Les Kanak et le bagne : aux racines d’une histoire commune
C’est dans une atmosphère empreinte d’émotions que l’exposition « Les Kanak et le bagne », conçue par les associations Marguerite et Témoignage d’un passé, en partenariat avec les cabinets de la présidence du gouvernement et de Mickaël Forrest, en charge notamment de la culture, a été inaugurée, lundi 16 mai, à Fort Téremba et sur le site historique de l’Île Nou.
La déclaration de politique générale du Président Louis Mapou a trouvé un écho tout particulier parmi les associations Marguerite et Témoignage d’un passé qui œuvrent à la valorisation de l’histoire de Nouvelle-Calédonie. La volonté affichée du gouvernement d’accompagner « le processus d’appropriation historique et identitaire engagé en valorisant la contribution de toutes les communautés à l’histoire, à l’identité et à la culture, pour conforter le poteau central de la Nouvelle-Calédonie » est en effet à l’origine de ce projet, comme le précise Yves Mermoud, président de l’association Témoignage d’un passé.
Une histoire partagée
Avec l’association Marguerite, gestionnaire de Fort Téremba, dirigé par Manuel Cormier, ils ont conçu, en seulement cinq mois, l’exposition « Les Kanak et le bagne ». Elle aborde l’histoire du pénitencier sous un prisme inédit. En effet, comme aiment à le rappeler ces deux férus d’histoire calédonienne que sont Yves Mermoud et Manuel Cormier, « l’histoire du bagne n’est pas que l’histoire des blancs ». Le bagne représente « la racine d’une histoire partagée », par les Kanak notamment.
Lors des inaugurations respectives, à Fort Téremba, le matin, puis sur le site historique de l’île Nou, en soirée, les coutumes d’accueil ont permis de rappeler combien il était nécessaire de partager la connaissance du passé pour travailler à la refondation de l’avenir et aller vers toujours plus de vivre-ensemble. La date-même de l’inauguration n’a rien d’anodin puisque les Nations unies célébraient, ce 16 mai, la Journée internationale du vivre-ensemble en paix, une date évidemment symbolique.
Le chemin parcouru
C’est tout le propos de cette exposition qui retrace, à travers 21 panneaux, les liens tissés entre ces deux mondes depuis près de 160 ans. Elle raconte cette histoire faite de collaboration, d’oppositions, mais aussi d’unions à l’origine de descendances métissées et, enfin, d’une appropriation désormais assumée.
« Les Kanak et le bagne » contribue donc à valoriser et à permettre d’assumer cette histoire commune afin de « continuer de nous souvenir ensemble dans une démarche mémorielle de réconciliation », selon les mots du président Mapou. L’exposition a une portée pédagogique et l’ambition est de sillonner les communes du pays afin d’être présentée au plus grand nombre, et notamment aux scolaires.
Plusieurs spécialistes du sujet ont apporté leur contribution, tels qu’Emmanuel Tjibaou, Isabelle Amiot, Louis Lagarde ou Christophe Sand. Sans oublier Louis-José Barbançon, dont l’ouvrage de référence Le Mémorial du bagne calédonien a été une source d’inspiration majeure.
En plus des dimensions historique, identitaire et mémorielle de l’exposition, Marcel Unë, chef du cabinet de Mickaël Forrest, a souligné l’ambition touristique de ce projet. Il matérialise en effet la reconnaissance de cette histoire particulière du bagne calédonien et marque un premier pas vers l’inscription du bagne au patrimoine mondial de l’Unesco.
Une exposition en évolution
Grâce au concours du gouvernement, un site internet dédié à l’exposition est en cours de création afin de la rendre accessible au plus grand nombre.
Il est également prévu que les textes des panneaux soient traduits dans plusieurs langues vernaculaires du pays grâce au soutien de l’Académie des langues kanak.