Wolbachia, une bactérie contre la dengue

Wolbachia, une bactérie contre la dengue

03 mai 2019

Santé et social

Informer la population est une étape clé du World Mosquito Program dont la finalité est de préserver la santé en réduisant les épidémies de dengue, chikungunya, Zika et fièvre jaune (© WMP).

Informer la population est une étape clé du World Mosquito Program dont la finalité est de préserver la santé en réduisant les épidémies de dengue, chikungunya, Zika et fièvre jaune (© WMP).

À la fin du mois d’avril, près de 3 000 Calédoniens avaient contracté le virus de la dengue. Et si cette épidémie était la dernière ? Après avoir porté ses fruits dans plusieurs pays en matière de lutte contre les maladies transmises par les moustiques, le World Mosquito Program* est en Nouvelle-Calédonie, en partenariat notamment avec le gouvernement. L’objectif est de déployer la méthode Wolbachia à Nouméa, commune pilote.

Wolbachia, quèsaco ? Inoffensive, cette bactérie a la particularité, une fois introduite dans Aedes aegypti en laboratoire, de le rendre quasiment incapable de transmettre le virus de la dengue, mais aussi du Zika, du chikungunya et de la fièvre jaune. Une fois relâchés dans la nature, ces moustiques vont se reproduire avec les Aedes aegypti "sauvages" et transmettre la bactérie à leur descendance. Lorsque la majorité des moustiques est porteuse de Wolbachia, le risque d’épidémie devient faible. Cette méthode, développée par l’université de Monash à Melbourne, a été utilisée pour la première fois en 2011 en Australie et a été mise en place depuis dans dix autres pays (Indonésie, Vietnam, Brésil…), toujours avec succès et… l’accord de la population.

Sensibilisation

La convention signée en mars 2018 entre le gouvernement, l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, la Ville de Nouméa et l’université de Monash a permis de lancer la première phase des travaux par le World Mosquito Program (WMP). Estimation de la densité des moustiques dans plusieurs quartiers de la ville, introduction en laboratoire de la bactérie dans des Aedes aegypti locaux, suivi de leur reproduction… Tandis que l’équipe projet s’affaire sur le terrain et dans les labos, des outils de communication ont été déployés. Le slogan ? « Je ne suis pas dengue ! Je suis pour Wolbachia à Nouméa ». « L’approbation des Nouméens est nécessaire pour procéder aux lâchers de moustiques porteurs de Wolbachia, rappelle Magali Dinh, responsable communication et engagement communautaire du WMP à Nouméa. Nous souhaitons donc apporter toutes les clés à la population pour pouvoir statuer. Pour cela, il faut informer un maximum de monde, répondre aux interrogations et parfois aux craintes ». Au-delà de la campagne médiatique classique, la plus grosse partie de ce travail de communication consiste à aller à la rencontre des gens dans les lieux publics, les services de la mairie, les événements et bientôt dans les écoles « pour échanger en face à face ».  

Magali Dinh (à d.) est responsable communication et engagement communautaire du WMP Nouvelle-Calédonie, à Nouméa.

Magali Dinh (à d.) est responsable communication et engagement communautaire du WMP Nouvelle-Calédonie, à Nouméa (© WMP).

 

Premiers lâchers en juillet

De mi-mai à mi-juin, un sondage sera réalisé en porte à porte auprès d’un échantillon de 1 080 foyers répartis dans tous les quartiers de la capitale. Il s’agit de s’assurer que la population a bien entendu parler de la méthode Wolbachia et qu’elle soutient le programme. Celui-ci pourra alors entrer dans sa seconde phase : les lâchers de moustiques porteurs de la bactérie.  À partir du mois de juillet, cette opération sera renouvelée dans tous les quartiers de la commune, une fois par semaine durant six mois. Cette démarche est collaborative : les Nouméens seront sollicités pour participer. « En août et en septembre, des capsules d’œufs de moustiques porteurs de Wolbachia seront distribuées à travers les écoles de la ville. Les personnes volontaires devront les faire éclore à leur domicile », explique Magali Dinh. Autre action participative : des particuliers hébergent des pièges (230 répartis sur toute la commune) qui serviront au suivi et à l’évaluation de la population de moustiques porteuse de la bactérie, tandis que les agents de la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS) feront aussi un suivi épidémiologique. Les Nouméens seront tenus informés de chaque étape et des résultats du programme que d’autres communes pourront intégrer à l’avenir.

* Programme mondial de lutte contre les maladies transmises par les moustiques

Équipe multipartenariale
Composé d’une vingtaine de personnes, le groupe projet du WMP a pris ses quartiers dans l’ancien site du CHT Gaston-Bourret, à proximité du pôle entomologie de la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS). L’équipe comprend du personnel mis à disposition par chacun des partenaires : spécialistes de l’université de Monash qui sont venus en Calédonie pour suivre certaines étapes, agents de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, de la Ville de Nouméa (direction des Risques sanitaires) et du gouvernement. Ainsi, une épidémiologiste, un géomaticien et une assistante communication et engagement communautaire de la DASS ont rejoint les rangs du WMP. « Au-delà des personnels détachés, une réelle collaboration s’est mise en place avec les différents services de nos partenaires. Nos échanges sont quasi quotidiens », précise Magali Dinh

Contact public
N° Vert (appel gratuit) : 05 00 08
Email : contact.nc@worldmosquito.org
Facebook : World Mosquito Program Nouvelle-Calédonie à Nouméa

 

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