Première marche orange contre les violences faites aux femmes

Première marche orange contre les violences faites aux femmes

24 novembre 2017

Société

Le cortège de la marche orange s’est d’abord dirigé vers le commissariat central de la police nationale.

Le cortège de la marche orange s’est d’abord dirigé vers le commissariat central de la police nationale.

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a appelé à marcher le 22 novembre pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Une marche orange, la couleur déterminée par l’ONU, pour que les participants témoignent de leur solidarité.

 

À l’heure du rassemblement, à midi devant le musée de Nouvelle-Calédonie, une soixantaine de personnes avaient répondu à l’appel. Un petit effectif pour cette première marche organisée par le secteur de la condition féminine du gouvernement afin de célébrer la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes*, mais des participants motivés ! Femmes et hommes brandissent avec fierté les messages extraits des "cahiers orange de l’expression citoyenne" mis à disposition par l’institution lors de la précédente édition : "agir", "les violences, c’est l’affaire de tous", "intégrité", "égalité hommes-femmes"…

 

Le rassemblement a eu lieu devant le musée de Nouvelle-Calédonie.

Le rassemblement a eu lieu devant le musée de Nouvelle-Calédonie.

 

 

Le parcours des victimes

« Cette marche est symbolique car elle retrace le chemin périlleux que doivent emprunter les femmes victimes de violences, semé d’obstacles comme la peur, la honte, le découragement, la culpabilité ou les pressions familiales », souligne Rolande Trolue, conseillère de  Déwé Gorodey, membre du gouvernement en charge de la condition féminine. En allant à la rencontre de la police et de la gendarmerie nationale, puis du relais de la province Sud et du foyer Béthanie (accueil d’urgence de femmes seules ou avec enfants), l’idée est de familiariser les femmes dans les démarches à entreprendre.

Avant le départ, la membre du gouvernement Cynthia Ligeard a souhaité pousser un petit "coup de gueule" : « Jusqu’à quand allons-nous accepter cette violence et continuer de nous taire ? Je regrette que nous ne soyons pas plus nombreux, mais c’est déjà un beau début. Il ne faut pas se résigner ».

 

Rolande Trolue, du secteur de la condition féminine, a prononcé le discours de Déwé Gorodey avant de laisser la parole à Cynthia Ligeard.

Rolande Trolue, du secteur de la condition féminine, a prononcé le discours de Déwé Gorodey avant de laisser la parole à Cynthia Ligeard.

 

 

Oser parler

Au commissariat central, premier arrêt de la marche, le bureau d’aide aux victimes présente ses missions. La structure a reçu plus de 850 personnes en 2016 dont environ 270 pour des violences conjugales. « Les victimes arrivent démunies, terrifiées et sans perspective. Notre rôle est de leur offrir un accueil, une écoute et un accompagnement. Chaque situation nécessite une prise en charge spécifique », détaille Laurence Grangeon, l’intervenante sociale, avant d’ajouter : « Déposer plainte, c’est regagner le respect de soi-même ». Dans le cortège, Nadège a connu ce parcours difficile : « Cette marche est importante pour soutenir le mouvement. Il faut se donner la main, aller vers les structures qui peuvent nous aider et oser parler ».

La journée internationale doit se poursuivre par seize jours d’activisme, décrétés par l’ONU. Jusqu’au 10 décembre, particuliers, entreprises, établissements, collectivités sont invités à exprimer leur refus des violences en nouant un ruban orange à leur rétroviseur ou leur grille, ou en illuminant leurs bâtiments. 

* Proclamée par l’Assemblé générale des Nations unies (ONU) le 25 novembre
 

 

Au micro, Laurence Grangeon, intervenante sociale au bureau d’aide aux victimes, et le capitaine Sylvia Chabale, chef du service.

Au micro, Laurence Grangeon, intervenante sociale au bureau d’aide aux victimes, et le capitaine Sylvia Chabale, chef du service.

 

 

Enquête Virage

Selon la dernière enquête menée en Nouvelle-Calédonie, une femme sur quatre a subi au moins une fois une agression physique ou sexuelle, une femme sur huit a été victime d’attouchements sexuels, de tentative de viol ou de viol avant l’âge de 15 ans et 22 % des femmes ont subi des brutalités physiques. Ces chiffres vont être actualisés dans le cadre d’une nouvelle enquête « Violences et rapports de genres » (Virage), qui sera financée par l’État.

 

Témoignages

 

Maïré Nozeran, 4e adjointe à la mairie de Bourail

dsc_0368-web.jpg

« Les chiffres sur les violences faites aux femmes me donnent des haut-le-cœur. Avec l’affaire Weinstein, le mouvement prend beaucoup d’ampleur. J’ai envie de me joindre à toutes ces femmes qui veulent se révolter. En Brousse, il y a une sorte de résignation qu’il faut faire bouger. Il faut apprendre aux jeunes filles à dire "non" et aux jeunes hommes à respecter ce refus. »

 

 

 

Ludovic Bard, agent RH à l’OPT

dsc_0370-web.jpg

 

« Je suis issu d’une famille de féministes, donc je poursuis le combat, au vu de la condition féminine dans le monde et de tout ce qui se passe en matière de discrimination. Il faut que cela s’arrête. Quand je peux apporter ma contribution, je le fais, comme aujourd’hui en étant présent. Mais c’est dommage que les gens ne s’emparent pas davantage du sujet. »

 

 

À l’école, même combat !

L’égalité entre filles et garçons est l’une des priorités du projet éducatif de la Nouvelle-Calédonie. Des actions sont menées dans les établissements scolaires sur le thème « mêmes droits, mêmes chances, même valeur » pour sensibiliser et mobiliser les élèves. « Il s’agit d’événements extérieurs que nous relayons ou de projets que nous construisons comme des concours artistiques pour libérer la parole », explique Véronique Mollot, du vice-rectorat. Ce dernier a également mis en place un label « 3E » (pour éducation à l’égalité à l’école). Sept établissements l’ont obtenu en 2016, ils sont 18 de plus cette année.

Documents à télécharger

Sur le même sujet