La pirogue de la deuxième chance

La pirogue de la deuxième chance

19 juin 2019

Sécurité et prévention Jeunesse et sports Culture

Meryemana, qui va être rénovée dans le cadre d’un chantier éducatif par des jeunes en difficulté, suivis par la DPJEJ, est une reconstitution de pirogue double de l’île des Pins.

Meryemana, qui va être rénovée dans le cadre d’un chantier éducatif par des jeunes en difficulté, suivis par la DPJEJ, est une reconstitution de pirogue double de l’île des Pins.

La pirogue Meryemana a pris ses quartiers le 18 juin sur le site des ateliers de jour de la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ) jusqu’à fin août. Des mineurs, confiés à la DPJEJ, vont s’attacher à lui redonner de sa superbe dans le cadre d’un chantier éducatif. Sûrement le plus important en termes de temps et d’intervenants parmi ceux menés à ce jour par la direction du gouvernement.   

Dès mercredi matin, à 7 h 30, un petit groupe de jeunes a fait ses premiers pas auprès de la pirogue Meryemana. La veille, la magnifique embarcation, d’une longueur de 15 mètres pour environ 5 tonnes, a été remorquée de la baie de l’Orphelinat et grutée devant un atelier de la DPJEJ à Nouville en présence de tous les partenaires du projet. Initiée par les associations Vakalédonie et Kenu One Project, cette opération a été proposée à la DPJEJ afin  que des jeunes en difficulté puissent participer à la réfection et « réparer ce qui a été abîmé pour en faire quelque chose de beau ». « C’est une action importante pour la jeunesse, très connectée aux réseaux sociaux, mais qui a aussi besoin de se reconnecter à ses racines », a souligné Didier Poidyaliwane qui représentait le gouvernement. C’est une chance de pouvoir renouer avec votre culture et vos valeurs, et d'aider à la sauvegarde du patrimoine culturel du pays », a-t-il lancé aux jeunes qui, pour l’heure, jouaient les timides.

Le lancement du chantier s’est déroulé en présence des services de la DPJEJ, des associations Vakalédonie et Kenu One Project et de représentants des institutions.

Le lancement du chantier s’est déroulé en présence des services de la DPJEJ, des associations Vakalédonie et Kenu One Project et de représentants des institutions.

Plus de 25 jeunes mineurs

Durant les sept prochaines semaines, plus de 25 jeunes mineurs au total, filles et garçons âgés de 14 à 17 ans, prendront part à la rénovation de Meryemana sous la responsabilité des éducateurs de la DPJEJ. Certains sont confiés à la direction dans le cadre de la protection de l’enfance, d’autres en suivi judiciaire, placés dans des foyers ou accueillis en milieu ouvert. Quelques-uns bénéficieront d’un aménagement de peine pour pouvoir aller sur le chantier. « Le but est de développer un savoir-être et des savoir-faire avec des tâches bien définies – travail du bois, carénage, sculpture… – le tout encadré par des techniciens. Un charpentier, compagnon du devoir, réalisera le gros œuvre et des intervenants extérieurs viendront à la rencontre des jeunes pour échanger sur la dimension culturelle de la pirogue, notamment par l’intermédiaire de l’association Kenu One Project », se félicite Jéna Bouteille, directrice de la DPJEJ qui met aussi en avant la dimension interservices donnée à ce chantier.

Renaissance

À l’image des jeunes qui vont embarquer dans cette belle aventure, la vie de Meryemana n’a pas été un long fleuve tranquille. Coups d’ouest, dégradations, usagers peu scrupuleux… Son histoire mouvementée, contée par Philippe Naudin, président de l’association Vakalédonie et propriétaire de l’embarcation, fait qu’au bout de dix ans, elle nécessite une réfection générale : réparation du pont, consolidation d’une poutre, carénage, peinture des coques, rénovation du mat, décoration, etc. « Ce projet est une renaissance et une deuxième chance pour la pirogue, mais aussi pour les jeunes qui peuvent s’enrichir au niveau culturel et technique. Il faut qu’ils soient fiers de contribuer à cette réalisation et qu’ils puissent en tirer quelque chose pour eux », a souhaité Philippe Naudin dont l’association va assurer la conduite des travaux. Pour Jonathan Tikoure, président de Kenu One Project, c’est également un moment important : « Notre jeune association travaille à faire revivre les techniques de construction et les savoirs liés à la navigation en haute mer avec des pirogues comme celle-ci. »

Après les travaux de peinture des murs tagués du musée de Nouvelle-Calédonie en 2017 et l’embellissement des docks du Marché de gros de Ducos en 2018, ce chantier éducatif est un nouveau challenge pour la DPJEJ qui a pour objectif l'insertion professionnelle ou la re-mobilisation scolaire des mineurs. Lors de la mise à l’eau de la pirogue – prévue le 4 septembre – il y a fort à parier que les jeunes participants seront cette fois aux premières loges…

Construite à Païta et mise à l’eau en mai 2009, Meryemana est une pirogue de type « ndrua » ou « drua » fidjien. Elle peut transporter jusqu’à 30 passagers !

Construite à Païta et mise à l’eau en mai 2009, Meryemana est une pirogue de type « ndrua » ou « drua » fidjien. Elle peut transporter jusqu’à 30 passagers !

 

La grande pirogue du Vanuatu

La DPJEJ s’associera aussi à la deuxième action programmée par l’association Kenu One Project dans le cadre d’un projet nommé « Vanua Melanesian Tour », qui vise à faire renaître l’art de la pirogue de haute mer, en Nouvelle-Calédonie. Les jeunes mobilisés lors du chantier éducatif participeront à l’accueil de la grande pirogue du Vanuatu, menée par l’équipage Okeanos, dont l’arrivée est prévue le 8 juillet, à Nouméa. Ils se rendront au centre culturel Tjibaou où elle sera exposée. Enfin, ils prendront part aux festivités organisées pour son départ, le 18 juillet, à l’occasion du jeudi du centre-ville sur le thème des produits vivriers.

 

 

 

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