La centrale au gaz sur les rails

La centrale au gaz sur les rails

25 janvier 2018

Économie Environnement et énergie

Les quatre cheminées de la centrale électrique au fioul lourd devraient avoir cessé de fumer d’ici à cinq ans.

Les quatre cheminées de la centrale électrique au fioul lourd devraient avoir cessé de fumer d’ici à cinq ans.

Le gouvernement a adopté un avant-projet de loi du pays relatif au financement de la future « centrale Pays » au gaz naturel liquéfié, de Doniambo. Indispensable aux besoins en électricité du pays et au fonctionnement de l’usine de la SLN, la construction de cette centrale s’intègre dans le Schéma de transition énergétique (STENC) adopté par le Congrès le 23 juin 2016.

« Cette fois, c’est parti ! Après en avoir discuté pendant des années, le projet de la nouvelle centrale de la SLN au gaz est lancé. Il entre dans le concret, avec ce premier texte législatif. C'est une bonne nouvelle pour le pays, les Calédoniens et l'environnement. » Porte-parole du gouvernement, notamment en charge de l’énergie, Nicolas Metzdorf s’en réjouit.

Mise en service en 1972, la centrale B au fioul lourd de Doniambo est aujourd’hui en fin de vie. Celle qui fournit depuis plus de quarante-cinq ans l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement de l’usine métallurgique de la Société Le Nickel (SLN) ne répond plus aux standards industriels et environnementaux. Elle s’avère polluante et coûteuse. Son arrêt est prévu pour 2023.

Depuis plus de dix ans, les études se sont succédé pour tenter de finaliser un projet fiable, techniquement et financièrement, afin de la remplacer. L’option d’une centrale au charbon proposée par la SLN en 2006 a finalement été abandonnée en 2016 au profit d’une centrale à gaz.

Le « combustible de la transition énergétique »

La technologie la plus appropriée pour atteindre des objectifs de propreté, de coût, de disponibilité et de complémentarité avec le développement des énergies renouvelables repose aujourd’hui sur le gaz naturel liquéfié (GNL), appelé « combustible de la transition énergétique ».

Comparé à la situation actuelle, l’utilisation du GNL entraînerait une annulation totale des émissions de SO2,  diviserait par 14 les émissions d’oxyde d’azote et de poussières. Quant à celles de CO2, elles diminueraient de 950 000 t à 440 000 t par an, soit une baisse de 54 %.

Ce projet doit satisfaire intégralement les besoins de la SLN (160 MW) et compléter la fourniture en énergie de la distribution publique (40 à 60 MW). La mutualisation des besoins de la distribution publique avec ceux de la SLN dans la future centrale « Pays » induit également la réduction des coûts d’investissements et l’optimisation de la taille des moyens de production, alors que l’électricité sera achetée par le réseau public à un prix inférieur au prix actuellement payé à la SLN.

Une nouvelle filière énergétique

« Cet avant-projet de loi du pays va permettre de développer une nouvelle filière énergétique en Nouvelle-Calédonie », poursuit Nicolas Metzdorf. En effet, la création d’une unité de stockage et de regazéification de gaz naturel devrait favoriser de nouvelles activités. Les véhicules de transport en commun (SMTU, SMTI) pourraient ainsi privilégier des motorisations au GNL, à la place de moteurs alimentés au gazole nettement plus polluants. Il serait également possible d’avitailler certains navires en GNL, d’assister à la création d’unités de méthanisation (déchets, boues de STEP, méthanisation agricole, etc.) ou de valorisation de micro-algues vendant du gaz naturel, ou encore d’envisager la construction d’un réseau de froid (data center, entrepôts frigorifiques, etc.) à travers la vente du froid généré par l’unité de regazéification à des entreprises installées près de la centrale. Diverses réalisations qui pourraient faire l’objet d’incitations financières dès lors qu’elles engendreraient, pour le pays, de nouvelles diminutions d’émissions de gaz à effet de serre.

« La Nouvelle-Calédonie apportera sa part à la construction de la centrale au gaz, indique le porte-parole du gouvernement. Elle sera représentée dans l’actionnariat par l'Agence calédonienne de l'énergie qui doit financer le projet à hauteur de 6 milliards de francs ». (lire ci-dessous le montage financier)

 

Montage juridique et financier

Établissement public administratif de la Nouvelle-Calédonie, l’Agence calédonienne de l’énergie (ACE) a été créée en janvier 2017 pour piloter la mise en œuvre des actions découlant du STENC. Elle doit promouvoir l’utilisation rationnelle de l’énergie et accélérer le développement des énergies renouvelables. De son côté, la SAS Nouvelle-Calédonie Énergie (NCE), société par actions simplifiée (SAS), et filiale à 100 % d’Enercal, a été créée en octobre 2016. L’ACE entrera au capital de NCE et deviendra son actionnaire majoritaire à hauteur de 51 %. La SLN fera partie des autres actionnaires locaux. NCE sera le maître d’ouvrage du projet dans la phase de développement et de construction de la centrale au gaz.

 Le financement de la centrale par NCE reposera sur :

 

- le recours à l’emprunt pour environ 47 milliards de francs, facilité par la garantie de l’État ;

- des apports en fonds propres des actionnaires, pour 11 milliards de francs, dont 6 milliards à la charge de l’ACE financés grâce aux recettes fiscales nouvelles qui lui seront affectées ;

- un apport de l’État sous forme de défiscalisation, pour environ 13 milliards de francs ;

- des aides de l’État et de la Nouvelle-Calédonie pour la phase d’études, prévues au contrat de développement État-NC 2017/2021, pour 646 millions de francs.

 

La centrale au gaz sur les rails

 

 

 

Une nouvelle « Taxe pour la transition énergétique »

La fiscalité des produits pétroliers se compose de trois taxes : la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) ; la Taxe additionnelle sur les produits pétroliers (TAPP) et la Taxe sur les énergies renouvelables (TER). Les deux premières s’appliquent sur les tarifs de l’essence et du gazole. La troisième, seulement sur l'essence. Le gouvernement a ainsi décidé d’élargir la TER au gazole, de maintenir les exonérations de la TER, à l’exception de la SLN pour qui le projet est déjà profitable, et de renommer la TER « Taxe pour la transition énergétique » (TTE). Une délibération d’application précisera les taux applicables. Le différentiel de taxes entre l’essence et le gazole diminuera et des recherches d’économies sur le prix des carburants seront engagées en parallèle, afin de limiter l’impact de ces mesures pour les particuliers et les entreprises.

Les objectifs du STENC

La Nouvelle-Calédonie, qui présente un taux de dépendance énergétique exceptionnellement élevé, s’est dotée, par délibération n° 135 du 23 juin 2016, d’un Schéma pour la transition énergétique (STENC) qui prévoit :

  • la réduction des consommations d’énergie : - 20 % en énergie primaire (incluant mine et métallurgie) et - 25 % en énergie finale (hors mine et métallurgie) ;
  • l’accroissement de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique ;
  • la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) : - 35 % dans les secteurs résidentiel et tertiaire, - 10 % dans le secteur mine et métallurgie et - 15 % dans le secteur du transport.

 

 

 

 

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