La JDC, c’est aussi en prison

La JDC, c’est aussi en prison

17 août 2018

Éducation et formation Jeunesse et sports

Un test de français fait partie des séquences qui rythment la JDC. Il permet notamment de détecter les « décrochés » scolaires.

Un test de français fait partie des séquences qui rythment la JDC. Il permet notamment de détecter les « décrochés » scolaires.

Une journée défense et citoyenneté (JDC) était organisée au centre pénitentiaire de Nouville mardi 14 août. Huit mineurs de 17 ans, suivis par la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ), étaient convoqués pour valider cette étape obligatoire du parcours citoyen.

 

Journée inhabituelle pour sept jeunes incarcérés dans le quartier des mineurs du Camp-Est. Ils étaient convoqués pour suivre la journée défense et citoyenneté obligatoire, organisée par le Centre du service national en Nouvelle-Calédonie (CSN-NC). « Le programme de cette JDC en milieu carcéral est un peu allégé par rapport à la JDC habituelle, pour mieux correspondre au public », précise Thierry Mauhourat, du CSN-NC, qui dirigeait cette session. La journée défense et citoyenneté promeut l’esprit de défense et le devoir de mémoire auprès des jeunes, quels qu’ils soient. S’agissant des jeunes incarcérés, elle leur garantit aussi l’accès au droit et à l’information, et contribue à lutter contre l’illettrisme et le décrochage scolaire, grâce à des tests d’évaluation, suivis d’entretiens individuels. « Il s’agit de donner des pistes d’insertion à ces jeunes », note Thierry Mauhourat.

Dans une salle du quartier des mineurs, le test de français se termine. Pendant 30 minutes, les garçons sont restés concentrés devant la succession de diapositives, actionnant la petite manette électronique pour répondre à chaque question du QCM. L’un d’eux, mal-voyant, était assisté par un éducateur. Au bout du test, les jeunes soufflent, les chaises s’agitent. « C’était pas dur », lance l’un d’eux.

Formation, emploi, insertion

Le sergent-chef Cyril Stoecklin, encadrant animateur, s’avance. La séquence information jeunesse citoyenne va commencer. « C’est quoi pour vous être inséré dans la vie active ? » lance-t-il. Les réponses fusent : « essayer d’obtenir un diplôme », « avoir un emploi », « gagner de l’argent »… Le public est réactif, l’animateur n’a plus qu’à enchaîner sur la présentation des dispositifs d’aide à l’insertion des jeunes, comme la MIJ. « C’est pour aider les jeunes à arrêter de fumer », tente un grand gaillard. « Mais non c’est pour trouver un travail ! », le corrige un autre, « pour trouver une formation, faire des lettres de motivation… » Les jeunes semblent déjà plutôt bien informés. L’animateur reprend la main puis actionne un petit film de présentation, avant de passer au dispositif de formation du RSMA, qui, là aussi, rencontre des échos positifs dans l’assistance. Les informations essentielles sont données, ponctuées de questions. « Et si on a un casier judiciaire, on peut rentrer ? » s’inquiète un des garçons. « Ça dépend, c’est au cas par cas », lui répond-on. Services de l’emploi, apprentissage, office de la main-d’œuvre… toutes les pistes sont évoquées. Et même le don du sang et le don d’organes, pour terminer sur une note solidaire.

Christopher Gygès, membre du gouvernement, et le lieutenant-colonel Eric Plantecoste, directeur du CSN-NC, ont remis leur diplôme aux mineurs incarcérés.

Christopher Gygès, membre du gouvernement, et le lieutenant-colonel Eric Plantecoste, directeur du CSN-NC, ont remis leur diplôme aux mineurs incarcérés.

 

« C’est un bon groupe, ils sont plus calmes et réceptifs que l’an dernier », fait remarquer un des encadrants. Après la pause déjeuner, l’activité défense les attend, avec notamment une présentation de matériels – un moment toujours apprécié – et des métiers de la défense. A l’issue de la journée, Christopher Gygès, membre du gouvernement notamment en charge de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, est venu procéder à la remise des certificats individuels de participation à la JDC. Un geste symbolique qui clôt une journée décidément pas comme les autres, au Camp-Est.

Une convention depuis 2017

C’est la deuxième année consécutive que la JDC se déroule au Camp-Est, grâce à une convention signée le 17 mars 2017 entre le CSN-NC, la DPJEJ, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) et le centre pénitentiaire. Cette convention prévoit l’organisation de JDC, soit dans le cadre d’une permission de sortie pour les jeunes détenus suivis par la DPJEJ (mineurs) et le SPIP (jeunes majeurs), soit à l’intérieur du centre pénitentiaire. Depuis 1997 et la suspension du service national obligatoire, tous les jeunes Français sont soumis à un parcours de citoyenneté. Environ 5 000 jeunes Calédoniens y participent chaque année.

 

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