Un accord historique pour la décarbonation du secteur métallurgique

Un accord historique pour la décarbonation du secteur métallurgique

01 juin 2022

Environnement et énergie

Béatrice Pierre  de PRNC, Guillaume Verschaeve de la SLN, Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de la transition énergétique et des énergies renouvelables, Sonia Backès, présidente de la province Sud et Jean-Gabriel Faget d'Enercal.

Béatrice Pierre de PRNC, Guillaume Verschaeve de la SLN, Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de la transition énergétique et des énergies renouvelables, Sonia Backès, présidente de la province Sud et Jean-Gabriel Faget d'Enercal.

La Nouvelle-Calédonie a franchi un pas supplémentaire vers la transition énergétique en signant, mardi 24 mai, un accord-cadre avec la province Sud, la SLN, Prony Resources et Enercal. Cet acte confirme l’ambition du gouvernement de décarboner le mix énergétique calédonien, en particulier dans le secteur métallurgique.

Les ambitions de l’accord-cadre dépassent les objectifs du schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC), adopté en 2016 et actuellement en cours de révision. Pour Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de la transition énergétique et des énergies renouvelables, il représente un « vrai changement de paradigme ».

Son objectif est de faire basculer la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique calédonien, aujourd’hui de l’ordre de 20 % (contre 80 % d’énergies fossiles), à 70 % à l’horizon 2030. Il vise ainsi à « réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre dans la production de ferronickel tout en accédant à une énergie compétitive qui ne dépendra plus ou très peu des fluctuations de marché, du pétrole, du gaz, etc. Il va donc permettre de retrouver une compétitivité par rapport à nos concurrents qui aujourd’hui achètent leur électricité trois fois moins cher que nous », a précisé Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN.

 

Montée en puissance des énergies renouvelables

L’accord prévoit la mise en production de 1000 MWc supplémentaires d’énergies renouvelables sur une période de 10 ans, soit 100 MWc par an. Sur les 430 MWc d'installations photovoltaïques et éoliennes prévues entre 2023 et 2025, 310 MWc  soit plus de 70 %, disposent déjà d'une autorisation à ce jour.

Une première partie du projet a déjà été lancée avec une production de 40 MWc à Prony Resources, complétés par 120 MWc supplémentaires d'ici à 2026.

 

La trajectoire ambitieuse et « enthousiasmante » de cet accord-cadre, selon les mots de Jean-Gabriel Faget, directeur général d'Enercal,  est rendue possible grâce notamment à la mise en production de nouveaux moyens de stockage. Une station de transfert d’énergie par pompage (Step) et des batteries à grandes capacités seront ainsi installées et pilotées par Enercal. Afin de pallier l’intermittence des énergies renouvelables et d’optimiser la capacité de transport des lignes à haute tension, des unités électriques au gaz seront également mises en place.

Parmi les chantiers de transition, la SLN doit, en 2023, remplacer sa centrale B par une « centrale accostée temporaire » (CAT) au fioul  pour une durée maximale de 3 ans. Le métallurgiste sera ensuite raccordé au réseau global qui bénéficiera à terme, de l’énergie du barrage de Yaté

 

Un nickel vert plus compétitif

Tous les signataires de l’accord-cadre se félicitent de pouvoir travailler main dans la main vers l’objectif commun de la décarbonation du nickel calédonien.

L’industriel Koniambo Nickel pourrait lui aussi intégrer les dispositions de l’accord-cadre. Pour l’heure, « les premières discussions avancent bien », a indiqué Christopher Gygès.

Outre les enjeux environnementaux, c’est aussi la compétitivité du nickel calédonien sur l’échiquier international qui est concernée. 

Béatrice Pierre, directrice générale de Prony Resources, l’affirme : « notre nickel, basé sur une décarbonation, va être de plus en plus compétitif ». À l’échelle mondiale, les grands consommateurs sont de plus sensibles aux enjeux environnementaux. « Il y a un vrai marché pour le nickel vert », a ajouté Sonia Backès, présidente de la province Sud. De l’aveu de « Il y a une vraie attente d'avoir une production de nickel faite dans des conditions acceptables sur le plan énergétique, environnemental, humain... Nous allons, je pense, être précurseurs à l'échelle mondiale »

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