L’Agence rurale au service de la Brousse
L’Agence rurale a tenu son premier conseil d’administration. Ce nouvel établissement public doit contribuer au soutien de la production agricole afin de tendre vers l’autosuffisance alimentaire. Préservation des milieux, transition agro-écologique, innovation et adaptation au changement climatique seront aussi dans sa ligne de mire.
Au 1er janvier 2019, l'Agence rurale sera opérationnelle. Son conseil d'administration a donc adopté les règles d'organisation et de fonctionnement de l’établissement public issu de la fusion de l'Agence pour la prévention et l'indemnisation des calamités agricoles ou naturelles (Apican) et de l'Établissement de régulation des prix agricoles (Erpa). L'instance a également élu son premier président en la personne de Jean-Baptiste Marchand, conseiller de l'Assemblée de la province Sud. Ses membres étaient satisfaits de se mettre au travail. « L'Agence rurale est un outil "pays" qui va travailler de concert avec les collectivités pour le monde rural et répondre aux besoins de nos producteurs agricoles et de nos éleveurs », a déclaré Isabelle Kaloi-Bearune, élue de la province des Îles. Pour Guy Monvoisin, éleveur à Pouembout et représentant des personnes qualifiées, « cet outil permettra aux professionnels de faire des propositions et aux élus de prendre les bonnes décisions ».
Régulation
En toute logique, l'Agence rurale va reprendre les missions des établissements publics qu'elle remplace, au premier rang desquelles le soutien à la production des filières locales afin de maintenir des prix abordables au consommateur. Ainsi, deux milliards de francs seront dédiés à la régulation des filières bovines, porcines, céréalières, cervidés, aquacoles, pêche hauturière, fruits et légumes, squashs, coprah et café qui représentent aujourd’hui une valeur marchande de 12 milliards de francs et près de 1 500 emplois. L’Agence rurale concentrera également 220 millions de francs d’aides auparavant réparties entre les trois provinces, dans le but d’harmoniser certains dispositifs et de les étendre à l'ensemble du territoire. Il s'agit par exemple des aides au transport, à la mise en culture, à la location de terres agricoles, etc. « Une mutualisation des moyens qui bénéficiera directement aux provinces qui n'auront plus à financer ces aides », a précisé Nicolas Metzdorf, membre du gouvernement en charge de l'agriculture.
De l'ex-Apican, l'Agence rurale poursuivra le soutien aux agriculteurs en cas de catastrophes naturelles à travers la création d’un fonds dédié de près d’1,5 milliard de francs. Toutefois, le dispositif d’assurance agricole sera réformé et adapté au contexte calédonien en vue d’une meilleure répartition des indemnisations, tandis que l'Agence devra mieux prévenir les risques à l'image du plan foin qui permet de bénéficier d’aides en période de sécheresse.
Transition écologique et innovation
Au-delà de sa mission de soutien, l'Agence rurale aura pour mission « d’accompagner l'agriculture calédonienne afin qu'elle prenne le virage de la transition écologique et de l'innovation », a souligné Nicolas Metzdorf. De la gestion des pesticides à l'irrigation assistée par ordinateur en passant par l'utilisation de drones pour tracer le bétail, les projets innovants ne manquent pas et feront l'objet d'appels à projets lancés par l'Agence. Elle proposera aussi des aides à la transition agro-écologique pour les agriculteurs et pêcheurs qui souhaitent obtenir une certification officielle (agriculture responsable, agriculture intégrée, pêche responsable, Biopasifika, etc.).
« Le troisième plus important établissement public de la Nouvelle-Calédonie en termes de budget (3,5 milliards de francs) est dédié à la Brousse », a insisté Nicolas Metzdorf. Ce qui démontre une réelle volonté de s’occuper du secteur rural et à travers l’objectif d’autosuffisance alimentaire, de se soucier du bien-être et de la santé des consommateurs calédoniens.
La protection du milieu, un enjeu pour l’Agence Rurale
Le budget 2019 de l’Agence Rurale pour la protection du milieu sera de 500 millions de francs, répartis selon trois axes :
• la lutte contre les feux de brousse, par le financement des hélicoptères bombardiers d’eau ;
• la préservation de l’eau et notamment de sa qualité, sur la base des préconisations du schéma directeur de la Politique de l’eau partagée (travaux hydrauliques, retenues collinaires, gestion de l’eau agricole, préservation de la qualité des eaux de rivières) ;
• la lutte contre les espèces envahissantes, par le financement d’opérations de capture ou de collecte de mâchoires d’espèces envahissantes (cerfs, cochons sauvages), et du Conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle-Calédonie.