 2025, ce qui permettra notamment d’élaborer une série de scénarios prospectifs pour les trois années à venir. Par ailleurs, le gouvernement envisage d’entamer des discussions afin de mettre sur pied une convention de soutien de l’État, sur la base du PS2R, afin de s’assurer de pouvoir effectivement mettre en place les mesures nécessaires.
La mise en œuvre du PS2R fera l’objet d’un suivi régulier de la part du comité interinstitutionnel et de la commission des forces vives.