Réduire les inégalités professionnelles hommes-femmes
La direction du Travail et de l’emploi proposait, jeudi 22 octobre, une conférence sur l’égalité professionnelle réelle entre les femmes et les hommes. Au programme, une mise en lumière des inégalités de genre encore existantes dans le monde du travail, mais aussi une présentation de l’avant-projet de loi qui vise à franchir une nouvelle étape de l’égalité professionnelle.
En Nouvelle-Calédonie, il existe à l’heure actuelle un hiatus entre la législation qui semble garantir une égalité entre les hommes et les femmes au travail et son application sur le terrain. Cette réalité, mise en évidence par les derniers rapports produits pour l’Organisation internationale du travail justifie la nécessité d’un texte de loi dont les motivations principales ont été évoquées lors de la conférence.
Il s’agit de mettre fin aux inégalités professionnelles persistantes, de lutter contre les discriminations, le sexisme au travail et les écarts de rémunération et enfin de faire en sorte que la vie familiale ne soit plus un obstacle à l’épanouissement professionnel des femmes et des hommes.
Des enjeux économiques mais surtout sociaux
« La mixité sur le lieu de travail est un facteur important de performance économique dans les entreprises », a rappelé Jean-Louis d’Anglebermes, membre du gouvernement en charge des secteurs du travail, de l’emploi et du dialogue social. « Mais il serait dommage de limiter ce projet aux enjeux financiers, a-t-il ajouté. Il est aussi question de résilience sociale. Aucune société, basée sur des inégalités, ne peut perdurer. Le monde change, et dans le bon sens. À nous d’évoluer au même rythme afin de garantir le bien-être de nos citoyens. »
Pour ce faire, un encadrement législatif est bien évidemment nécessaire, mais il est aussi question de changer les mentalités et de les faire évoluer. À l’école, au travail, dans les communautés religieuses et coutumières mais aussi à la maison, il est important que la place de la femme soit revisitée.
Des femmes qui s’investissent
Évoquant un combat de dignité, Valentine Eurisouké, membre du gouvernement en charge notamment de la condition féminine, a tenu à souligner une présence grandissante des femmes sur le marché du travail. « L’augmentation de la population féminine active est une perspective encourageante. Ce qui l’est moins, a-t-elle déploré, ce sont les inégalités professionnelles persistantes entre les hommes et les femmes et ce, malgré une meilleure réussite scolaire des femmes et un niveau de formation professionnelle en constante progression. »
Cette disparité s’illustre par une surreprésentation des femmes dans des emplois précaires et moins bien rémunérés, mais aussi par un écart de salaire pouvant atteindre jusqu’à 15 % de différence entre un homme et une femme ayant le même niveau d’études.
Valentine Eurisouké a, par ailleurs, souhaité rappeler la part disproportionnée des tâches liées au bon fonctionnement d’une famille, assumées par les femmes et pouvant porter atteinte à leur évolution professionnelle. « Pour parer à ces inégalités, la promotion de ce texte de loi est d’une importance capitale et doit s’appuyer sur deux grands principes, a-t-elle déclaré. L’égalité des droits, qui interdit toute discrimination entre les hommes et les femmes, et l’égalité des chances, qui vise à remédier aux stéréotypes de genre. »
Les diverses formes d’inégalités
Pour mieux comprendre l’importance d’un projet de loi en faveur de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes au travail, la directrice du Travail et de l’emploi, Magda Bonal-Turaud a détaillé les formes d’inégalités rencontrées dans l’environnement professionnel. « En premier lieu, il y a le sexisme. Il peut-être ouvertement hostile, masqué et subtil ou encore ambivalent, c’est-à-dire à la fois bienveillant mais renforçant des stéréotypes de genre, a-t-elle expliqué. Deuxièmement, il y a les écarts de rémunération importants et exclusivement en défaveur des femmes, qui s’opposent alors même que les femmes ont un niveau de qualification globalement plus élevé que celui des hommes. À cela vient s’ajouter la précarité des emplois, mais aussi le manque de mixité des métiers pratiqués par les femmes. »
À l’heure actuelle, la moitié des femmes actives se concentre dans seulement douze familles professionnelles sur quatre-vingt-sept et représentent jusqu’à 98 % des aides à domiciles, aides ménagères, assistantes et secrétaires.
L’articulation des temps de vie a, en outre, été évoquée par Magda Bonal-Turaud qui a mis en lumière un ralentissement constaté dans la carrière des femmes entre 25 et 35 ans, soit l’âge correspondant à l’arrivée d’enfants dans une famille. De ce fait, des aménagements de temps, tels que l’adaptation du congé de maternité pour une naissance prématurée ou encore la possibilité d’un congé de naissance de mille jours maximum partagé entre le père et la mère, sont envisagés.
Des outils pour les entreprises
Au cours de cette conférence, la DTE a présenté de nouveaux outils qui ont pour objectif d’aider à mesurer l’égalité professionnelle au sein des entreprises. Feuilles de calculs, questionnaires d’enquête, charte, tout a été mis en œuvre pour accompagner les entreprises dans leur lutte contre l’inégalité des genres.
Ces outils sont disponibles en libre accès, sur le site de la DTE.