Un budget supplémentaire hors du commun
Lors de sa réunion hebdomadaire du mardi 11 août, le gouvernement a adopté à l’unanimité le budget supplémentaire 2020 de la Nouvelle-Calédonie qui sera soumis au Congrès début septembre. Un budget "extraordinaire" qui reflète l’impact sanitaire, économique et financier auquel fait face la Nouvelle-Calédonie depuis mars 2020.
« D’ordinaire, le budget supplémentaire permet d’ajuster les comptes en tenant compte des reports de l’année précédente. Mais pour ce budget supplémentaire 2020, une réorganisation complète a été nécessaire afin d’absorber le choc de la crise sanitaire », a commenté le membre du gouvernement en charge du budget et des finances, Yoann Lecourieux. Dispositif de chômage partiel renforcé, quatorzaine hôtelière, rapatriements, personnel de renfort… La crise sanitaire a coûté très cher à la Nouvelle-Calédonie qui a vu, dans le même temps, ses recettes fiscales diminuer de 8,6 milliards de francs. En cause, le rendement plus bas qu’espéré de la taxe générale sur la consommation, mais aussi de diverses autres taxes, victimes du ralentissement de l’activité économique. « Le Covid-19 a fait exploser les comptes de la Nouvelle-Calédonie », a résumé le membre du gouvernement.
Des mesures de sauvegarde rendues possibles grâce à l’emprunt AFD
La complexe équation de l’équilibrage du budget a trouvé sa solution dans l’emprunt de 28,6 milliards de francs contracté par la Nouvelle-Calédonie et garanti à 100 % par l’État. Cette somme a en effet été affectée prioritairement au financement du chômage partiel, à la compensation du report et des pertes des cotisations fiscales et sociales, et au versement des dotations aux collectivités publiques de la Nouvelle-Calédonie (provinces et communes). Elle a également permis le financement des dépenses exceptionnelles liées à la situation sanitaire, telle que la quatorzaine. De quoi permettre à la Nouvelle-Calédonie « d’assumer ses dépenses jusqu’à la fin de l’année, tout en maintenant un niveau d’investissement suffisant », a détaillé Yoann Lecourieux. Par ailleurs, une partie de cette somme (3,8 milliards de francs) ira combler le déficit du Ruamm.
« Nous n’avons plus de temps à perdre »
Dans ce contexte, la relance de l’économie et la poursuite des réformes constituent plus que jamais les priorités du gouvernement. Un plan de relance est actuellement en préparation et l’investissement continuera d’être encouragé, en particulier via les projets cofinancés par les contrats de développement (lire l’encadré).
Du côté des réformes, le travail engagé va se poursuivre « et même s’accélérer car nous n’avons plus de temps à perdre », a indiqué Yoann Lecourieux. Trois sujets sont au programme : la maîtrise des dépenses de la collectivité, la préparation de la loi du pays de programmation fiscale et la réforme globale du système de protection sociale calédonienne.
Le budget supplémentaire en chiffres
- Budget annexe de reversement : 4,09 milliards de francs
- Budget annexe de répartition : 7,69 milliards
- Budget principal : 13,71 milliards
Le budget supplémentaire fait passer le budget global de la Nouvelle-Calédonie à 117 milliards (y compris les opérations d’ordre), contre 66,5 milliards en 2019.
L’investissement boosté par les contrats de développement
La renégociation des contrats de développement avec l’État a permis de prolonger leur durée d’une année et d’alléger la prise en charge par la Nouvelle-Calédonie de près de 5 milliards de francs sur les deux prochaines années. En effet l’Etat s’était engagé, lors du comité des signataires d’octobre 2019, à inscrire de nouveaux projets dans les contrats existants. Parmi ces projets figurent le développement de l’aérogare de Wanaham, la rénovation des lycées Jules-Garnier et Escoffier ou encore celle de la bibliothèque Bernheim. Au global, sur la période 2017-2022, le contrat Etat/Nouvelle-Calédonie représente un montant total de 18,8 milliards et le contrat de développement inter-collectivités un montant de 10,4 milliards.