Des prêts adaptés aux besoins des femmes
Contribuer à l’émancipation des femmes, notamment celles éloignées de l’emploi, en les aidant à créer ou à développer leur activité, tel est l’objectif des prêts de groupe financés par l’Adie. Cette démarche, soutenue par le gouvernement, a fait l’objet d’une réunion d’information le 2 juillet à Touho.
Cette rencontre – la première d’une tournée sur la Grande Terre et les Loyauté qui s’achèvera en septembre – s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance et des actions du secteur de la condition féminine du gouvernement en faveur de l’économie sociale et solidaire. Un moyen pour les femmes de gagner en autonomie comme l’expliquent Sébastien Lemoine, coordonnateur des politiques de sécurité et de prévention de la délinquance au gouvernement et Kathleen Souenon, chargée de mission à la condition féminine : « Les femmes développent souvent une activité en tribu sans pour autant en tirer une vraie source de revenus. L’idée est de favoriser l’entrepreneuriat et de leur permettre de se structurer entre elles ».
Prêts progressifs
Une fois le contexte dressé, les participantes, venues à titre individuel ou pour des associations, écoutent avec attention le sujet phare de la réunion : le dispositif de prêt de groupe déployé par l’Adie, en collaboration avec le gouvernement. Le principe ? Des petits emprunts que peuvent contracter des groupes de trois à quatre personnes, généralement des femmes, de manière progressive. Ainsi, le montant maximal du premier prêt "test" est de 120 000 francs (par personne) à rembourser dans les six mois. Deux autres paliers sont ensuite prévus avec des plafonds de 300 000 et 600 000 francs et des périodes de remboursement adaptées. « Ces financements sont destinés à lancer ou à développer une activité essentiellement dans le domaine de l'agriculture, de l'artisanat, de la couture ou encore de la vannerie en permettant l’achat de petit matériel ou de matières premières, expose Lydia Poatyie, conseillère à l’Adie. La présence d'un garant n’est pas nécessaire, c'est tout le groupe qui est responsable et solidaire ensemble. » Autre avantage, avec des formalités simplifiées, un dossier de prêt de groupe peut être bouclé dans la journée.
Premiers projets
À l’issue de la présentation, peu de questions, mais la parole se libère lorsque la conseillère et le délégué territorial de l’Adie, Dominique Deboffle, passent entre les rangs. Ordinateur en main, quelques premières simulations de prêt sont même réalisées ! « Cette aide est adaptée pour les femmes d’ici qui ont l'habitude de travailler en groupe ou en association, estime Germaine Tydada, conseillère municipale. Au bout des six mois, on va les évaluer, on va voir qu'elles ont bien remboursé leur prêt et après elles pourront emprunter davantage ». En 2018, 20 femmes ont été accompagnées via un prêt de groupe. L'objectif est de doubler ce chiffre en 2019. À Touho, trois à quatre projets ont d’ores et déjà été identifiés par les représentants de l’Adie et un rendez-vous a été pris pour une signature dès la semaine suivante.
* Association pour le droit à l’initiative économique
Pour toute information, contacter l’Adie au 05 05 55 (n° gratuit).
Témoignages
Évelyne
« J’ai un projet de terrain de camping à la tribu de Touho-Mission. Je m'étais renseignée sur le prêt individuel de l'Adie, mais c’est compliqué de trouver quelqu'un pour se porter caution. Je préfère cette solution. J'ai pris ma décision. Je vais constituer un groupe avec deux autres personnes qui seraient intéressées, l’une pour proposer des balades en canoë, l’autre à vélo. Ce sont deux jeunes qui sont sortis de l'école et qui ont du mal à trouver du travail. Je veux essayer de les aider. Mon premier prêt me servira à acheter du matériel pour préparer le terrain. »
Solange
« Nous sommes en train de monter une association de femmes à la tribu de Koé pour réapprendre les savoir-faire. Nous faisons déjà plusieurs activités : du tressage, de la couture, la pêche… Parmi nous, il y a des jeunes femmes qui sont moteurs. Nous avons besoin d’acheter du matériel : des machines à coudre, des nasses… Je suis venue aujourd’hui pour récupérer des informations et les relayer dans la tribu. »
Une aide du gouvernement
Pour financer le travail de terrain des agents de l’Adie, le gouvernement versera 24 millions de francs entre 2019 et 2021 en vue de la structuration de ce réseau d’économie sociale et solidaire, dont trois millions pour participer à l’achat d’un proxibus, opérationnel au premier semestre 2020. « Cette aide va nous permettre d’amplifier notre action et d’être au plus près des personnes qui ont besoin de nos financements pour leurs projets, indique Dominique Deboffle, délégué territorial qui gère le réseau de l’Adie en Brousse. Avec le proxibus, nous allons nous déplacer régulièrement dans les tribus et ainsi toucher les personnes qui ne peuvent pas se déplacer ou qui ont un peu peur d’aller à notre rencontre. Nous pourrons préparer les dossiers directement chez eux. »