La filière masques sur les rails

La filière masques sur les rails

27 avril 2020

Santé et social Économie Coronavirus

Le prix public d’un masque en tissu à usage non sanitaire devrait être d’environ 700 francs. Le produit sera exonéré de TGC.

Le prix public d’un masque en tissu à usage non sanitaire devrait être d’environ 700 francs. Le produit sera exonéré de TGC.

Sous l’impulsion du gouvernement, une filière locale de fabrication de masques en tissu pour la population, normés et certifiés, se structure afin de prévenir une épidémie de Covid-19 en Nouvelle-Calédonie. Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement en charge des moyens, a présenté un point d’étape en présence de l’ensemble des partenaires.

En pleine période de confinement et face à la pénurie mondiale de masques, le gouvernement a souhaité fédérer les services de la Nouvelle-Calédonie et les acteurs économiques « pour répondre à un besoin urgent sur l’instant, mais aussi pour être à l’avenir moins dépendant de l’extérieur », souligne Vaimu’a Muliava. Un groupe de travail s’est constitué pour réfléchir à l’ensemble de la chaîne de production, des processus de fabrication jusqu’aux contrôles qualité et à la commercialisation, en passant par la fourniture de la matière première et les consignes d’utilisation. En s’appuyant sur des spécifications publiées par l'Afnor, la direction des Affaires sanitaires et sociales a rédigé un cahier des charges pour « deux types de masques en tissu à usage non sanitaire (UNS), à la différence des masques chirurgicaux qui sont priorisés pour les personnels soignants », précise Frédérique Ducrocq, pharmacienne inspecteur à la DASS.

Mise en route de la production

Avec l’appui de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) et la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie (FINC), qui ont largement relayé l’information, le gouvernement a lancé un premier appel d’offres permettant d’évaluer les capacités et de mettre en route la production. « Dix mille masques ont déjà été réalisés. Ils ont été distribués à des agents du gouvernement, notamment des personnels de l’enseignement. De nouvelles productions sont en cours, tandis que d’autres collectivités ont lancé leurs propres appels d’offres », détaille Djamil Abdelaziz, directeur adjoint des Achats, du patrimoine et des moyens (DAPM) qui a piloté la démarche.

 

Vaimu’a Muliava, entouré des directions et des partenaires : FINC, CMA et CCI.

Vaimu’a Muliava, entouré des directions et des partenaires : FINC, CMA et CCI.

Deux industriels de la filière textile se sont réunis pour répondre à la commande du gouvernement. Après avoir constitué les kits de matériaux nécessaires, ils ont fait appel à une trentaine de couturiers pour la réalisation des masques, puis à un autre industriel pour le lavage et le repassage, avant l’étape de contrôle et de conditionnement sous sachet plastique avec la notice d’utilisation. Première difficulté identifiée ? L’approvisionnement en tissu  qui n’autorise pas pour l’instant la fabrication de masques UNS 1, destinés aux professionnels non soignants en contact régulier avec du public. Du côté de la production, la CMA a identifié « 62 entreprises artisanales, pouvant réaliser 33 masques en moyenne par jour, que les industriels peuvent solliciter en sous-traitance », indique Isabelle Milin, directrice du service économique de la Chambre. « Avec cette démarche, nous avons pu toucher les artisans souvent absents de la commande publique », note Djamil Abdelaziz.

Contrôle qualité

Pour la FINC, cette synergie a entraîné « l’organisation dans l’urgence d’une filière autour d’un nouveau produit certifié qui répond au même niveau de qualité pour l’ensemble des consommateurs », lance Xavier Benoist, son président. Le contrôle qualité, supervisé par le gouvernement, est réalisé par un laboratoire indépendant qui analyse des échantillons  de chaque lot de fabrication et réalise un contrôle de conformité de l’ensemble. Des visites sur le site de production sont également prévues afin de vérifier le respect des process.

 

Recommandations d’usage
« Le masque à usage non sanitaire vient en complément des autres gestes barrière, notamment le lavage des mains et la distanciation sociale. Utilisé seul, cet outil ne protège pas efficacement du coronavirus », insiste Frédérique Ducrocq. La DASS rappelle également qu’il faut se laver et désinfecter les mains pour mettre et retirer le masque, ne pas le toucher une fois qu’il est en place et le changer toutes les quatre heures ou dès qu’il est souillé. Pour un usage quotidien, un kit de six masques en tissu est nécessaire par personne. Lavés après chaque utilisation à 60 °C, ils sont réutilisables pendant environ 60 cycles de lavage.
Le port du masque au travail
« L’évaluation des risques professionnels est une démarche qui s’effectue toujours à priori. L’objectif est de préparer les entreprises à une éventuelle épidémie de Covid-19, donc à l’évaluation du risque de contagion à chaque poste de travail en prenant en compte le respect des gestes barrière désormais obligatoires », rappelle Philippe Di Maggio, chef du service prévention des risques professionnels à la direction du Travail et de l’emploi (DTE). Si le port du masque n’est pas obligatoire, « le salarié doit pouvoir en porter un s’il le souhaite », ajoute-t-il. « La gestion de la peur est essentiel pour l’employeur, signale Xavier Benoist, président de la FINC. Le masque est aussi un outil pour faciliter le retour des salariés au travail ».    

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