En marche vers une stratégie d’adaptation au changement climatique
En marche vers une stratégie d’adaptation au changement climatique
23 avril 2024
Afin de faire face aux risques concrets et déjà visibles du changement climatique en Nouvelle-Calédonie, le gouvernement s’est engagé dans l’élaboration d’une stratégie d’adaptation à ces bouleversements majeurs. C’était l’enjeu du premier forum calédonien du changement climatique, qui s’est tenu le 18 avril à Dumbéa. Porté par le membre du gouvernement chargé du secteur Jérémie Katidjo Monnier, cet événement fondateur a réuni l’ensemble des acteurs de la société.
« L’élévation du niveau de la mer, les sécheresses plus sévères, les inondations plus fréquentes sont des risques concrets auxquels nous sommes tous exposés et qui mettent en péril notre société telle que nous l’avons construite », a expliqué le membre du gouvernement chargé du plan d’adaptation au changement climatique, en introduction du forum. En Nouvelle-Calédonie, la montée des eaux et l’érosion du littoral sont les marqueurs les plus évidents du changement climatique, comme à Ouvéa ou encore à Ponérihouen.
Une meilleure coordination des acteurs et des actions
L'objectif de ce premier forum était de réunir l’ensemble des acteurs engagés en faveur d’un avenir durable et résilient face aux défis du changement climatique, afin de se concerter pour établir un état des lieux de toutes les initiatives, parfois dispersées, qui existent déjà.
La province Nord s’est notamment engagée dès 2017 dans une politique de développement durable en se dotant d’un plan climat - énergie, afin de mettre en œuvre une série d’actions concrètes pour réduire la vulnérabilité de son territoire. Du côté d’Ouvéa, plusieurs solutions ont déjà été mises en place pour faire face au recul du trait de côte qui menace la route provinciale et les habitations. Des travaux d’enrochement ont été réalisés, ainsi que d’autres aménagements pour pallier l’urgence. Cependant, « il faudrait qu’on puisse anticiper les changements à venir », a indiqué Karyl Trenyiwa, conseiller municipal.
Développer des outils d’accompagnement aux politiques publiques
Disposer de données est un des éléments essentiels pour se projeter et préparer l’avenir. C’est dans cette perspective qu’a été créé en 2013 l’Observatoire du littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC). Il œuvre à centraliser les informations (études, rapports…) et les données qui concernent l’environnement côtier et maritime, grâce notamment à un réseau de suivi d’observation du littoral sur différents sites répartis sur l’ensemble du territoire. « Le but est de poser des diagnostics et d’évaluer la part du changement climatique dans les évolutions que l’on peut mesurer, a souligné Myriam Vendé-Leclerc, coordinatrice à l’OBLIC. L’intérêt de ces suivis est de produire de la donnée utile aux pouvoirs publics pour la prise de décisions ».
Un travail essentiel qui permet « d’avoir du recul sur les sites à sécuriser, sur les zones sûres où l'on peut investir et habiter à long terme, afin de répondre aux besoins de déplacements des populations », a précisé Jéremie Katidjo Monnier.
La réalisation d’une cartographie précise des risques représente donc une étape cruciale dans la construction de la stratégie d’adaptation au changement climatique. « La frugalité et le travail en partenariat ne sont plus des options mais une nécessité, a martelé Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé de l’urbanisme, de l’habitat et du développement de l’innovation numérique. Nous avons des experts locaux et une pluralité de données mais nous ne les faisons pas dialoguer ensemble. Il faut générer de la donnée intelligible pour nourrir des stratégies éclairées pour les politiques publiques ».
Focus sur le projet CLIPSSA
Certains aléas climatiques futurs majeurs tels que les précipitations et les cyclones ne sont pas bien connus dans la zone Pacifique, où les données font défaut. Le projet CLIPSSA, mené par l’AFD, l’IRD, Météo France Nouvelle-Calédonie en partenariat avec le Programme régional océanien de l’environnement (PROE), vise à dresser le bilan des vulnérabilités avec des projections climatiques qui puissent couvrir les îles. CLIPSSA a ainsi pour ambition de produire de nouvelles données du climat futur (d’ici 2100) et d'analyser les impacts sectoriels, socle indispensable pour faciliter la formulation de plans d’adaptation au changement climatique à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu.
Co-construire une stratégie calédonienne du changement climatique
Ce premier forum a été précédé, au mois de mars, par une grande consultation avec des ateliers en ligne qui ont été ouverts à tous les citoyens. Plus de 300 contributeurs, issus de tous horizons, ont répondu présent pour construire ensemble cette prochaine stratégie du changement climatique calédonien. Ils ont pu partager leurs expériences et les constats qu'ils font sur le terrain, et ont émis plus de 2 500 idées sur les 13 thématiques, qui constitueront le socle de la stratégie calédonienne d’adaptation au changement climatique.
« L’idée est donc ensuite de synthétiser, en fonction des thématiques, les priorités qui viennent du terrain, pour qu'on ait une stratégie calédonienne qui soit la plus concrète et la plus réaliste possible », a indiqué Jérémie Katidjo Monnier. Cette méthode doit permettre d’aboutir à des solutions pour adapter notre agriculture, nos infrastructures, notre gestion de l’eau, nos espaces naturels, ou encore notre système de santé ».
L’événement s’inscrit dans la continuité du vœu du Congrès sur la déclaration d’urgence climatique déposé en 2019. C’est dans ce cadre que le gouvernement souhaite pérenniser ce forum, qui sera piloté tout au long de l'année par un comité calédonien du changement climatique, réunissant les institutions compétentes. Il sera chargé de s'assurer de la bonne mise en œuvre de la stratégie et de coordonner l’ensemble des actions.
Prochainement proposée au Congrès, la stratégie d’adaptation au changement climatique sera conçue de manière à favoriser une plus grande transversalité entre les différents secteurs mais également entre les institutions.