Le développement durable dans l’assiette
Le développement durable dans l’assiette
03 mai 2017
Agriculture Économie Environnement et énergie Santé et social
Le projet Recettes bénéfiques a été lancé officiellement vendredi 28 avril, à l’EFPA (établissement de formation professionnelle des adultes). Son objectif : proposer aux professionnels de la restauration collective des recettes à base de produits locaux, bonnes pour la santé, respectueuses de l’environnement et peu couteuses pour, à terme, améliorer les habitudes alimentaires des Calédoniens.
Portée par le cluster Cap Agro NC et l’association Néo Food, et soutenue par le gouvernement et des aides européennes, cette démarche qui vise le "mieux-manger" entre aujourd’hui dans sa phase opérationnelle. Pendant les 18 prochains mois, un plan de formation sera déployé dans trois cuisines collectives pilotes (La Foa, Houaïlou, Lifou) pour former les chefs de cuisine à la réalisation de Recettes bénéfiques.
« Il s’agit d’un projet pays, innovant et d’intérêt général », a souligné le président du gouvernement Philippe Germain. Cher à la collectivité qui mène une politique de recherche de l’autosuffisance alimentaire, il « participe également à celle de la coopération régionale. » Autant d’atouts qui ont convaincu le gouvernement de porter les Recettes bénéfiques au rang de projet pilote de la stratégie de l’innovation de la Nouvelle-Calédonie, « qui doit être un moteur du progrès afin de créer de la richesse, des emplois durables et tendre vers une véritable souveraineté économique », a rappelé le président.
Logique
Les cantines calédoniennes préparent chaque jour 70 000 repas, générant des dépenses s’élevant à 1,8 milliard de francs. Des dépenses publiques conséquentes consacrées pour 85 % d’entre elles à l’achat de produits importés, alors que la production locale est régulièrement en situation de surproduction. Et qu’une croissance de la consommation de salades, tomates, courgettes ou concombres locaux, bruts et transformés, de seulement 5 % par an augmenterait de 120 millions de francs (+ 1 %) le chiffre d’affaires de la production agricole calédonienne.
« L’idée est d’orienter les achats vers les produits locaux, dans une logique de soutien à l’économie calédonienne, d’absorption des surplus de production et de diminution de l’empreinte écologique, explique Pierre-Henry Arsapin, président du cluster d’entreprises Cap Agro NC. A moyen et long terme, cette démarche doit favoriser la création d’emplois (par l’ouverture de légumeries, par exemple), mais aussi réapprendre aux Calédoniens à apprécier les produits de leur île et influencer leurs comportements alimentaires en faveur de choix plus sains. »
Cercle vertueux
Un cercle vertueux qui répond en tous points aux principes du développement durable : « Une dimension sociale, car les recettes bénéfiques participent au développement des filières locales ; un aspect économique puisque les flux financiers restent en Calédonie ; et un volet écologique qui correspond à la réduction des transports de marchandises », a souligné Efstratios Pegidis, chef du bureau de la délégation Pacifique de l’Union européenne qui, séduite par cette démarche novatrice, a accordé au porteur du projet, Cap Agro NC, une subvention d’environ 19 millions CFP (160 000 Euros), complétée par une aide d’environ 4,7 millions CFP (40 000 Euros) du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.
Top départ
« Aujourd’hui, après un an de gestation, le projet franchit un grand pas, s’est réjoui Gabriel Levionnois, initiateur des Recettes bénéfiques, chef de cuisine et président de l’association Néo Food, en contemplant l’assemblée nombreuses présente à ce déjeuner de lancement. Nous avons relevé un défi crucial qui était de réunir tous les acteurs de la chaîne : professionnels du secteur agro-alimentaire, institutions, scientifiques, etc. Maintenant, nous allons engager la formation des chefs de cuisines des trois cantines pilotes et lancer, en juillet, une plateforme numérique. » Cet outil collaboratif destiné aux professionnels proposera des Recettes bénéfiques, des tutoriels de réalisation, des conseils, etc. pour faciliter l’appropriation des recettes par les chefs de cuisine, en Calédonie et peut-être même au-delà. Car telles des abeilles travailleuses, les quelque 70 personnes qui ont travaillé jusqu’alors dans l’ombre au montage de ce projet voient plus loin et espèrent bien, selon Gabriel Levionnois, « polliniser » nos plus proches voisins du Pacifique
« Je suis l’avancée de ce projet depuis ses débuts. C’est une "bonne cause" qui rassemble des valeurs auxquelles je suis attaché : le bien manger - pour le bien-être autant que pour le plaisir -, la valorisation des produits locaux et des hommes qui en sont à l’origine, et la transmission, le partage. »
« J’adhère à 200 % à ce projet auquel je participe depuis ses balbutiements. Mon intervention concerne le champ de la formation. Pendant les 18 prochains mois, j’animerai des ateliers de deux jours, une fois par mois, dans les trois cantines pilotes pour former les cuisiniers à la réalisation des Recettes bénéfiques. »