Une nouvelle saison chaude démarre
La saison administrative des feux de forêts (SAFF) est une période instituée depuis 2012 par arrêté du haut-commissaire, dans le cadre du plan ORSEC « feux de forêts ». Du 15 septembre au 15 décembre, une veille permanente est mise en place, avec armement d’une cellule spéciale activée H24 à la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR). Et un président du gouvernement qui devient le responsable des manœuvres, lorsque les moyens des communes sont dépassés.
La SAFF a à peine commencé que déjà 12 communes sur 33 ont été placées en vigilance Prévifeu « extrême » dès le 16 septembre. Les incendies s’enchaînent sur l’ensemble des communes, avec 44 départs de feux recensés, pour une surface brûlée de près de 180 hectares sur tout le territoire, dont 48 partis en fumée à la Coulée (Mont-Dore), 18 à Ouroué (Thio) et 15 à Franco (Pouembout). Dès le samedi 16 septembre, la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques de la Nouvelle-Calédonie (DSCGR) interdisait l'utilisation du feu à usage non domestique sur l'ensemble des communes.
Moins dramatique que la précédente (voir tableau ci-dessous), la SAFF 2016 s’est traduite par 516 départs de feux, 6 619 ha détruits, dont un peu plus de la moitié en province Nord, 189 heures de vol et 1 646 largages pour les deux hélicoptères bombardiers d’eau (HBE). Le niveau 2 du plan ORSEC feux de forêts a été activé à deux reprises, pour l'Île des Pins (1 046 ha) et Ouégoa (950 ha), qui ont totalisé à elles deux près de 30 % du total des surfaces brûlées. L'absence de centres d’incendie et de secours dans ces communes et leur éloignement étant sans conteste des facteurs aggravants.
Quelques dispositions nouvelles
Pour 2017, le dispositif a été reconduit à quelques nouveautés près : la mise en place d’une garde postée avec un effectif théorique chaque jour de huit sapeurs-pompiers de l’Unité d’intervention de la sécurité civile (UISC-NC), l’arrivée prochaine d’un cinquième camion citerne feux de forêts moyens (CCFM, capacité de 4 000 litres), le pré-positionnement de deux CCFM à Koné et la mise en service d’un camion porteur d’eau pouvant déposer une bâche tampon de 14 000 l au plus près du lieu d’intervention.
Pour la deuxième année consécutive, la DSCGR pourra compter sur l’aide efficace de ses auxiliaires de sécurité civile, déployés depuis le 1er septembre sur 22 communes pour une période de six mois. Ils sont 71 jeunes volontaires – 35 en province Nord, 27 dans le Sud et 9 aux Loyauté – âgés de 18 à 25 ans, indemnisés à 81 % par l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie finançant le complément, leur couverture sociale, leur formation et leur équipement. Leur mission principale : la prévention des risques majeurs (feux, cyclones, tsunamis, arboviroses) et la sensibilisation des populations à ces risques. Les auxiliaires sont soit guetteurs – ils surveillent les départs de feux – soit opérateurs – ils réceptionnent les appels liés aux incendies et transmettent les informations aux services d’intervention.
Pourquoi une “saison administrative” ?
Directeur de la DSCGR, Éric Backès revient sur le terme de “saison administrative”, pas toujours bien compris. « Pourquoi une “saison”, alors que les feux durent toute l’année ? Parce qu’elle cumule les facteurs les plus favorables à la propagation des incendies : renforcement de l’alizé et recul de la pluviométrie. » Deux facteurs aggravés par un risque supplémentaire lié à la négligence, celui des “écobuages mal maîtrisés” dans le cadre de la préparation des champs.
En outre, « la saison est limitée dans le temps pour d’évidentes considérations financières ». Un exemple, le coût des HBE, en moyenne de 100 millions de francs pour trois mois. Un dernier argument en faveur de l’instauration de la SAFF du 15 septembre au 15 décembre : une récente étude de l’ŒIL, laquelle a recensé par télédétection les périodes les plus actives de départs de feux. Et confirmé que ce dernier trimestre de l’année constituait définitivement la “bonne” saison.
Dispositions liées à la SAFF
- Armement d’une cellule feux de forêts (CFF 988) au sein de la DSCGR. Ses objectifs : assurer le suivi général des feux, engager et coordonner les moyens aériens, anticiper une montée en puissance du dispositif engagé si nécessaire. La CFF 988 est activée en permanence en heures ouvrées.
- Par convention, le service météorologique de la Nouvelle-Calédonie qualifie et diffuse l’aléa feux de forêts à l’aide de l’application Prévifeu.
- Règlementation par le gouvernement de l’interdiction d’usage du feu en cas d’aléa feux de forêts qualifié d’extrême. En temps normal de la responsabilité des maires, la lutte contre les feux de forêts est transférée entre les mains du président du gouvernement qui devient le chef des opérations.
Une carte à quatre couleurs
La carte des prévisions de l’aléa feux de forêts est diffusée aux acteurs de sécurité civile et auprès du grand public chaque jour vers 16 h 30 en prévisionnel, et vers 9 h pour l’aléa du jour. La réglementation est évolutive selon le risque encouru :
- risque faible à modéré (couleur verte) : suivre les recommandations d’usage et de bon sens ;
- risque élevé (jaune) : éviter tout usage du feu à des fins non domestiques ;
- risque très élevé (orange) : interdire l’usage du feu à des fins non domestiques, organiser une veille municipale de l’alerte, renforcer le dispositif opérationnel permanent, interdire l’accès motorisé aux massifs forestiers sensibles en assurant la fermeture matérielle des pistes ou voies (règlementation des communes et provinces) ;
- risque extrême (rouge) : interdire l’usage du feu à des fins non domestiques et l’accès aux massifs forestiers sensibles, pré-positionner des moyens opérationnels, activer des patrouilles de surveillance (réglementation du gouvernement).
Qu’est-ce qu’un feu à usage domestique ?
L’arrêté n° 79 du 24 août 2012 définit le feu « à usage domestique » comme « un feu utilisé à des fins énergétiques et en particulier alimentaires, dans un environnement immédiat non naturel ». À titre d’exemples, si un feu de bois dans une case ou un barbecue sous un carport sont considérés comme à usage domestique, ce n’est pas le cas des feux de jardinage ou de préparation des champs, lesquels sont proscrits en cas de vigilance orange ou rouge.
Les moyens de la DSCGR
La DSCGR compte 120 sapeurs-pompiers volontaires de l’UISC-NC, ne pouvant être tous mobilisables en même temps, et 70 auxiliaires de sécurité civile. Côté matériel, elle s’appuie sur quatre CCFM (camions citernes feux de forêts moyens, 4 000 l) – bientôt cinq –, un CCGC (camion citerne grande capacité, 12 000 l), un FPTL (fourgon pompe tonne léger de 2 000 l), un CCR (camion citerne rural de 4 000 l), un VSAV (véhicule de secours et d'assistance aux victimes), et dispose de son propre hélicoptère. Elle mobilise régulièrement deux HBE et peut compter, si besoin, sur le concours des militaires et sur la flotte aérienne des Fanc ou de la gendarmerie.