Les 1 000 premiers jours, « là où tout commence »

Les 1 000 premiers jours, « là où tout commence »

20 décembre 2023

Santé et social Société

Isabelle Champmoreau et Louis Le Franc, ont animé une conférence de presse au gouvernement.

Isabelle Champmoreau et Louis Le Franc, ont animé une conférence de presse au gouvernement.

Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement chargée des questions inhérentes à la famille, à l’égalité des genres et à la lutte contre les violences conjugales et Louis Le Franc, haut-commissaire de la République de la Nouvelle-Calédonie, ont animé une conférence de presse lundi 18 décembre 2023, afin de présenter les actions engagées par le gouvernement en faveur du développement de l’enfant dans le cadre des 1000 premiers jours de vie.

On sait aujourd’hui que les premières années de la vie sont déterminantes non seulement pour le développement de l’enfant mais aussi pour la santé globale de l’adulte qu’il deviendra. Ainsi, le concept lancé par l’Unicef des « 1000 premiers jours » - qui va de la conception aux deux premières années de l’enfant - permet d’envisager une approche globale de la santé de la mère et de l’enfant pour promouvoir des environnements favorables au développement harmonieux du fœtus et du nouveau-né.

« C’est un concept avec des preuves à l’appui sur le développement du cerveau de l’enfant et les connexions neuronales. Tout ce qui  est positif et négatif durant cette période en termes de motricité, d’alimentation et de stimulation par l’entourage, a des conséquences importantes sur la santé physique et mentale, tout au long de sa vie », a affirmé Isabelle Champmoreau.

Conscient de la nécessité de promouvoir sans relâche la santé et le bien être des femmes et des enfants, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie s’associe au projet national « 1000 premiers jours de vie » qui est piloté par le ministère des solidarités et de la santé depuis 2021.

Cette démarche intervient également en convergence des orientations du Grenelle contre les violences conjugales qui a été décliné sur l’ensemble du territoire, sous l’égide du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et du haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie.

L’une des orientations prioritaires du Grenelle est : « la meilleure prise en compte des enfants victimes et/ou témoins de violences conjugales et intrafamiliales. »

Ainsi, dans le cadre de sa politique consacrée à la famille, à la santé et à la lutte contre les violences intrafamiliales, le gouvernement a mis en place depuis 2022 un programme d’actions « 1000 premiers jours de vie ». Ce programme est en partie soutenu en 2023 par une subvention accordée par le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie, pour un montant de 9 378 520 francs. « C’est un projet innovant qui permet de rappeler aux parents leur devoir d’exemplarité vis-à-vis de leur enfant. C’est donc un excellent angle d’attaque pour permettre d’éviter la reproduction de certains schémas, notamment ceux liés à la violence au sein des familles », a indiqué le haut-commissaire Louis Le Franc.

Près de 4 000 bébés calédoniens chaque année

Selon l’Institut de la statistique et des études statistiques de Nouvelle-Calédonie (ISEE-NC), 3 960 bébés sont nés en moyenne en Nouvelle-Calédonie ces quatre dernières années. De nombreux dispositifs de soins, sociaux, éducatifs et culturels existent sur le territoire pour contribuer à leur développement et à leur bien-être. Les soins maternels et infantiles sont dispensés sur l’ensemble du territoire par les structures hospitalières, les professionnels de santé libéraux et dans les dispensaires. Les sages-femmes sont des professionnels de santé indispensables et leur travail au service de la santé des femmes et des nourrissons durant cette période particulière qu’est la grossesse et le post-partum est à souligner.

Plusieurs associations, soutenues par les pouvoirs publics, sont fortement engagées pour venir en aide aux parents et aux familles de nouveaux nés, notamment les plus fragiles. La Nouvelle-Calédonie dispose également d’un réseau périnatal de Nouvelle-Calédonie « Naitre en NC » qui existe depuis 17 ans et dont l’objectif est de contribuer à la qualité de la prise en charge médico-sociale en périnatalité.

Des actions innovantes en 2023 dans le cadre de la convention avec le haut-commissariat

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a déployé des actions innovantes en faveur du développement de l’enfant dans le cadre des 1000 premiers jours de vie. « Notre volonté, comme sur d’autres sujets et d’avoir une culture commune qui inclut les professionnels de santé, les parents et les personnels de crèches et bientôt le monde de l’enseignement », a ajouté la vice-présidente du gouvernement.

Le livret de la parentalité sera diffusé dès le mois de janvier 2024.

Le livret de la parentalité sera diffusé dès le mois de janvier 2024.

  • Le livret de la parentalité sera diffusé dès le mois de janvier 2024. Destiné aux futurs parents, il leur apporte conseils et informations utiles pendant et après la grossesse. C’est également un outil de coordination interprofessionnelle pour le suivi de grossesse. Ce livret contient les volets à faire signer par un professionnel de santé pour attester de la réalisation des consultations médicales indispensables pour bénéficier des allocations de maternité pré et postnatales.
  • Un large programme de formation continue à destination des professionnels de la petite enfance est déployé sur le territoire depuis 2022. Le thème de ces formations est « le repérage et l'accompagnement des troubles du neuro-développement chez l’enfant ». Cette problématique est un sujet central dont le gouvernement s’est saisi afin d’améliorer la prise en charge des familles concernées et de réduire les inégalités de santé.
  • Un appel à projets a permis de retenir neuf projets de promotion des environnements favorables au développement harmonieux du fœtus et du nouveau-né, de soutien à la parentalité et de la lutte contre les inégalités. Ces projets sont dispensés auprès des femmes enceintes (particulièrement les futures mères en situation d’isolement), des couples pendant la grossesse, des jeunes parents (notamment les femmes en situation de congé de maternité) et des jeunes enfants de 0 à 2 ans (particulièrement ceux en situation de vulnérabilité sociale). Les projets seront déployés sur la fin d’année 2023 et le premier semestre 2024.
  • Une campagne de communication visant l’ensemble de la population adulte est en cours d’élaboration et sera diffusée en 2024. Son objectif est de sensibiliser le grand public au sujet de la dépression du post-partum, qui est encore trop peu souvent diagnostiquée et prise en charge.

