Réinventer l’habitat en Nouvelle-Calédonie

Réinventer l’habitat en Nouvelle-Calédonie

09 juin 2022

Société Aménagement du territoire

Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé notamment de la construction et de l’habitat, à la conférence « Imaginons l’habitat océanien de demain », les élèves du BTS ERA, Djamil Abdelaziz (DAPM), Aurélien Lopes et Loïc Divet, invités de la Biennale.

Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé notamment de la construction et de l’habitat, à la conférence « Imaginons l’habitat océanien de demain », les élèves du BTS ERA, Djamil Abdelaziz (DAPM), Aurélien Lopes et Loïc Divet, invités de la Biennale.

La biennale de la construction, organisée par la direction des Achats, du patrimoine et des moyens s’est tenue jeudi 2 et vendredi 3 juin 2022 au centre culturel Tjibaou. Conférences, ateliers et master class avec les acteurs du secteur ont remporté un franc succès. L’enjeu ? Réinventer l’habitat en Nouvelle-Calédonie.

« La construction d’un pays comme le nôtre et de son identité est une ambition collective », a déclaré le président du gouvernement Louis Mapou lors de l’inauguration de la manifestation.

Le secteur du bâtiment est en profonde mutation, tant au niveau des matériaux que des normes de construction, en passant par la mise en place de la réforme des assurances de la construction et de la nécessité de qualification des professionnels, depuis le 1er juillet 2020.

La création du référentiel de la construction en Nouvelle-Calédonie (RCNC) en est la concrétisation. L’heure est désormais à la réflexion vers un habitat de qualité, à échelle humaine et conscient de son environnement géographique et culturel.

Le domaine de l’innovation et la mise en valeur des matériaux biosourcés notamment dans la promotion des bâtiments durables ou l’intégration de la dimension écologique et énergétique dans le champ de la construction, laissent entrevoir un développement dynamique et inclusif porteur de nouvelles filières, de nouveaux métiers et de nouvelles pratiques.

L’ambition de cette biennale était de contribuer à l’émergence d’idées et de réflexions sur le sujet. Les acteurs du secteur, les porteurs de projet et les maîtres d’ouvrage se sont donc réunis pendant deux jours pour apporter leur pierre à l’édifice à travers des échanges, des conférences ou des ateliers sur les enjeux relatifs à la construction et au bâtiment. Économie, social, réglementations, transition énergétique et habitat durable dans le contexte océanien, compétences ou encore formation, ont fait partie des thématiques abordées au cours de ces deux journées.

Les stands de la biennale de la construction au centre culturel Tjibaou.

Les stands de la biennale de la construction au centre culturel Tjibaou. 

 

L’habitat océanien comme référence

Lors de la conférence de clôture de cette première Biennale de la construction, Vaimu’a Muliava, membre du gouvernement chargé de l’habitat et de la construction, a souligné un changement de paradigme qui mène à « s’interroger sur le sens de ce qu’on fait en matière de construction et à adapter nos logiques à notre environnement ». 

L’océanisation de l’habitat fait ainsi partie des grandes réflexions du secteur qui s’inscrit tout entier dans une démarche de reformulation. Il s’agit de réfléchir à des logements qui s’intègrent dans leur environnement géographique, culturel et humain. « C’est ça l’habitat océanien » a indiqué Vaimu’a Muliava. Il faut selon lui « sortir des logiques de masses appliquées en Nouvelle-Calédonie, pour métisser et adapter les concepts qui nous viennent d'ailleurs ».

John Passa, sociologue, a été sollicité par la DAPM notamment, pour accompagner la réflexion et les évolutions sur  le concept même d’habitat qui dépasse la notion de logement. « Ça oblige à réfléchir à l’endroit où nous vivons et à trouver un consensus même si ce n’est pas facile », a-t-il précisé lors de la dernière conférence.

 « Imaginons l’habitat océanien », démarche territoriale d’innovation, vise ainsi à identifier les clés pour concevoir des logements appropriés qui satisfont aux besoins de chacun, tout en définissant les relations sociétales nécessaires pour vivre ensemble les diversités dans un espace océanien commun.

Les différents acteurs de la construction ont souligné l’importance de repenser l’habitat en fonction de la population calédonienne, adapté aux spécificités du territoire et en valorisant au maximum l’utilisation des matières premières locales et des matériaux biosourcés. Et s’il y a encore du chemin à parcourir en ce sens, Loïc Divet, de l’université Gustave-Eiffel, a néanmoins mis en lumière « l’incroyable inventivité et la créativité qui existent en Nouvelle-Calédonie ».

« La richesse des échanges » qui se sont tenus durant ces deux jours est selon Djamil Abdelaziz, directeur adjoint de la DAPM, « une force qui nous conduit vers l’avenir ».

Aurélien Lopes, de l’agence qualité construction (AQC) basée en métropole, a conclu la biennale en soulignant la vitalité du secteur et en insistant sur la nécessité de constituer des réseaux solides. « Il y a des expertises réalisées dans d’autres territoires, qui ne demandent qu’à être partagées avec vous. Renforcer les liens inter outre-mer et interprofession représente pour moi l’essence de la résilience ».

Une démarche qui pourrait être prolongée par la création d’une agence régionale de la qualité de construction, car comme l’a rappelé le membre du gouvernement Vaimu’a Muliava, « nous vivons les mêmes difficultés que nos voisins océaniens ».

 

Le concours « Imaginons l’habitat océanien de demain »

Pour apporter de l’eau au moulin de cette réflexion, le gouvernement a lancé le 25 avril, un concours d’idées afin d’imaginer l’habitat océanien de demain, consacré à la « conception de logements appropriés aux modes de vie océaniens en milieu urbain, périurbain-rural, sur terres coutumières, informel ».

Six projets ont été sélectionnés lors de la biennale, dont un porté par des étudiants du BTS Étude et réalisation d’agencement (ERA) du lycée Petro Attiti. Les jeunes lauréats ressortent de ces deux jours d’ateliers et de conférences « enrichis de connaissances » utiles à l’amélioration de leur concept de reformulation du bâti existant vers une dimension plus écologique.

Tous les projets seront présentés lors du symposium « Imaginons l’habitat océanien » qui se déroulera en septembre prochain. Conçu comme un espace d’échanges, il préfigure un laboratoire urbain autour de la définition d’un habitat solidaire et inclusif, qui prend sens dans un environnement océanien.

 

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