Les actes de possession dans un coffre-fort aux archives
Remis par Emmanuel Macron au gouvernement collégial pendant sa visite officielle, les actes de prise de possession de 1853 reposent depuis le 5 mai au soir au service des archives de la Nouvelle-Calédonie (SANC). Ce dépôt de l’État doit prochainement faire l’objet d’une convention.
Juste après la cérémonie qui s’est déroulée au centre culturel Tjibaou, une passation plus technique s’est déroulée en coulisses entre Ingrid Waneux, la chef du service des archives de la Nouvelle-Calédonie, et le directeur des Archives nationales d’Outre-mer (ANOM). Benoît Van Reeth a en effet convoyé en personne depuis Aix-en-Provence les précieux documents conservés jusqu’à présent dans son service.
Le lundi qui a suivi la remise, lorsque la responsable des archives a présenté à son équipe les actes de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France – le premier signé à Balade le 24 septembre 1853, l’autre cinq jours plus tard à l’Île des Pins –, une grande émotion s’est dégagée. « Ce sont des documents fondateurs de notre histoire, souligne Ingrid Waneux qui avait déjà eu la chance de les consulter alors qu’elle était en stage aux ANOM. Mais de les voir ici, c’est différent. Le ressenti n’est pas le même ».
Conditions optimales de conservation
D’Aix-en-Provence à Nouméa, ces archives « en excellent état » ont retrouvé les mêmes conditions optimales de conservation, tant au niveau de la sécurité que de leur environnement. « Les normes à respecter sont une température comprise entre 18 et 22° C et un taux d’humidité dans l’air entre 35 et 45 %. Nous utilisons également un matériel de conditionnement spécifique qui est neutre, c’est-à-dire sans acidité, ce qui pourrait nuire au papier. » Les actes, placés dans des pochettes individuelles, toutes deux contenues dans une boîte, sont désormais bien à l’abri dans le coffre-fort réservé aux documents les plus anciens, à exemplaire unique ou isolés, lui-même installé dans le magasin sécurisé des archives territoriales situées à Nouville. Un véritable jeu de poupées russes !
Une convention en préparation
Encore identifiés par la cote des Archives nationales d’Outre-mer, les documents portent également la mention "non communicable". « Il s'agit d'un dépôt de l’État et non d'un don. Cela signifie que nous ne sommes pas propriétaires, mais responsables de la conservation de ces documents et de leur communication pour une durée et dans des conditions qui seront fixées par une convention. » Tant que celle-ci n’aura pas été signée entre les deux parties, le SANC ne peut répondre à aucune demande de communication ou de reproduction. Par la suite, les originaux, qui possèdent la qualité de « trésor national », ne sortiront probablement pas de leur coffre-fort protecteur, sauf circonstances exceptionnelles. Pour être, par exemple, exposés au public, si la convention le permet. Les usagers pourront consulter les versions reproduites en format numérique ou papier proposées par les archives de la Nouvelle-Calédonie.
Fragment d’un dossier
Les deux archives remises à la Nouvelle-Calédonie font en fait partie d’un dossier qui regroupe l’ensemble des actes relatifs à la prise de possession par la France sur l’ordre de Napoléon III. Ces documents ont été signés entre le 24 septembre 1853 et le 20 janvier 1855 avec plusieurs chefs de tribu dont ceux de Hienghène et Canala, alors que la mission commanditée par l'empereur effectuait le tour du territoire. Constitué de onze pièces, le reste de ce dossier est toujours conservé aux Archives nationales d’Outre-mer. Le service des archives de la Nouvelle-Calédonie en possède un jeu complet en format numérique qu’il met à la disposition des usagers sur demande.