 

•	Un appel à projets a permis de retenir neuf projets de promotion des environnements favorables au développement harmonieux du fœtus et du nouveau-né, de soutien à la parentalité et de la lutte contre les inégalités.

Neuf projets ont été retenus dans le cadre de l'appel à projets.

 

Des évolutions réglementaires

Plusieurs évolutions réglementaires sont portées par le gouvernement dans le cadre de la loi du pays favorisant l’égalité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes (LP n°2023-3 du 26 mai 2023). Ces évolutions visent à améliorer les conditions de vie et de travail des femmes et des familles pendant les 1000 premiers jours de vie.

Afin de garantir la présence des pères et second parents auprès de leur enfant et de leur conjointe, le tout premier congé de paternité ou du second parent a été créé en Nouvelle-Calédonie. Ce congé, d’une durée de 11 jours calendaires ou 14 jours calendaires en cas de naissances multiples, pourra être pris dans un délai de six mois après la naissance et sera assimilé à une période d’activité pour l’acquisition ou l’appréciation de droits aux assurances retraite, maladie et chômage. Ce congé donne lieu au droit de percevoir une indemnité journalière de congé de paternité ou de second parent.

Un aménagement est également apporté pour le congé de maternité avec l’allongement à six mois du congé de repos maternel à partir du troisième enfant et la possibilité pour les mères de  fractionner leur temps de repos maternel pendant deux ans et neuf mois après l’accouchement. En cas de naissance prématurée, la mère bénéficie d’un congé allongé partant de la date de naissance effective jusqu’au début du congé maternité prévu.

La Nouvelle-Calédonie, par le biais de sa direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS), soutient par ailleurs l’action des 52 établissements d'accueil de petite enfance qui accueillent 2 500 enfants sur tout le territoire.

Enfin, pour garantir le meilleur accès aux consultations médicales périnatales du nourrisson, les deux premières consultations postnatales, indispensables pour percevoir les allocations postnatales, pourront être couvertes à 100 % par la CAFAT comme le sont les consultations de grossesse. Et, afin de soutenir l’allaitement sur le lieu de travail, le gouvernement va proposer de modifier son code du travail.

Les projets pour 2024

Afin de bénéficier d’une vision large et partagée des enjeux en matière de périnatalité, le gouvernement, avec le soutien du haut-commissariat, envisage la mise en œuvre de l’étude nationale périnatale en Nouvelle-Calédonie. Cette étude porte sur l’état de santé des mères, des nouveau-nés et des enfants de moins de 3 ans. Les questions importantes qui se posent en Nouvelle-Calédonie concernent la consommation de produits psychoactifs pendant la grossesse, la surveillance anténatale, l’état de santé des nouveau-nés, la santé mentale des femmes en post-partum et la fréquence de  l'allaitement maternel. 

Le gouvernement souhaite aussi poursuivre le déploiement d’un plan de formation pluri-professionnel afin de renforcer le repérage et la prise en charge :

  • des enfants présentant des troubles du neuro-développement ;
  • du diabète gestationnel ;
  • de la dépression du post-partum ;
  • des situations de violences en périnatalité ;
  • des addictions pendant la grossesse.

 

De plus, afin de lutter contre le fléau de l'obésité infantile qui est déjà présente en Nouvelle-Calédonie comme dans tous les pays et territoires du Pacifique Sud, le gouvernement ambitionne de promouvoir fortement l’allaitement maternel et les bonnes pratiques alimentaires chez le nourrisson et le petit enfant.

À travers ces différentes actions, il est envisagé la création d’un label « 1000 jours de vie », qui pourrait être adopté par les structures d'accueil de petite enfance afin de promouvoir ce concept auprès des familles calédoniennes. La labellisation des structures permettra aux familles d’être assurées que le développement et le bien-être de leur enfant est au centre des soins qui lui sont apportés et de les rendre les meilleurs acteurs de cette démarche globale.

L’importance des 1000 premiers jours de vie

Toutes les politiques de santé intègrent désormais des programmes spécifiques à cette période essentielle du développement de l’enfant.

Les 1000 premiers jours, c’est un tout qui unit les temps d’avant et d’après la naissance, jusqu’au seuil de l’école maternelle. C’est un concept scientifique mettant en évidence une période clé pour le développement de l’enfant : sa santé, son bien-être et celui de ses parents. Pendant cette période, le cerveau de l’enfant se développe plus qu’à tout autre moment. C’est le moment de poser avec lui certaines des fondations de sa vie, pour lui et pour l’adulte qu’il deviendra.

En 2020, le rapport de la commission d’experts présidée par le docteur Boris Cyrulnik  a permis d’identifier les facteurs favorables au développement de l’enfant et les leviers d’actions possibles afin d’investir davantage l’accompagnement des familles tout au long des 1000 premiers jours.

En effet, cette période est aussi le moment clé pour agir contre les inégalités sociales de santé et leur reproduction.

La période périnatale est aussi un temps de bouleversements et de vulnérabilités, au cours duquel l’enfant est particulièrement sensible à son environnement et aux évènements de vie. Pour les parents, c’est aussi un temps de profonds changements, qui peuvent être sources de fatigue et d’émotions négatives. L'arrivée du premier enfant peut malheureusement voir débuter ou s’accentuer  des violences conjugales dans un phénomène d’emprise.

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