Le Congrès adopte la loi du pays sur l’alcool
Ce jeudi 14 juin, les élus du Congrès ont adopté à l’unanimité des groupes politiques la loi du pays qui encadre la consommation et la vente d’alcool en Nouvelle-Calédonie. Un pas important dans la lutte engagée contre les consommations abusives, appelée d’un vœu du Congrès en décembre 2017.
« En Nouvelle-Calédonie, on a un problème avec l’alcool, reconnaît le président du gouvernement Philippe Germain. On boit trop, on boit de plus en plus jeune – dès l’âge de 12 ans –, et on boit de plus en plus puisque la consommation a augmenté de 23 % au cours de la dernière décennie. En plus, on ne sait pas boire : on s’enivre. On a 50 fois plus d’interpellations pour ivresse manifeste sur la voie publique que la moyenne nationale ! Et pire encore, on est violent. Retenez ces chiffres : en Nouvelle-Calédonie, l’alcool est en cause dans 80 % des délits, 91 % des morts sur la route, 80 % des cas de femmes battues, 81 % des cambriolages et 80 % des interpellations de mineurs pour faits de délinquance. »
Il est temps d’agir
À eux seuls, ces quelques chiffres dressent le tableau « dramatique » des conséquences des abus d’alcool sur notre île. Face à ce constat partagé, les élus ont décidé de prendre le problème à bras le corps. « Le 29 décembre 2017, le Congrès a adopté un vœu relatif à la mise en œuvre d'un plan d'action contre la consommation excessive d'alcool, en érigeant ce sujet comme grande cause pays, rappelle le président du gouvernement. Dès lors, les taxes sur l’alcool ont augmenté de 20 à 30 %, puis, le 12 mars, le Congrès a adopté le plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance du gouvernement dans lequel le problème de l’alcool occupe une place majeure. Aujourd’hui, c’est la loi du pays qui encadre la consommation et la vente d’alcool qui est adoptée. »
La jeunesse en danger
Un enchaînement rapide, à l’image des enjeux. « Le problème commence au niveau de notre jeunesse, poursuit le président. Le samedi soir, les jeunes s’enivrent partout en Calédonie, sans aucune réaction de leurs parents. On le sait, et on ne plus accepter que nos enfants se définissent à travers cette consommation excessive, à travers la violence verbale, puis physique, puis la délinquance… Il faut inverser cette image d’un parcours initiatique, culturel et identitaire qui frappe toutes les ethnies et qui s’est installée à cause de notre trop grande tolérance. » C’est pourquoi d’autres actions sont à venir. « Ces mesures ne sont que le dessus de l’iceberg, assure Philippe Germain. Le plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance se déploie. La campagne Zéro Tolérance va se poursuivre, se décliner sur le cannabis, les violences faites aux femmes, etc. Et chaque occasion sera saisie pour relayer ces messages de prévention à l’intention des jeunes : rencontres sportives, dans les établissements scolaires, culturels, etc. pour rappeler qu’on ne peut plus tolérer ces consommations. »
Ce qu’il faut retenir de la loi du pays sur la consommation et la vente d’alcool
Pas de consommation d’alcool ni d’ivresse dans les lieux publics
L’ivresse publique manifeste est sanctionnée, outre le placement en cellule de dégrisement, d’une amende de 17 900 francs et la boisson incriminée est détruite. La vente d’alcool à des clients ivres est sanctionnée d’une amende de 89 000 francs. La consommation peut être interdite par arrêté dans certains lieux publics, à certaines heures.
Les mineurs sous haute protection
Les débits de boissons ne peuvent recevoir des mineurs seuls. La vente et l’offre à un mineur d’objets incitant à la consommation d’alcool est interdite. Les contrevenants s’exposent à une amende de 894 000 francs, une fermeture administrative temporaire, l’interdiction de vente d’alcool…
Happy hours et parrainages d’événements interdits
L’interdiction de publicité des boissons alcoolisées est généralisée, y compris sur internet et pour les actions de promotion. Les contrevenants s’exposent à des amendes (jusqu’à 8,9 millions de francs pour les infractions pénales), l’interdiction de vente de la boisson, etc.
Stopper le marché noir
La vente de boissons alcooliques aux particuliers par les grossistes, fabricants ou importateurs est interdite ; ainsi que la vente en gros aux particuliers par les commerces de détail. Les contrevenants s’exposent à une fermeture administrative temporaire et à une amende.
>> Retrouvez l’ensemble des mesures dans le dossier de presse en téléchargement ci-dessous.